Le jeudi 3 mars 2016 de 20h00 à 20h30, à Kinshasa et en RD Congo retentiront cloches, sifflets, klaxons, cris… Sur demande de différentes forces politiques et sociales pour signifier au Président Joseph Kabila que son mandat prend fin le 19 décembre 2016.
Les jeunes, les adolescents et même les enfants seront les premiers à répondre à ce mot d'ordre. Pourquoi eux, alors qu'ils ne sont même pas électeurs?
Quand on visionne les images des dernières manifestations anti-Kabila, un constat s'impose, ceux qui descendent dans la rue, ce sont des jeunes et des adolescents qui ne peuvent résister à l'attraction du grondement de la rue. La rue, leur seul centre culturel.
Ces jeunes et ces adolescents vivent depuis leur naissance dans la misère la plus totale. Comme on le dit si bien à Kinshasa depuis des décennies : « Kolia pasi, kolata pasi, kelasi pasi, kisi pasi, esika ya kolala pasi... » Des jeunes et des adolescents qui aspirent à une vie moins cauchemardesque, et qui ne comprennent pas qu'au moment où eux tirent le diable par la queue, d'autres, une minorité, roulent avec arrogance dans des 4x4, jouent avec l'argent, dans un pays où, avec un peu de bonne volonté, tout le monde pouvait vivre à l'abri du besoin.
Comment convaincre ces jeunes et adolescents que les gens qui sont au pouvoir et qui n'ont rien donné aux parents et à eux-mêmes de quoi subsister, eh bien, ces gens là ne veulent pas partir du pouvoir, que leur « Autorité Morale » cherche à rester à la tête du pays alors que son mandat est fini, comme finit un match !
Crier, siffler sera pour eux un véritable exutoire. Déjà, ces jeunes et adolescents ont eu à s'exprimer en lançant un cri de rage et qui résume autant leur ras-le-bol que leur détermination à en découdre avec toute personne qui voudra les maintenir dans la misère, une misère proche du niveau de vie d'un animal si pas pire : « Yebela ! », cri qui ne laisse place à aucune négociation. Quoique rapidement récupéré par les politiciens pour les besoins de la cause !
Le régime de monsieur Joseph Kabila n'émettant toujours pas des signaux dans le sens d’abandonner le pouvoir, le mois de mars 2016 qui commence pourrait marquer le début d'un bras de fer irréversible qui ira inexorablement crescendo jusqu'au crash. Bras de fer entre la volonté de tout un peuple de tourner une page de son histoire, et la volonté d'un clan de se maintenir au pouvoir à n'importe quel prix, même celui de morts innocentes.
Oui, si ce bras de fer persiste, comme l'ont fait dans l'histoire de l'humanité d'autres régimes totalitaires agonisants, le pouvoir en place finira hélas par employer la force, la kalachnikov, contre des jeunes, des adolescents et des enfants, dans un combat pourtant perdu d'avance.
Bruxelles, le 29 février 2016
Cheik FITA
* « Kolia pasi, kolata pasi, kelasi pasi, kisi pasi, esika ya kolala pasi... »
Littéralement : « se procurer à manger est difficile, s'habiller est difficile, aller à l'école est difficile, trouver où dormir est difficile ... »