Arrivé à la tête de la RD Congo le 24 janvier 2019 en succédant à Joseph Kabila, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo vient de totaliser 100 jours en tant que Président de la République.
Six mois avant les élections congolaises, peu de gens étaient convaincus qu'il y aurait des élections fin 2018.
Ils étaient moins nombreux encore, ceux qui pensaient que Joseph Kabila quitterait la présidence à l'issue des élections. Le changement à la tête du pays a bel et bien eu lieu.
Cent jours après, quel bilan ? Quel avenir ?
Durant les premiers cent jours de Félix Tshisekedi à la tête de la RD Congo, les Congolais ont été contraints de s'habituer à voir une autre figure à la tête du pays.
Durant ses cent premiers jours au pouvoir, Félix Tshisekedi devait gérer la crise post-électorale. Cela se résorbe peu à peu.
Parmi les effets pervers de la campagne électorale très agressive, il y a eu le regain perceptible du tribalisme dans la société congolaise. Une véritable plaie toujours béante.
Comment résoudre cela ?
Le nouveau pouvoir devra remonter aux origines du mal. Comment le tribalisme s'est-il invité dans la vie politique congolaise ? Quel a été l'élément déclencheur ? Comment cela a-t-il été entretenu ? Quelles en ont été ou en sont encore les petites mains ? Une réponse courageuse et sans passion à ces questions facilitera la résorption de la crise.
Si le regain tribal persiste, ce sera un danger réel pour le pays avec le risque de balkanisation. Cela ne dépend que des Congolais. Ils ont le choix entre continuer à se vilipender, s'insulter, se diaboliser, ou prendre conscience qu'ils sont une Nation, qu'il existe dans une nation des lignes rouges à ne pas franchir sous peine de désintégration.
Si la RD Congo devrait se désintégrer à cause de l’inconscience et de l'irresponsabilité de ses fils, ce ne sera pas la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'une nation se désintègre et que ses morceaux soient récupérés par d'autres pays.
La RD Congo a très peu d'amis. Bien de pays et des groupes d'intérêts étrangers se frotteraient les mains en voyant l'état congolais voler en éclats ou du moins être incapable de décoller.
Les cent jours de Félix Tshisekedi à la tête du pays ont été également caractérisés par un constat : l'omniprésence des kabilistes à la tête de pratiquement toutes les institutions politiques du pays, malgré l'éviction de Joseph Kabila de la présidence.
Bientôt sera mis en place un nouveau gouvernement à majorité kabiliste. Majorité parlementaire oblige.
Il ne sert à rien de pleurnicher face à cet état de fait. Voici les vraies questions auxquelles il faut répondre :
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Dans la configuration politique actuelle, que faire pour sauver la Nation et œuvrer pour le bien du plus grand nombre ?
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Les kabilistes ayant la réputation d'être des mauvais gestionnaires, des corrompus, etc. Comment les contraindre à moins de délinquance ou pas de délinquance du tout ?
Après cent jours, Félix Tshisekedi a eu le temps de prendre la mesure du boulot qui l'attend en tant que Président de la RD Congo. Cela implique plusieurs choses : Issu d'un parti qui prône la démocratie et le progrès social , il sera désormais jugé sur au moins ces deux tableaux. Plus concrètement, voici les points où le peuple attend le nouveau locataire du Palais de la Nation :
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Création de millions d'emplois,
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Construction de plusieurs milliers de kilomètres de routes, d'écoles , d'hôpitaux,
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Sécurité des biens et des personnes,
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Accès pour le plus grand nombre à l'alimentation, à l'eau potable, à l'énergie électrique,
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Transparence dans la gestion de la chose publique, la fin de l' impunité...
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Tenu par l'obligation de résultats palpables, Félix Tshisekedi devra s'assurer du professionnalisme et de l'efficacité de tous ses collaborateurs et se débarrasser sans état d'âme des bois morts. Dans l'engouement de la victoire, il aura peut-être été tenté de « remercier » quelques fidèles en les plaçant à certains postes, seul le mérite et l'efficacité doivent désormais primer.
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« Le gouvernement gouverne, l'opposition s'oppose ». Le Président Tshisekedi ne devra pas s'attendre à des cadeaux. Le jeu démocratique est ainsi fait.
Dans cinq ans, le Président Tshisekedi sera jugé sur ses résultats, et l'opposition brandira le bilan du pouvoir sortant afin de se présenter comme l'alternance.
Oui, l'état de grâce vient de prendre fin.
Bruxelles, le 5 mai 2019
Cheik FITA