Depuis trois ans, le monde politique congolais, plus spécialement la clique au pouvoir a rabattu les oreilles du peuple congolais avec des discours, des propos, des campagnes d'information sur une nécessité : la rencontre des Congolais, sous-entendu des politiciens congolais pour baliser quoi ? Le chemin vers ?
Trois ans après avoir ainsi tourné en rond, laRD Congo se retrouve la veille de la convocation obligatoire du peuple pour la présidentielle.
Selon la constitution congolaise, le 19 septembre 2016, le corps électoral doit être convoqué pour la présidentielle qui aura lieu 90 jours plus tard . Et le 20 décembre 2016, le Président sortant doit rendre son tablier. Cela ne se discute pas, cela ne se négocie pas.
Pour le peuple congolais, la période allant du 19 septembre au 20 décembre 2016 est bétonnée dans la constitution.
Mais qu'est-ce qui est imposé à la RD Congo avant cette période cruciale ? Des manœuvres politiciennes en n'en pas finir.
Ainsi, si la clique au pouvoir s'entête dans sa quête désespérée et irréfléchie de se maintenir au pouvoir. Si elle n'a pas un sursaut de bon sens de dernière minute, du 19 septembre au 20 décembre 2016, par sa bêtise, cette minorité plongera la RD Congo dans une zone de forte turbulence.
Durant cette période, la tension politique atteindra son paroxysme avec tous les risques d'explosion. C'est quasi inévitable. Pourquoi ?
Des cinq ans de son deuxième mandat, le Président Joseph Kabila et son clan politique en ont gaspillé au moins trois en des manœuvres politiciennes. Voici.
Le samedi 7 septembre 2013, Joseph Kabila ouvrait les travaux des concertations nationales. C'était moins de deux ans après le début deuxième mandat.
À cette occasion, monsieur Joseph Kabila avait dit ceci :
«C’est conscient de la gravité de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu et de la menace existentielle qui en découle pour l’ensemble de la nation mais aussi fort de mes prérogatives de chef de l’État garant du bon fonctionnement des institutions que j’ai décidé d’organiser les présentes concertations ».
Et plus loin il ajoutera :
« Les concertations nationales sont un cadre de travail apaisé, transparent et sans objectif caché, un cadre de réflexion objective hors de toute agitation et tout affairisme politique, une manifestation éloquente de notre capacité à discuter et à décider en toute liberté sans ingérence extérieure et dans le respect de la constitution, des lois et des institutions de la République ».
Où en sommes-nous ?
Le mardi 23 août 2016, Mr Edem Kodjo, facilitateur(!) de la crise congolaise a ouvert vaille que vaille les travaux préparatoires d'un hypothétique dialogue que le Président Kabila avait souhaité depuis bientôt un an, après avoir pris acte de l'échec des concertations nationales de 2013 !
Ces manœuvres politiciennes vont-elles dans le sens des attentes et des aspirations du peuple congolais ? Vérifions.
En ce dernier trimestre de 2016, qu'attend le peuple congolais ?
Le 19 septembre 2016, le peuple congolais attend d'être convoqué pour l'élection présidentielle.
Le peuple congolais attend la carte d'électeur, la publication des listes électorales dans les différents bureaux de vote.
Le peuple congolais attend voir la liste des candidats à la présidentielle . Le peuple congolais attend la campagne électorale.
Le peuple congolais attend de se rendre aux urnes le dimanche 28 novembre 2016.
Le peuple congolais attend le dépouillement, la proclamation et l'affichage des résultats dans chaque bureau de vote, le jour même du vote.
Le peuple congolais attend enfin que la CENI compile tous ces résultats venus de tous les bureaux de vote et proclame les résultats... Que le meilleur l'emporte.
Tout cela est dans la constitution, et la constitution, c'est le peuple congolais qui l'avait adopté. Seule la constitution engage le peuple congolais. Le reste n'est que verbiage et manœuvres politiciennes.
Le peuple congolais est-il dupe? Non. Il sait très bien que toutes ces manœuvres politiciennes qui ont commencé depuis trois ans n'ont qu'un seul but : permettre à Joseph Kabila d'être toujours Président de la RD Congo au-delà du 20 décembre 2016, au-delà de son dernier mandat.
Oui, pour le peuple congolais, le 20 décembre 2016, Joseph Kabila doit obligatoirement rendre son tablier.
Tout ce qui se fera dans le sens contraire aux attentes et aux aspirations du peuple congolais risque de provoquer la réaction du peuple.
Gare à cela.
Bruxelles, le 25 août 2016
Cheik FITA