Sauf changement de dernière minute, le samedi 19 janvier 2019, la Cour Constitutionnelle congolaise proclamera le gagnant de la présidentielle congolaise du 30 décembre 2018.
Quel que soit le “gagnant”, la RD Congo sera divisée en deux, et peut-être pour longtemps si les Congolais n’y prennent garde.
La raison? La vérité des urnes sera mise à mal, au vu de l’organisation chaotique de ces élections.
Les Congolais auraient-ils pu éviter ce chaos?
Oui, s’ils avaient tiré les leçons du hold-up électoral de 2011. Cette année-là, feu Étienne Tshisekedi avait gagné la présidentielle mais aucune précaution n’avait été prise pour que la victoire ne lui soit pas volée.
Tirant les leçons de cette amère expérience, en 2015 à Bruxelles, une plate-forme dénommée : Antenne Monde de la Société Civile de la RD Congo, AMSC-RDC en sigle, avait été mise en place.
L'AMSC-RDC s’était donnée entre autres comme mission en cas d’élections, d “Accéder à des résultats fiables électoraux, et même avant la CENI”, la Commission Électorale Nationale Indépendante.
L'AMSC-RDC avait ainsi conçu en juin 2018 une application qui pouvait faciliter la collecte des résultats sortis des urnes bureau par bureau, de les compiler et de les diffuser.
Cette application était la seule parade possible contre la “machine à voter”. Restait le financement.
L'AMSC-RDC avait ensuite écrit à tous les principaux candidats à la présidentielle, tant ceux qui avaient étaient invalidés par la Cour Constitutionnelle que ceux qui étaient restés dans la course.
Parallèlement à cela en octobre, l'AMSC-RDC avait lancé à partir de Bruxelles une opération dénommée “Tous électeurs? Tous observateurs”. Chaque samedi, un sit-in était organisé à la place Lumumba de Bruxelles.
Quelle fut la réaction à ces initiatives?
Non seulement les candidats à la présidentielle n’avaient pas daigné répondre à l’appel de cette plate-forme de la société civile, mais même dans la diaspora congolaise, c’est à peine si vingt personnes se déplaçaient pour le sit-in. Et souvent il y eut plus de policiers pour sécuriser la manifestation que des manifestants.
Pire, dans les réseaux sociaux, des vidéos étaient diffusées pour diaboliser le sit-in.
Et maintenant?
Les élections ont bien eu lieu, l’opposition n’a pas réussi à collecter les données sorties des urnes (chiffres et PV) dans chacun des 75.000 bureaux de votes!
Face à la Cour Constitutionnelle et à la CENI, quelle aurait dû être l’attitude de l’opposition? Exhiber ses données.
L'a-t-elle pu?
Non.
Et soudain, l’opposition crie au “hold-up” électoral et un mot d’ordre est lancé: “La vérité des urnes!”... Comme en 2011!
L'application de l’AMSC-RDC aurait été financée, on n’en serait pas là.
À l’avenir, les partis politiques ne devraient-ils pas être plus attentifs aux actions de la société civile et de la diaspora, au lieu de ne recourir à elles que quand la baraque est en feu?
Bruxelles, le 19 janvier 2019
Cheik FITA