Il circule sous les manteaux et dans les réseaux sociaux la vidéo d'une femme qu'on viole publiquement après l'avoir promenée nue dans la cité.
Les faits se seraient passés à Luebo au Kasai.
La télévision France 24 a parlé de cette vidéo.
Il se fait qu'entre le moment des faits et la période où cette vidéo est devenue virale, beaucoup de temps s'est écoulé. La LiFeKa, Ligue des Femmes Kasayennes était la première à réagir à cela depuis Bruxelles. (voir vidéo et lien de l'article plus bas)
Les interprétations allant dans toutes les directions, la LiFeKa a trouvé opportun de publier une mise au point en forme de mémorandum afin de recadrer les choses.
Ce mémorandum mérite d'être lu et porté à la connaissance du public.
Nous vous le proposons ci-dessous.
Bruxelles, le 8 octobre 2017
Cheik FITA
Memorandum de la Ligue des Femmes Kasayennes de Belgique (LiFeKa)
Rappel des faits
Il y a un mois ( en septembre 2017) une vidéo, particulièrement interpellant de par la violence de son contenu, a circulé sur les réseaux sociaux. On y voyait une jeune femme, promenée nue à travers la cité de Luebo, au Kasayi central (RDC). Cette femme sera amenée sur la place du village et sera obligée de subir en public, l'acte sexuel avec un jeune homme apeuré, devant une foule hostile et déchaînée qui l'accuse de trahison à l'endroit des siens.
La LiFeKa a réagi directement le 4 septembre2017 par un point de presse, où elle condamnait avec fermeté cette barbarie et cette atteinte à la dignité humaine. (Voir vidéo plus bas, NDLR)
Après des semaines d'indifférence et de silence, les réseaux sociaux se sont brusquement réveillés et on assiste à des échanges variables et variés, à des amalgames, à des stigmatisations, à des raccourcies, voire même à des injures.
C'est pourquoi la Ligue des Femmes Kasayennes, dont le cheval de bataille est l'émancipation, la promotion et la libération de la femme a décidé de réagir !
La LiFeKa constate :
Que les faits se sont déroulés en plein jour, avec une forte mobilisation de la population chauffée à blanc.
Que le jeune homme ,obligé sous la menace et autres contraintes d'avoir des rapports
sexuelles avec la femme était apeuré et blessé.
Que les représentants des services de sécurité (ANR,DGM,DEMIAP)et de maintien de l'ordre (Police nationale et armée) dans la cité de Luebo semblent étrangement absents ou aphones alors qu'ils ont des réseaux d'information;
Que les responsables juridiques et les élus provinciaux supposés être proches de la population grâce au démembrement des provinces, sont jusqu'à ce jours muets et indifférents.
Que les ministres nationaux et députés nationaux demeurent aphones.
La LiFeKa se pose des questions :
Où étaient passés les responsables de l'ANR, de la DEMIAP et de la DGM(qui collectent les informations via leurs canaux de détection et surveillance pour la sécurité du pays)?
Où se trouvait le Maire de Luebo au moment des faits?
Que faisaient les commandants de la police et des forces militaires quand leur collègue a été malmenée en pleine journée par une foule déchainée?
Que faisaient les autorités judiciaires de la cité de Luebo (Président du tribunal, inspecteur judiciaire, procureur de la république) chargés de protéger de la société de faire respecter la loi et de poursuivre les auteurs des faits criminels?
Quid des autorités provinciales et nationales (gouverneur de la province du Kasai central, les ministres provinciaux et nationaux de l'intérieur, de la justice ,des droits humains et celui du genre, famille et enfant), étaient elles informées des faits?
Quelles mesures ont été prises pour que les populations et surtout les femmes et les enfants soient protégés ?
Eu égard à la gravité des faits et au risque de leur propagation sur le territoire national,
La LiFeKa exige :
Qu'une enquête soit diligentée à Luebo pour que toute la lumière soit faite sur ce qui s'est réellement passé ;
Que la responsabilité des présumés auteurs et instigateurs des faits soit établie et les véritables responsables sanctionnés à l'issu d'un procès équitable ;
Que la jeune femme soit identifiée (nom et pronom, âge, état civil, profession, enfants, adresse) ;
Que le jeune homme soit également identifié (nom, prénom, âge, état civil, profession, adresse
Que la femme et le jeune homme victimes de la scène de la violence soient retrouvé et entendus pour pouvoir faire la lumière sur les circonstances réelles de ce lynchage public..
