En ce milieu du mois d'avril 2016, des députés congolais croient avoir eu le coup de génie du siècle : Réussir le maintien de leur mentor à la tête de la RD Congo au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat.
Comment ?
Ils veulent obtenir de la cour constitutionnelle une lecture permettant à monsieur Joseph Kabila de rester à la tête de la RD Congo au-delà du 20 décembre 2016 !
Depuis des mois, Joseph Kabila n'a qu'une inquiétude : l'après-19 décembre 2016 !
Comment se maintenir au pouvoir au-delà de cette date sans enfreindre la constitution ?
À ce jour, toutes les tentatives du clan Kabila pour résoudre cette équation ont lamentablement échoué. Et le temps presse !
Et oui, à part dans les républiques bananières, il est généralement laborieux de se maintenir à la tête d'un pays n'importe comment !
Pour Joseph Kabila, voici comment il a pu rester à la tête du pays depuis bientôt quinze ans :
- En 2001, le pouvoir lui était tombé dessus et ce jusqu'en 2003.
- De 2003 à 2006, il avait tiré sa légitimité du dialogue inter-congolais de Sun City.
- De 2006 à 2011, puis de 2011 à 2016, la présence de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo était issue des urnes, quoique les deux processus électoraux furent chahutés.
Et maintenant ?
Aveuglés par l'appât du gain, sous-estimant le niveau de la grogne populaire face à toute manœuvre politicienne, les députés pro-Kabila veulent innover ! Ils veulent appliquer une drôle de formule pour imposer aux Congolais leur mentor au-delà des délais constitutionnels … Sans élections !
Veulent-ils inventer la roue ? Apparemment oui ! Courage et bonne chance alors.
Seulement, oublient-ils que pour un régime, organiser les élections dans les délais n'est pas facultatif, mais impératif, obligatoire ?
Perdent-ils de vue que ne pas organiser les élections c'est, de la part des gouvernants, soit de l' incompétence, soit de la mauvaise foi ? Dans les deux cas, il n'y a pas d'excuses. Dans les deux cas, le pouvoir doit démissionner. S'il ne démissionne pas de lui-même, il peut aisément se faire démettre.
Par qui et comment ?
Dès qu'il sera établi que le pouvoir ne peut ni ne veut organiser les élections dans les délais, le grondement du Peuple va commencer en s'intensifiant. Il n'y a pas meilleur déclic pour inciter le peuple à la révolte et à l'occupation de la rue.
Oui, l'acte que voudraient poser ces parlementaires pro-Kabila de chercher à obtenir une interprétation de la constitution par la cour constitutionnelle pour une éventuelle présence de Kabila à la tête de la RD Congo au-delà du 20 décembre 2016 n'est plus ni moins qu'un appel à la révolte et à la désobéissance civile.
Cet acte s'apparente à une volonté de confisquer le droit du peuple à se choisir à échéance régulière ses dirigeants.
Même le chien le plus idiot ne peut accepter qu'on lui marche sur la queue.
Après avoir méprisé le Peuple Souverain durant des années, les chantres du régime finissant de monsieur Kabila serait mal inspirés de s'entêter à polluer l'environnement politique congolais avec une démarche si nauséabonde : transformer un Chef d’État en Chef de Clan.
16 avril 2016
Cheik FITA
photo Maison Blanche, USA:GOV