La RD Congo est actuellement secouée par des manifestations de rue à caractère politique. A la base?
La volonté de monsieur Joseph Kabila de se cramponner au pouvoir au-delà de décembre 2016. Pour se rendre utiles, ses lieutenants ont conçu le projet de loi électorale qui a dernièrement été soumis à l’assemblée nationale issue du hold-up électoral de 2011.
Cette assemblée a déjà adopté ce projet de loi dans lequel l’article 8 conditionne l’élection présidentielle au recensement. Or ce recensement pourrait prendre des années car, tributaire de la seule volonté de l’ONIP, office nationale de l’identification de la population. Cette office est dirigée par des inconditionnels de Joseph Kabila, qui lui obéissent au doigt et à l’œil.
Le sénat congolais qui faisait une deuxième lecture de cette loi pourrait élaguer l’article 8, source de toutes les suspicions.
Est-ce pour autant que la bataille pour des élections apaisées sera gagnée ?
Non.
L’article 135 de la constitution donne en définitive le dernier mot à l’assemblée nationale. Voici cet article :
Article 135
Tout projet ou toute proposition de loi est examiné successivement par les deux Chambres en vue de l’adoption d’un texte identique.
Lorsque, par suite d’un désaccord entre les deux Chambres, un projet ou une proposition de loi n’a pu être adopté après une lecture par chaque Chambre, une commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion est mise en place par les deux Bureaux.
Le texte élaboré par la Commission mixte paritaire est soumis pour adoption aux deux Chambres.
Si la Commission mixte paritaire ne parvient pas à l’adoption d’un texte unique ou si ce texte n’est pas approuvé dans les conditions prévues à l’alinéa précédent,
L’Assemblée nationale statue définitivement. En ce cas, l’Assemblée nationale peut reprendre soit le texte élaboré par la Commission mixte paritaire, soit le dernier texte voté par elle, modifié, le cas échéant, par un ou plusieurs des amendements adoptés par le Sénat. »
La phrase suivante est sans équivoque :
« L’Assemblée nationale peut reprendre… le dernier texte voté par elle, »
Monsieur Kengo et les sénateurs auront joué leur rôle, avec une certaine honnêteté de la part d’un certain nombre d’entre eux, mais cela ne suffira pas à endiguer la crise politique actuelle.
Le jusqu’auboutisme de monsieur Kabila, l’égoïsme, la cupidité, la prostitution intellectuelle des députés de la majorité, corrompus jusqu’à la moelle épinière et véritable caisse de résonance, la mauvaise foi des kabilistes à différents niveaux doivent pousser le peuple congolais à demeurer vigilants et à maintenir la pression : dans la rue, à travers les médias et diplomatiquement.
Les « honorables » députés du clan Kabila sont entrés dans l'histoire par la fenêtre: Ils n’ont pas hésité de passer en force et nuitamment cette loi, le jour de l’anniversaire de l’assassinat du Héros national Patrice Lumumba. Tout un message.
Bruxelles, le 23 janvier 2015
Cheik FITA