Que leur sort soit connu.
Que la nature de liens unissant les deux victimes doivent clairement établis ;
Que les Autorités politiques, administratives et judiciaires soient interpellés(ministre de la justice, de l'intérieur, du genre et famille, le gouverneur de la province et les élus provinciaux) et a besoin poursuivis si leur responsabilité est établie, que ceux qui ont failli à leurs missions et obligations soient sanctionnés
Que la chaîne de responsabilité soit établie au niveau des représentants de l'Etat et que ceux qui ont failli soient sanctionnés !
La LiFeKa déplore :
Les amalgames et suppositions entretenues autour sur les réseaux sociaux autour de cette vidéo de violence
La stigmatisation des kasayiens qui sont taxés et présentés comme des barbares, des
personnes sans morale et aux coutumes rétrogrades,
La mauvaise interprétation de la scène diffusée et les confusions entretenues.En effet il n'est nullement question d'une scène de réparation selon la coutume kasayienne :mais il s'agirait plutôt d'une vindicte populaire à l'endroit d'une femme accusée d'avoir trahie les siens comme
cela ressort des dires d'un certain Kalamba sur la vidéo.
Enfin, le silence et l'indifférence du pouvoir de Kinshasa qui étonnent , interpellent et
provoquent beaucoup de questionnements sur le rôle exact du pouvoir dans ce qui s'est passé dans l'espace kasayien?
Au vu de ces confusions et interprétations qui risque de faire croire que c'est seulement au Kasai ou ces genres de barbaries et violences ont été commises,
La LiFeKa précise :
Les scène de barbarie ne sont pas l'apanage de seuls kasaiens :le peuple kasayien est un peuple pacifique.
La scène de la vidéo ne fait pas partie des us et coutumes des kasaien car il est pudique et spirituel et ne peut pas ainsi réparer une faute par une abomination.
Ce pendant le cas de violences sont légions en RDC et dans le monde en période trouble.
Les mayi-mayi et d'autres groupes rebelles à l'est de la RDC ont commis beaucoup d'actes de cruauté inhumaine sur les populations qu'ils étaient sensés protéger,les femmes et les enfants ont été violés et enterré vivants à Makobola;
Dans l'ancienne province du Kivu(nord,sud et Maniema) les femmes ont été violées sur la place du marché au su et vu de enfants ,époux et parents ;
A l’Équateur et dans l'Ituri, on a parlé des scènes de cannibalisme et d'anthropophagie,et des viols de la part des rebelles.
Au nord Katanga, Gédéon Kyungu se nourrissait de parties intimes des femmes,
Au bas Kongo, la secte Bundu dia Kongo avait aussi perpétré des atrocités et on encore en mémoire les méfaits de jeunesses Mulelistes sur les religieux et religieuses.
En France, Louis XVI et Marie Antoinette ont été décapités devant une foule en délire !
Et e Jeanne d'Arc, Anuarité et Simon-Pierre n’ont-ils pas été publiquement suppliciés ?
Les printemps arabe ont également connu leur lots de supplices des traitres !
Et enfin en Afrique du Sud au moment de l'apartheid, comment étaient traités les noirs soupçonnés de trahison à la cause noire ?
En conclusion
La LiFeKa réaffirme son combat pour la justice, et pour la promotion et la dignité de la femme kasaienne.
La LiFeKa dénonce avec fermeté toute forme d'avilissement et de violence envers ces
dernières.
Quoique cette femme ait fait, elle ne méritait pas ce traitement inhumain.
La LiFeKa demande que justice soit faite de façon équitable et transparente.
Que la chaîne des responsabilités soit établie et les responsables jugés et punis.
Pour la LiFeKa
Mukendy Jeanine
Présidente
LiFeKa asbl
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