inspiration de l'illustration: Christianin: http://crayonvengeur.skynetblogs.be/archive/2011/12/19/mon-pere-j-ai-peche.html
Avec le retour de Tshisekedi en RD Congo, le meeting du « Rassemblement », le blocage du « dialogue », la tension dans la population congolaise, le début de l'enrôlement des électeurs… Le « Commandant » qui tient encore la barre du bateau « RD Congo » peine de plus en plus à garder le cap. Le pouvoir s'envole progressivement.
C'est visible, la RD Congo entre dans la dernière ligne droite vers la fin irréversible de la présence de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo.
Nous remettons à la « une » cet article publié il y a deux ans jour pour pour jour. À l'époque, peu de gens y avaient prêté attention. Nous avons pensé qu'il n'était pas inutile de rediffuser cet article qui garde toute sa pertinence.
Bruxelles, le 26 juillet 2016
Cheik FITA
Deux ans avant les échéances électorales de 2016, les Etats-Unis d’Amérique ont pris position il y a peu, par rapport au président sortant quant à une éventuelle volonté de celui-ci de se cramponner au pouvoir via une modification de la constitution. Les dés sont déjà jetés.
Quel effet conscient ou subconscient cette donne a-t-elle engendré dans le clan « Kabila » ?
Quelques questions peuvent nous éclairer à ce propos.
Un.
Dans le clan, perçoivent-ils le virage au rouge de la plupart des paramètres du pouvoir ?
Oui.
Deux.
Sont-ils conscients que le règne de leur chef de file va inexorablement vers la fin ?
Oui car, c’est un secret de polichinelle. Et nul ne se fait d’illusions : le clan n’a pas assez de biceps pour défier Obama, par exemple.
Trois.
Comment alors expliquer le comportement actuel de certains, caractérisé par une agitation anormale, de basses flatteries, des gesticulations politiciennes, des déclarations à l’emporte-pièce, des danses du ventre et un excès de zèle au point de paraître plus royalistes que le roi ?
La réponse à cette question est fournie par la réponse à cette autre question: Si ces braves messieurs sont devenus kabilistes, était-ce plus pour servir ou plus pour se servir ?
Quatre.
Le naufrage étant inéluctable, pourquoi ne quittent-ils pas le bateau immédiatement ?
Un regard rétrospectif dans notre passé politique récent, donne un éclairage à cela :
En 1996, il y a dix huit ans, quand les Etats-Unis eurent la certitude de l’évolution irréversible de la maladie de Mobutu, ils s’activèrent pour préparer l’après-Mobutu. Mais craignant une résistance militaire du système, ils conçurent ce qui deviendra l’AFDL et qui ramassera ensuite le pouvoir à Kinshasa.
Des proches du clan Mobutu étaient également au courant. Les moins courageux (les plus prudents ?) quittèrent très tôt le bateau sur la pointe des pieds. Les cupides et les opportunistes se cramponnèrent au pouvoir jusque la veille de la chute du système. Leurs fortunes furent diverses.
Dans 26 mois maximum, ce sera le couperet final. Qu’est-ce qu’un opportuniste patenté ne peut-il pas amasser en autant de temps !
Avec l’actuelle gestion désarticulée de l’état Congolais, profitant des interrogations et inquiétudes du chef de clan sur son avenir politique, que de créneaux ne s’offrent-ils pas à tous ceux qui veulent s’en mettre plein les poches: mines, télécommunications, terres arables, forêt, taxes douanières, missions bidons à l’étranger, commissions sur différentes transactions, contrats léonins, détournement des fonds publics, surfacturations, projets tendancieux malicieusement ficelés et avalisés par la hiérarchie, trafics d’influence…
Comme en 1996-1997 lors du règne finissant de Mobutu, qu’aujourd’hui dans cette ligne droite vers l’après-Kabila, le comportement qui émerge dans le clan est celui-ci : pêcher son dernier gros poisson avant la fin du match : « Nzombo le soir ».
Bruxelles, le 26 juillet 2014.
Cheik FITA
Note :
Nzombo est un poisson d'eau douce en lingala
Le terme "nzombo le soir" vient des supporters kinois de l’AS Vita Club.
À une certaine époque, quand une équipe de football était opposée à Vita Club et que cette dernière était menée au marquoir, il était imprudent de chanter victoire avant le coup de sifflet final.
L’AS Vita parvenait souvent à renverser la vapeur et à marquer souvent le ou les buts de la victoire, quelques secondes avant la fin du match.
Chez le kinois, « nzombo le soir » désigne le gain qu’on amasse à quelques moments de la fin d’une partie, à la fin de la journée. Ici, la fin du régime.