Dernières nouvelles du dialogue congolais
Par Eric WEMBA, journaliste à Kinshasa
Le jeudi 15 décembre 2016, les travaux de la Commission «Gouvernance des Institutions » se sont terminés en queue de poisson.
La difficulté de définir le statut de Joseph Kabila après le 19 décembre 2016 est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Pour les délégués de la Majorité présidentielle, leur « Autorité
morale » reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu. A cet effet, ils se sont appuyés sur l’article 70 alinéa 2 de la Constitution pour soutenir leur position.
Les délégués du Rassemblement, en ce qui les concerne, continuent d’affirmer que Joseph Kabila doit quitter le pouvoir le 19 décembre 2016, date de la fin de son deuxième et dernier mandat.
Face à ces deux positions diamétralement opposées, qui risquent de compromettre les négociations directes entre signataires de l’Accord du 18 octobre 2016 et les non signataires, le staff de la CENCO (Conférence Épiscopale Nationale du Congo), qui assure les bons offi ces de ce mini-dialogue, ont résolu de faire le déplacement de la rue Pétunias, à Limete, pour faire le point de la situation avec le chef de file du Rassemblement, Étienne Tshisekedi, puis de Kingakati pour échanger avec le Chef de l’État, Joseph Kabila. On pense que les deux principaux acteurs de la crise congolaise pourraient peser de tout leur poids, chacun sur ses « troupes », pour faciliter la résolution des divergences majeures enregistrées au niveau de la commission « Gouvernance des institutions ».
S’agissant de la commission chargée de la « Décrispation politique », les lignes ont sérieusement bougé. Au terme d’un débat houleux, ses membres ont fini par adopter leur rapport final qu’ils ont du reste déposé auprès de la médiation. Ce texte devrait, en principe, être examiné et adopté par la plénière qui aura lieu, sauf imprévu, ce vendredi.
On retient que cette commission a levé l’option de la libération des prisonniers politiques et d’opinions et d’abandon des poursuites judiciaires contre les acteurs politiques et de la société civile, dont certains sont contraints à l’exil.
D’après nos sources, le Rassemblement a présenté la liste de « 7 figures emblématiques » qui doivent bénéficier urgemment de la grâce présidentielle. On cite notamment l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga,Moïse Katumbi, Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo, Moni Della, Floribert Anzuluni, etc.
Présent dans cette commission, le ministre de la Justice, Alexis
Thambwe Mwamba, a pris l’engagement de transmettre cette liste au Chef de l’Etat pour une éventuelle mesure de grâce.
Dans cette commission, on a également examiné les cas des médias suspendus, de dédoublement des partis politiques, de la liberté de manifestation et de l’environnement général par rapport aux droits de l’homme.
Dans la commission « Processus électoral », un compromis a été trouvé au sujet des séquences des élections.
Contrairement à l’Accord politique de la Cité de l’Union Africaine, qui avait opté pour la tenue des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, voire les locales le même jour, la commission a levé l’option de coupler les élections présidentielle et législatives nationales. Quant aux élections législatives provinciales, elles pourraient intervenir une semaine plus tard.
A en croire une source digne de foi, les délégués de la Majorité
présidentielle et du Rassemblement se sont mis d’accord pour que l’enrôlement des électeurs, puisse se terminer le 30 avril 2017 et non pas le 31 juillet comme prévu par la CENI. Là où il y a eu divergence de vue, au sujet du nettoyage du fichier électoral. Selon la Majorité présidentielle, cette opération devrait prendre trois mois, c’est-à-dire jusque juillet 2017. Tandis pour le Rassemblement, il y a un logiciel dénommé « Afis » capable de traiter les données de l’enrôlement en deux ou trois jours et de finaliser le nettoyage du fichier électoral.
A ce sujet, le président de la CENI est attendu ce vendredi au niveau de cette commission pour être de nouveau entendu et recevoir des instructions précises en rapport avec l’option politique à lever au sujet du nettoyage du fichier électoral. Le calendrier électoral devrait être réaménagé en fonction de la même option.
ERIC WEMBA