La course au pouvoir en RD Congo a commencé. Des Congolais vont concourir pour accéder à la magistrature suprême. Mais le peuple congolais devra plus que dans le passé, surveiller l'agenda caché de différents lobbys étrangers. Les premiers signaux sont-ils déjà perceptibles?
En décembre 2015 et janvier 2016 ont été posés les principaux jalons sur lesquels s'appuiera la vie politique de la RD Congo jusqu'aux élections de fin 2016.
1. En 2015, il y a eu la mise en place du «Front citoyen 2016» qui cherche à mobiliser tous les citoyens congolais:
- «Pour consolider la démocratie,»
- Pour faire prendre conscience au Peuple congolais, aux hommes et femmes de bonne volonté la nécessité de se mobiliser, de s’engager et d’agir dans l’esprit de l’article 64 qui dispose : « Tout congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution.»
Les principaux slogans ont déjà été rédigés; «Non à un 3ème mandat ... Non au glissement… Non à la violation de la Constitution… Non à la révision ou au changement de la Constitution… Non au référendum… L’Alternance doit avoir lieu en 2016 !»
Et comme cri de guerre: « CONGOLAIS TELEMA»
2. D'autres «fronts» se mettent également en place.
3. Le positionnement des deux principaux challengers qui s'étaient disputés la victoire de la présidentielle de 2011.
a) Le Président sortant Joseph Kabila d'abord. Lors de son tout dernier message de nouvel an en tant que Président, non seulement il n'a pas daigné remercier le Peuple congolais de l'avoir accepté et toléré à la tête du pays, mais plus grave, il a prononcé un discours dans lequel il se projetait dans le futur, alors que sa vie politique est plus dans le passé. Il se cramponne encore à une petite bouée de sauvetage: un hypothétique dialogue selon son entendement. Une véritable fuite en avant.
B) Monsieur Étienne Tshisekedi ensuite. Quelques jours après le message de Joseph Kabila, Étienne Tshisekedi s'est à son tour adressé à la Nation congolaise. Et dans sa communication, une petite phrase à l'intention des Congolais qui n'a pas été prononcée au hasard: «Bientôt je serai parmi vous pour que nous puissions lier nos efforts pour gagner.» C'est l'annonce indirecte d'une candidature à la présidentielle, mieux le début de la précampagne électorale. Le second acte de cette annonce, ce sera le jour où monsieur Tshisekedi foulera le sol congolais.
Ayant directement saisi le message, ses partisans ont déjà commencé à préparer l'accueil de leur leader. Le spectacle suivant se profile à l'horizon: des millions des kinois dans la rue, les services de police débordés, les barons du pouvoir discrets, coincés chacun chez lui, priant pour que la marrée humaine ne puisse déborder vers les sièges des institutions.
Ce signal de la volonté de Tshisekedi et l'UDPS d'accéder au pouvoir était tellement clair, que les ennemis de la RD Congo ont aussitôt mis en marche leur campagne anti-RD Congo:
- Pour eux, la plus grande information à tirer du message de Tshisekedi était: «L'opposant historique Étienne Tshisekedi apparaît fatigué dans une vidéo»
Comme si, à 83 ans, sortant d'une maladie, on ne pouvait pas être fatigué! L'AFP, a été la première à diffuser ce «scoop», relayée ensuite par la Voix de l'Amérique, la RTBF, la télévision francophone belge…
Ainsi, le combat pour le contrôle de la RD Congo de l'après Kabila a commencé… Comme en 1960 avec l'éviction puis l'assassinat de Lumumba l'année d'après, comme en 1965 avec l'imposition de Mobutu, comme en 2001 avec l'assassinat de Mzee Laurent Désiré Kabila avec le parachutage de Joseph Kabila, comme en 2006 lors de la présidentielle…
Ainsi, certains lobbys étrangers n'ont pas encore désarmé. Ils sont désespérément à la recherche d'un homme à eux à mettre à la tête de la RD Congo,.
55 ans après l'indépendance, les Congolais devraient faire leur, cet adage bien du pays: «Quand le petit d'une chèvre regarde la chèvre, il voit une mère. Quand le lion regarde la chèvre, il voit une proie.»
Bruxelles, le 11 janvier 2016
Cheik FITA