Dans un bref communiqué, la télévision nationale congolaise a annoncé au journal télévisé du lundi 13 mars 2017 à 20h00 que le mercredi 15 mars 2017, les « députés » et les « sénateurs » congolais se réuniront pour une session ordinaire.
Députés et sénateurs entre guillemets parce que selon la même constitution congolaise, le mandat du député ou du sénateur est de cinq ans. Et pour enfoncer le clou, l'article 110 ajoute « Le mandat de député national ou de sénateur prend fin par 1. expiration de la législature... ».
Nous ne parlerons que des députés, ayant déjà suffisamment dénoncé dans nos articles précédents,l'imposture du sénat de Kengo.
« Élus » en novembre 2011, ces députés avaient commencé leur législature de cinq ans en février 2012. Et février 2017, c'était l'expiration de la législature.
Expiration voulant dire qu'au delà, ce n'est plus valable. Le meilleur exemple pour comprendre le terme expiration est celui des médicaments ainsi que des nourritures en conserve qui sont automatiquement jetés à la poubelle.
Comment alors expliquer que ces beaux messieurs et ces gentilles dames, toute honte bue, vont néanmoins organiser une rentrée parlementaire ?
Ceux des légalistes parmi les parlementaires congolais s’accrochent au deuxième alinéa de l'article 103 qui dit : « Le mandat du député national commence à la validation des pouvoirs par l'Assemblée nationale et expire à l'installation de la nouvelle assemblée ».
La RD Congo se retrouvant dans une impasse politique le clan au pouvoir et l'opposition ont signé l'accord de la Saint Sylvestre qui permet aux assemblées électives de « glisser ».
Ainsi, c'est forts de cette légitimité que nos parlementaires prendront le chemin du Palais du Peuple le mercredi 15 mars 2017.
Mais pourquoi faire ?
Il serait curieux de suivre le discours d'ouverture que prononcera le Président de l'assemblée nationale désormais hors mandat, monsieur Aubain Minaku, un des dauphins du Président sortant Joseph Kabila.
Aura-t-il ou pas le courage d'affirmer que le mandat reçu du peuple en novembre 2011 a expiré ?
Aura-t-il ou pas le courage et l'honnêteté de se référer à l'Accord de la Saint Sylvestre ainsi que de ses conséquences ?
Ou tout heureux de leur prouesse d'avoir réussi à se maintenir au pouvoir, mobilisera-t-il ses troupes pour un haut fait d'armes plus extraordinaire encore, par exemple celui d'ouvrir un chantier législatif pour un référendum pouvant permettre à « l'autorité morale » de leur camp politique de se cramponner au pouvoir ad vitam æternam ?
Bruxelles, le 13 mars 2017
Cheik FITA