Lors d'une conférence de presse à Bruxelles le mardi 5 décembre 2017, Mike Mukebayi du journal en ligne C News a donné sa lecture de la situation politique en RD Congo, à moins d'un mois de la fin de la petite transition issue de l'Accord de la Saint Sylvestre.
Tout y est passé.
Fallait-il négocier avec le clan Kabila fin 2016 ?
Oui. La pression internationale était telle, qu'il n'y avait pas d'autre alternative.
Que dit la constitution ?
La constitution dit que la CENI devait organiser la présidentielle en 2016.
Cela n'a pas été fait.
Qu'est-ce qui prime, la constitution ou l'Accord ?
Joseph Kabila en principe garant de la constitution a foulé la constitution aux pieds et causé la crise. Il est la cause de la crise.
En période de crise, solution de crise.
L'Accord devait être la solution à la crise.
L'Accord de la Saint-Sylvestre a-t-il été appliqué ?
Non. Au lendemain de la signature de l'Accord, Kabila et son clan feront preuve de très mauvaise foi, alors que l'opposition avait signé de bonne foi. Joseph Kabila nommera un transfuge de l'UDPS à la primature, il débauchera un autre opposant pour le placer à la tête de la CNSA, Commission Nationale de Suivi de l'Accord.
Pourquoi ces débauchages ?
C'est l'impunité qui favorise cela. Tous ceux qui traversent la rivière vont se servir dans la caisse de l'état. Bruno Tshibala, ses ministres… Et on les voit acheter des immeubles, construire des maisons… L'opinion trouve cela normal.
Les évêques ont-ils failli ?
Les évêques restent des évêques, ils ne sont pas des politiciens.
Comment s'en sortir ?
Si le malheur fait que monsieur Joseph Kabila se cramponne encore au pouvoir après le 31 décembre 2017, les forces du changement doivent occuper la rue jusqu'à parvenir à éradiquer le système Kabila.
Il faut mettre dans la rue non pas 1000 mais 500.000 personnes au moins et parvenir à renverser le rapport de force.
Quid du leadership de l'opposition ?
Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi et Sindika Dokolo doivent envoyer des signaux très clairs et très forts d'unité.
Opposition, mouvements citoyens, société civile, même langage ?
De la cacophonie assez souvent.
Quand c'est « Filimbi » qui initie une action « La Lucha » fait la fine bouche et vice-versa.
Quand la société civile lance le manifeste du citoyen congolais « ESILI », c'est en traînant les pieds que les politiques adhèrent.
Crier à Kinshasa « le pays est sous occupation » ?
Est-ce en le faisant que subitement il y aura changement ? Les réalités du combat pour la démocratie à Kinshasa sont tout à fait différentes qu'à l'extérieur.
Le pouvoir est-il parvenu à faire retourner à son alter ego Daniel Safu la veste ?
Les images diffusées de la libération de Daniel Safu étaient interpelantes. Mais la meilleure réponse sera donnée une fois de retour à Kinshasa.
Participer aux élections versus Corneille Nangaa ?
Nangaa est là pour installer la tricherie en faveur du clan Kabila. Les forces du changement doivent éviter de se retrouver dans la situation de 2011 à se lamenter : « On nous a volé l victoire ».
Les médias de Kinshasa sont-ils libres ?
Des médias ont réussi à sauvegarder la liberté chèrement acquise au lendemain de la CNS, la Conférence Nationale Souveraine. Mais hélas actuellement dans la plupart des médias, c'est celui qui finance qui fixe la ligne éditoriale.
Comment s'en sortir ?
Avec plus d'unité, plus d'amour entre Congolais et une mobilisation toujours plus grande.
Le public venu écouter Mike Mukebayi a suivi presque religieusement son exposé ainsi que ses différentes réponses.
On sentait une véritable inquiétude par rapport aux jours à venir, face un régime dont la dérive totalitaire est patente.
Mike Mukebayi est signataire du Manifeste du Citoyen Congolais "Esili". Il est l'une de gueules qui donnent le cauchemar aux kabilistes chaque fois qu'il passe dans les médias.
Bruxelles, le 6 décembre 2017
Cheik FITA