Le jeudi 9 février 2017, les Congolais de Belgique, des pays environnants et même d'outre-Atlantique, ont dit adieu à Étienne Tshisekedi à l'issue du culte religieux célébré à la basilique de Koekelberg de Bruxelles.
Après cette ultime cérémonie, le corps d’Étienne Tshisekedi, Président de l'UDPS, Président du conseil des sages du « Rassemblement » et Président du CNSA, devait prendre le chemin de la RD Congo pour l'inhumation.
Hélas, il n'en a pas été le cas, il n'en sera peut-être pas le cas, pour plusieurs jours encore.
Pourquoi ?
Huit jours après le décès de l'icône de la politique congolaise, le régime de Kinshasa est incapable de résoudre le problème de l'inhumation de l'illustre disparu par sa famille biologique, par sa famille politique et par les millions de Congolais qui se reconnaissent en l'idéal d’Étienne Tshisekedi.
Quelle est la cause de ce blocage ?
Le clan Kabila n'a jamais reconnu les qualités, la justesse de son combat et la popularité d’Étienne Tshisekedi alors qu'il était vivant.
Les fait rattrapent le tandem Kabila-Badibanga:
Vivant, Étienne Tshisekedi était un adversaire politique redoutable, mort, il est devenu une véritable bombe parce que:
- Le pays entier attend le retour du corps d' Étienne Tshisekedi pour un dernier accueil et un dernier hommage.
- Le pays entier attend des funérailles à la hauteur de l'illustre disparu,
- Le pays entier attend qu'avant l'inhumation d' Étienne Tshisekedi, sa dernière volonté soit exécutée c'est-à-dire :
Que le processus électoral puisse évoluer d'une façon claire, nette et irréversible, dans le sens fixé par l'illustre disparu alors qu'il était vivant, en d'autres mots, l'exécution de son testament politique.
Durant les derniers mois de sa vie, l'opposant jadis radical a fait plusieurs concessions, se mettant parfois en porte-à-faux avec sa base.
La dernière concession, c'était les accords de la Saint-Sylvestre sous l'égide de la CENCO, la Commission Épiscopale Nationale Congolaise.
Fidèle à sa vision politique de garder le pouvoir éternellement, le clan Kabila est lui dans la logique du détricotage des accords de la Saint-Sylvestre afin qu'après le 19 décembre 2016, soit comme avant le 19 décembre 2016 avec un Président de la République qui aurait entre les mains toutes les manettes du pouvoir. D'où ce comportement nauséabond des chantres du kabilisme de vouloir remettre en question leurs propres signatures, de vouloir rediscuter certains points de l'accord pour ne pas dire, de vouloir tout bonnement piétiner l'accord, comme certains membres du Clan Kabila tentent maladroitement de l'insinuer.
Le comble, c'est que si le clan Kabila veut rediscuter certains points de l'accord, Il devra ressusciter Étienne Tshisekedi !
Autant dire qu'ils doivent s'incliner, au risque de voir exploser entre leurs mains « la bombe » Tshisekedi.
Hors jusque là, le clan Kabila ne veut ni s'incliner, ni s'avouer vaincu. Autrement-dit, il veut affronter « la bombe » Tshisekedi.
Qu'est-ce, cette bombe?
Il s'agit de ces millions de personnes qui descendront spontanément dans la rue pour accueillir le corps de leur leader, le jour de son retour.
Y a-t-il à Kinshasa des avenues capables d'accueillir un flot humain de cette ampleur ?
Y a-t-il à Kinshasa suffisamment de policiers capables de contenir cette masse ?
Y a-t-il à Kinshasa des stratèges capables de gérer les états d'âme de ces millions d'anonymes lorsqu'adviendra une véritable hystérie collective ?
En ce moment, la sagesse ne recommande-t-elle pas au clan Kabila non seulement d'être à l'écoute de cette voix du peuple qui gronde ? Mais mieux , la sagesse ne recommande-t-elle pas de se plier à la volonté du peuple?
Cela aurait dû avoir lieu depuis des années.
Étienne Tshisekedi était ce lourd couvercle qui contenait la pression du peuple d'en découdre avec le régime en place.
À ce jour, les signaux émis par le Clan Kabila montrent une volonté apparemment maladive de mener un combat. Combat contre qui et contre quoi ? Contre la « bombe » Tshisekedi !
Combat du pouvoir pour le pouvoir, mais combat de bon sens ou combat désespéré ?
Bruxelles, le 10 février 2017
Cheik FITA