Lundi 4 décembre 2017 en soirée, 287 députés congolais de la législature 2011-2016 ont adopté une loi électorale dans laquelle plusieurs innovations étaient discutables :
- Le seuil de représentativité au niveau national des candidats députés,
- La caution à payer pour être candidat,
- L'introduction de la machine à voter (dans un pays où plus de 50 % d'électeurs n'ont jamais touché une simple ampoule!)
Selon des informations digne de foi, si ces députés hors-mandat électif ont franchi ce pas, c'est parce qu'il leur avait été promis 2.500 dollars à chacun pour que ce vote passe.
Selon les « mauvaises » langues, ils n'en auraient reçu que 1.500.
Et la loi a été donc votée, et sera bien sûr promulguée par monsieur Joseph Kabila, le Président sortant, dont les intérêts dans ce semblant de loi sont réels.
Comment des députés en sont-ils arrivés à baisser la culotte si bas et quelles seront les conséquences de cet acte ?
Depuis que le clan Kabila a réussi à se maintenir au pouvoir au-delà du 19 décembre 2016, et surtout à saborder l'accord de la Saint-Sylvestre, ce clan pense que tout lui est permis. Surtout qu'il dispose de l'armée, de la police et des services secrets pour mater toute action de l'opposition.
Ajouter à cela le fait que plusieurs instances internationales ont accepté que les élections aient lieu fin 2018 et que Joseph Kabila reste au pouvoir jusque janvier 2019.
Kabila et ses ouailles se mettent désormais à rêver non seulement de pouvoir régenter la marche du pays pour les nouvelles années, mais surtout à se maintenir plus longtemps encore au pouvoir par de véritables actes de banditisme d'état.
Le clan Kabila ne se comporte ainsi que parce qu'il s'est rendu compte qu'il n'y a aucune sanction face à toutes leurs forfaitures :
- Non respect de la constituton ? Pas de sanction.
- Non respect de l'accord de la Saint-Sylvestre ? Pas de sanction.
- Glissement après le 31 décembre 2016 ? Pas de sanction.
- Probable glissement après le 31 décembre 2017 ? Pas de sanction.
- Interdiction des manifestations de l'opposition ? Pas de sanction.
- Bastonnade des opposants ? Pas de sanction.
- Embastillement des opposants ? Pas de sanction.
- Tueries de la population au Kasai, à Beni et dans le grand Kivu ? Pas de sanction.
- Et cerise sur le gâteau : vote au parlement d'une loi inique ? Sanction positive pour les « députés », 1500 dollars de bénéfice!
L'appétit venant en mangeant, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?
Comme slogan donc : « Wumelaaaa ! », et la boucle est bouclée.
Comment s'en sortir ?
Seule la sanction peut arrêter la dérive dictatoriale actuelle.
La première sanction qui devrait être envisagée, serait de planifier la poursuite un jour des 287 députés qui, à cause d'une enveloppe de 1.500 dollars, ont décidé de plonger le pays dans une crise dont personne ne peut prévoir l'ampleur.
Ainsi, il importe de dresser la liste de tous ces délinquants politiques qui ont voté cette loi inique, de rendre publics leurs noms, et le jour où le régime de Joseph Kabila tombera, que ces « honorables » soient jetés en prison. Dès aujourd’hui, il doivent savoir qu'une fois Joseph Kabila parti, leur place sera la prison et la privation du droit d'être éligible.
Pour que cette sanction soit appliquée, les question suivantes se posent :
1. Joseph Kabila partira-t-il un jour du pouvoir ? La réponse est oui.
2. Quand le départ de Joseph Kabila aura-t-il lieu ? Voici la réponse :
- à partir du 1er janvier 2018, Joseph Kabila ne sera plus ni légal, ni légitime. Toutes les ordonnances qu'il pourrait signer ne seront que des chiffons, aucun Congolais n'étant plus obligé de se soumettre à son pouvoir.
- La frustration générale des Congolais, l'impopularité criante du « Raïs », la grogne sociale et politique conséquentes de cette illégitimité continueront à fragiliser chaque jour d'avantage le peu de pouvoir de Joseph Kabila.
- Les différents dossiers judiciaires qui seront progressivement rendus publics contre Joseph Kabila et son système les affaibliront chaque jour d'avantage. Le dossier des tueries de fin-décembre 2016 vient d'être rendu public. Ceux des crimes contre l'humanité dans le Grand Kasai suivront sûrement.
En d'autres termes, le régime de Joseph Kabila va inexorablement plus vers la fin que vers un hypothétique rebondissement.
Aveuglés par l'appât du gain, les 287 députés qui ont voté la loi électorale ont une lecture très courte de l'évolution politique de la RD Congo. Très bientôt, ils seront rattrapés par leur turpitude. Ils sont déjà « wanted », ils le resteront jusqu'au moment où ils seront appréhendés puis jetés en prison.
Bruxelles, le 5 décembre 2017
Cheik FITA