in journal le Phare de Kinshasa 31 août 2017
La CENI (Commission Eléctorale Nationale Indépendante) envisage d’introduire le vote électronique dans le système électoral congolais.
L’objectif visé serait de réduire sensiblement le délai de compilation des résultats et de rendre ceux-ci davantage fiables. Une démonstration en a été faite dernièrement devant Joseph Olenghankoy,
le très contesté président du Conseil National de Suivi de l’Accord du 31 décembre 2016 (CNSA).
Si l’on était dans un « Etat normal », sans précédents électoraux très sombres, on saluerait frénétiquement l’innovation.
Malheureusement, de la CEI de feu l’abbé Apollinaire Malumalu (2006) à la CENI du pasteur Daniel Ngoy Mulunda (2011), les fraudes électorales massives n’ont pas permis au peuple congolais de connaître la « vérité des urnes ». A en croire des experts en informatique, la fraude électorale est plus facile à réaliser avec la « machine à voter » qu’avec le bulletin papier.
S’agissant du vote à bulletin secret avec urne et isoloir par exemple, le parti ou le candidat désireux de tripatouiller les résultats soit se livrer à un exercice périlleux : bourrer les urnes avec des milliers et des millions de bulletins en sa faveur et faire disparaître ceux du parti ou de candidat adverse. Le risque, dans ce type de tricherie, est de laisser des traces, susceptibles d’être découvertes en cas de recomptage sérieux des voix.
Ici, la phase de « compilation » des bulletins de vote exige la participant d’une multitude d’acteurs, allant des membres du bureau de vote à ceux du bureau de dépouillement, en passant par des observateurs, des informaticiens, des agents de surveillance (militaires, policiers, civils), etc. Les gestionnaires du serveur doivent également être dans le coup. Mais en dépit de toutes les précautions que prennent les organisateurs des fraudes électorales sur papier, le « crime n’est jamais parfait ». Les Congolais en savent quelque chose, eux qui se trouvent plongés dans une grave impasse institutionnelle à cause des contentieux électoraux de 2011.
Selon les spécialistes en informatique toujours, le vote électronique ne laisse pas de trace. Le secret du vote est tenu par un petit cercle d’initiés qui peut comprendre le fabricant, l’informaticien chargé de concevoir le programme et de le modifier pour les besoins de la cause, la très haute hiérarchie d’une centrale électorale et le bénéficiaire des voix.
Pour le réaliser, il suffit de placer en amont, dans des puces électroniques destinées aux machines à voter, un programme en faveur du candidat ou du parti que les organisateurs d’une élection veulent
faire gagner pour flouer l’électorat et ses concurrents. Grâce à une série de touches innocentes sur le clavier, impossibles à détecter, à partir de l’isoloir même, un électeur peut donner autant de voix qu’il veut à un candidat ou à un parti, en l’espace d’une ou deux minutes.
Et dès qu’un vote ou plusieurs votes sont enregistrés, il est impossible de vérifier leur régularité, car le recomptage est exclu.
le lot des procédés anti-démocratiques par excellence. C’est le lieu de rappeler qu’à l’époque d’or de l’ex-URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques), Staline disait que le plus important était de savoir non pas « qui vote » mais « qui compte les voix ». Dans un environnement politique et social de la République Démocratique du Congo, où la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) se
conduit en appendice du pouvoir en place, et où l’audit du fichier électoral par les « experts » des partis politiques ou des candidats est impossible, le vote électronique serait l’idéal pour frauder sans
se faire surprendre. Par conséquent cette technologie, déjà objet de vives contestations dans des Etats de vieille démocratie, représentent un grand danger pour la vérité des urnes.
Kimp