Des opposants à Joseph Kabila se préparent à désigner un de leurs pairs comme candidat commun à la présidentielle congolaise depuis Genève.
Qui choisiront-ils ? Selon quels critères ? Pour quels objectifs ?
La première chose que le « conclave de Genève » doit éviter c’est de poser des faux problèmes.
Parmi les faux problèmes il y a :
- La discussion sur le projet du futur gouvernement. Ce serait vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Les opposants devraient plutôt insérer dans leur déclaration une phrase du genre : « Une fois le candidat élu et installé, il convoquera un mini-congrès pour définir les grandes lignes de la politique gouvernementale à présenter à l’assemblée nationale » :
- La convocation des élections anticipées pour que tous ceux que le régime Kabila avait exclu de la présidentielle de 2018, aient la possibilité de se présenter. Cette idée ne serait profitable qu’à ceux des candidats que le régime Kabila avait recalé. Que gagnerait le peuple et le pays ? La RD Congo se retrouverait dans une période électorale alors que la présidentielle de 2018 a été organisée avec deux ans de retard. Et le mandat ainsi écourté serait-il considéré comme un premier mandat ou pas ? Les opposants devraient plutôt mettre dans leur déclaration cette phrase : « Une fois installé, le Président élu devra initier une révision constitutionnelle afin que l’élection présidentielle redevienne à deux tours ».
- Il n’est pas exclu que les participants au conclave de Génève soient tentés de se partager déjà le gâteau à savoir : Présidence du sénat, de l’assemblée nationale, primature… Ce serait une insulte au souverain primaire. Ce genre de partage ne peut se faire qu’à l’issue des élections, au prorata du poids politique issu des urnes.
Parmi les vrais problèmes que les participants du conclave de Genève doivent aborder il y en a au moins deux :
En tout premier lieu, la problématique de l’observation des élections. Pourquoi ?
« Machine à voter » par-ci, fichiers corrompus par là, cour constitutionnelle remaniée à dessin…
Le clan Kabila a planté le décor d’un véritable hold-up électoral.
Le conclave des opposants à Genève doit en priorité trancher ce problème.
L’organisation des élections aurait été transparente, Joseph Kabila n’aurait pas émis des signaux attestant qu’il voudrait rester maître du jeu électoral, même avec une présidentielle à un tour, le dauphin du Président sortant ne pourrait jamais être élu.
Car être élu signifierait obtenir le plus de voix dans les urnes.
Or, le dauphin de Joseph Kabila est desservi par un point majeur :
Contrairement aux candidats de l’opposition qui peuvent présenter des projets, lui doit assumer le lourd passif de son mentor. (voir notre article : RD Congo: les menteurs, tricheurs, voleurs, pilleurs, criminels… à 55 jours du vote sanction)
Le deuxième problème est celui de la mobilisation de l’électorat pour réaliser un véritable raz de marée.
Face au candidat d’un régime impopulaire et décrié, le conclave de Genève doit se fixer comme objectif d’obtenir au 80% de votes pour son candidat commun. Ce qui rendra quasi impossible le traficotage des chiffres sortis des urnes.
En quelques mots comme en mille, le communiqué final du conclave de Genève devra booster le candidat commun, et non le plomber.
Bruxelles, le 8 novembre 2018
Cheik FITA