Sauf imprévu, le dimanche 30 décembre 2018, les Congolais iront (enfin) aux urnes pour se choisir un Président de la République et des parlementaires.
Ce scrutin sera-t-il transparent ?
Y a-t-il risque de dérapage ?
Le personnel et le matériel de la CENI seront-ils en sécurité ?
De la transparence du scrutin.
Le Président de la CENI aura beau parler, il est parmi les personnes en qui les Congolais ont le moins confiance en ce moment pour plusieurs raisons dont celles-ci :
- Son accession à la présidence de la CENI n’a jamais été le fruit d’un vrai consensus de la société civile dont il se réclame membre,
- Sa mission était d’organiser les élections dans les délais constitutionnels, deux ans après, ce n’est toujours pas le cas,
- Il a organisé des pseudo élections provinciales et a installé et des parlements provinciaux illégitimes, et des gouverneurs tout aussi illégitimes,
- Il s’est battu bec et ongles pour imposer la « machine à voter », innocemment ?
- …
En ce moment, le Président de la CENI n’est pas gage de transparence pour le scrutin du 30 décembre 2018.
Risque de dérapage
Le climat politique avant le scrutin du 30 est très tendu. La méfiance du peuple est telle qu’au moindre dérapage, il peut y avoir explosion, dans n’importe quel coin de la république. La CENI et le régime sortant auront-ils suffisamment de sagesse pour ne pas envenimer les choses ? Des vidéos et photos (vraies ou fausses) circulent montrant des vastes actions pré-électorales et remplissage de bulletins de vote. Et si le jour des élections un simple bruit de bourrage des urnes circulait, qu’arriverait-il ?
Sécurité du personnel et du matériel de la CENI
La CENI, ce n'est pas seulement son Président, c'est aussi le matériel de la CENI a été acheté avec l’argent du contribuable congolais. Il appartient au peuple congolais. En tant que bien commun, il doit être protégé. Le climat pré-électoral est-il en faveur de cette protection ? Mais la CENI, c'est aussi et surtout son personnel, des milliers d'anonymes qui oeuvrent pour la centrale électorale.
Le plus risqué,, c’est la sécurité de ce personnel de la CENI.
« Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit ».
Joseph Kabila le Président sortant a décidé si pas juré de mener ce processus dans son intérêt, pour que son dauphin l’emporte. Et ce combat, il le mène contre tout le peuple congolais.
Le jour du scrutin, il y aura dans chaque bureau de vote quelques agents de la CENI, avec deux policiers devant, et six cents électeurs.
En cas d’incident, ces agents qui sont juste des parents travaillant pour nourrir leurs familles, ne doivent-ils pas être protégés ?
Le sont-ils?
Ne risquent-ils pas d'être le défouloir innocent des frustrations?
Il est impérieux de dissocier ces innocents du personnel politisé de la CENI.
Dans les circonstances actuelles, compte tenu de la grande méfiance du peuple congolais vis-à-vis de la CENI, le Président de la CENI est en devoir de faire une déclaration solennelle pour la sécurité des agents de la CENI et pour le matériel.
Nous suggérons ceci:
- Le Président de la CENI doit déclarer qu’à l’issue du scrutin, les Présidents des bureaux de vote doivent procéder directement au dépouillement, à la proclamation et à l’affichage des résultats,
- Le Président de la CENI doit affirmer sans ambages qu’il n’y aura pas de transmission par Internet entre les bureaux et la CENI et la centrale.
Cette déclaration est impérative pour la sécurité de tous les agents de la CENI.
Bruxelles, le 26 décembre 2018
Cheik FITA