On était habitué à le voir s'adresser à des publics d'étrangers, le Docteur Denis Mukwege s'est adressé en trois temps aux Congolais vivant à l'étranger, le dimanche 3 septembre 2017 à l'hôtel Marriott situé au 70, avenue des Champs-Élysées à Paris.
Une première fois durant quarante-cinq minutes devant les près de quatre cents personnes qui s'étaient déplacées pour Paris en provenance de plusieurs villes françaises, de Suisse, de Belgique, d'Allemagne et même de certains pays nordiques.
Une deuxième fois en aparté durant près d'une heure lors du cocktail. Là, Dr Mukwege a dû répondre à différentes sollicitations. Et une dernière fois durant quarante-cinq minutes, devant une vingtaine de journalistes, surtout congolais ainsi que le quasi-inséparable cinéaste belge Thierry Michel.
Si en s'adressant à l'auditoire, le Docteur Mukwege a dressé un tableau sombre du pays que les Congolais vont hériter de la gestion calamiteuse de Joseph Kabila, il a axé l'essentiel de sa communication sur le grand rôle que la diaspora joue actuellement, et doit jouer dans les mois à venir pour la mobilisation de la population en vue du respect de la constitution.
Il s'est pour cela référé à la diaspora de certains pays du monde qui ont joué un rôle déterminant dans le décollage de leurs pays, comme cela l'avait été de la Corée du Sud au début des années soixante.
Pour Dr Mukwege, les membres de la diaspora congolaise devraient davantage sensibiliser leurs frères et sœurs au pays afin de se mobiliser et contraindre Joseph Kabila à se soumettre aux prescrits de la constitution congolaise.
En passant, on pouvait relever le peu d'intérêt que Dr Mukwege accordait au fait que Joseph Kabila n'ait pas respecté l'Accord de la Saint-Sylvestre, le plus grave étant la violation de la constitution.
Lors du point de presse, les journalistes ont tout fait pour que le gynécologue congolais donne sa formule magique susceptible de faciliter l'avènement de cette transition que lui Mukwege pourrait diriger.
Sa réponse ?
Oui, il est disposé à diriger une transition qui pourrait mener la RD Congo vers les élections. Mais… Il faut une unité de vue de tous les Congolais sur l'objectif, et une dépersonnalisation du combat. Que ce soit ce que poursuit la dynamique du manifeste citoyen « Esili », ou que ce soit la démarche du « Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement ».
Plusieurs questions posées étaient dans le style des palabres souvent de bas étage entre Congolais dans les réseaux sociaux, mais Dr Mukwege ne s'est pas laissé entraîner sur cette voie, gardant toujours de la hauteur, et recourant parfois un langage très diplomatique.
Assez souvent, Dr Mukwege a été amené à illustrer ses propos par la multitude de drames et tragédies pathétiques qui jalonnent sa longue carrière de médecin des femmes violées par les hommes en arme.
Pour les prochains mois, le combat des Congolais en vue de l'alternance à la tête du pays devra prendre en compte l'engagement et la détermination de Dr Denis Mukwege.
Paris, le 3 septembre 2017
Cheik FITA