En RD Congo, la CENI , Commission Électorale Nationale Indépendante sera-t-elle en mesure d'organiser les élections dans les délais constitutionnels ?
Selon la constitution congolaise, le 19 décembre 2016 marque la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo.
Le 20 décembre, il devra rendre le tablier.
Toujours selon la constitution congolaise, 90 jours avant la fin du mandat du Président, la CENI doit convoquer le corps électoral.
Pour rappel, voici comment s'était présenté le calendrier électoral de 2011 que la CENI avait rendu public le samedi 30 avril 2011 :
4 août 2011 : convocation du corps électoral
17 septembre 2011 : publication de la liste définitive des candidats aux législatives et à la présidentielle
6 septembre 2011 : publication de la liste électorale
28 octobre au 26 novembre : campagne électorale
28 novembre : élection présidentielle et élections législatives
20 décembre : prestation de serment du nouveau président élu
26 mars 2012 : élections provinciales
6 décembre 2012 : proclamation des sénateurs
4 août 2012 : investiture des gouverneurs
Le processus électoral se terminera le 8 juillet 2013 avec l'investiture des maires.
Par rapport à 2011, la CENI accuse un retard de 23 jours. Car à ce jour, le calendrier n'est toujours pas rendu public.
La non-tenue des élections dans les délais constitutionnels créera un vide du pouvoir à tous les niveaux, contrairement à ce que veulent faire croire les gesticulations du clan Kabila.
À ce jour, seuls les députés nationaux et le Président de la République ont encore pour quelques mois, une certaine légitimité, et avec eux le gouvernement. S'il n'y a pas élections dans les délais, le gouvernement tombera à la suite de l'absence d'un parlement ayant le mandat du peuple. Ce sera un vide total. Sachant que les sénateurs et les députés provinciaux ont déjà perdu leur légitimité depuis longtemps.
La nature ayant horreur du vide, tout pourra arriver. Ce n'est pas l'arrêt de la cour constitutionnelle qui conférera une quelconque légitimité populaire au Président sortant, condition sine qua non pour être considéré comme Président.
Sans mandat du peuple, il est hors de question de rester à la tête du pays, même pour une minute.
De son côté, le peuple n'a plus l'obligation d'obéir à un dirigeant qui n'a pas son mandat. Pire, le peuple lui désobéira, avec risque même de le chasser pour imposture.
En cette fin du mois de mai 2016, les partis politiques de l'opposition ainsi que la société civile sont en devoir de mobiliser tout le peuple congolais afin d'exercer une très forte pression sur la CENI pour que le calendrier électoral soit rapidement rendu public et éviter au pays un saut dans l'inconnu.
Bruxelles, le 23 mai 2016
Cheik FITA