Par Cheik FITA
Bruxelles, le 24 février 2020

« Enjeux et défis du nouveau départ et de la consolidation du Congo. », tel était le thème central sur lequel ont planché les participants au colloque de la CCE, organisé à Bruxelles du 22 au 23 février 2020.
Comme lors des précédentes assemblées de la CCE, Convention des Congolais de l’Etranger, les participants sont venus de plusieurs pays d’Europe.
Ce thème a été choisi suite au changement qu’il y a eu à la tête de la RD Congo en janvier 2019 à l’issue de la présidentielle, élection qui a laissé des traces dans le vivre ensemble des Congolais de la diaspora. Durant longtemps tous unis sous le slogan « Kabila dégage », c’est durant les dernières semaines de la campagne électorale que les Congolais de l’Etranger se sont scindés en deux camps rivaux et même presque ennemis: l’un derrière la plate-forme LAMUKA , et l’autre derrière CACH, oubliant superbement l’ennemi d’hier qu’était Joseph Kabila.
Un an après, les esprits se sont suffisamment calmés pour réfléchir sur l’avenir du pays. Quel devrait être la position de la CCE ?
Dans les discours d’introduction prononcés par le Vice-Président Ferdinand Ilunga et sa Présidente Sévérine Mbuyi, un rappel a été donné :
- la CCE est une organisation de la société civile qui n’est à la remorque d’aucun camp politique,
- Le colloque était ouvert à toutes les opinions car c’est « du choc des idées que jaillit la lumière ».
Les orateurs de Kinshasa n’avaient pu faire le déplacement de Bruxelles faute d’obtention de visa dans les délais.
C’est ainsi que le Professeur Mbata est intervenu durant une vingtaine de minutes par téléphone depuis Kinshasa, le son ayant été suffisamment bien amplifié dans la salle.
Et de son intervention deux points ont fait polémique :
- Le fait d’affirmer qu’en RD Congo, il n’y avait plus que deux camps, celui de l’inanition de la Nation et celui du peuple,
- Le fait que pour dissoudre l’assemblée nationale, le Président aurait besoin ou pas du contreseing du Premier Ministre.
Lors de la lecture de la déclaration finale du colloque, l’assemblée a tranché :
"La CCE lève l'option d'accompagner le pouvoir et de l'encourager dans ses initiatives aussi longtemps que ces initiatives vont dans le sens de la promotion des valeurs républicaines et du service de la population". En tant société civile donc, la CCE prendrait position plus par rapport aux valeurs et par rapport aux réalisations en faveur de la population :
- Subvenir aux besoins de la population,
- Respecter les droits de l’homme,
- Combattre la corruption avec sanction à la clé en cas de dérapage,
- La bonne gouvernance…
Un deuxième orateur très attendu était Mr Paul Nsapu Vice-Président de la FIDH, Fédération Internationale des Droits de l'Homme. Empêché en dernière minute suite à un changement dans son agenda, il a été représenté par Me Oscar Mubiayi du barreau de Lille.
Lors des débats, certains intervenants ont relevé le fait qu’il y aurait dû y avoir plus de données chiffrées pour évaluer l’an 1 de Félix Tshisekedi en ce qui est du respect des Droits de l’Homme.
L’Abbé Mbelu de Bruxelles interpellera le Congolais sur l’obligation qu’il a de prendre conscience de la nécessité d’avoir une vraie Nation au sens fort du terme.
Un sujet qui interpellera aussi les participants, c’est celui du rôle de la diaspora dans la marche de la RD Congo.
La diaspora est certes une force, mais elle n’est malheureusement pas suffisamment organisée. Conséquence, le pouvoir en place ne la considère pas à sa juste valeur.
Même ceux qui hier étaient dans la diaspora, une fois de l’autre côté, ils adoptent un comportement de caste : c’est à peine s’ils répondent encore aux appels téléphoniques de leurs anciens camarades de lutte.
C’est à la société civile en général, et à la CCE en particulier de remettre les pendules à l’heure par des projets d’envergure qui pourraient lui attirer respect et considération.
Il sied de signaler la présence à ce colloque du sénateur Bahati Lukwebo qui il y a peu, était encore dans le camp de Kabila. Des jeunes l’accuseront d’avoir été avec Kabila dans un passé récent et donc aussi comptable du bilan du Raïs.
Un participant répondra aux jeunes : « Vous avez longtemps accusé Kabila d’infiltrer les forces du changement. Pourquoi les forces du changement n’accueilleraient-elles pas ceux qui ont rompu avec Kabila ? »
Pour la CCE, si l’alternance au sommet de l’Etat qui a conduit au départ de Joseph Kabila est une bonne chose, il est hors de question de donner un chèque en blanc au nouveau pouvoir, surtout que les collaborateurs du nouveau Président n’émettent aucun signal fort dans le sens d’établir un canal de communication entre le régime et la diaspora, bien au contraire.
S'il fallait résumer en une phrase le message envoyé par la CCE au nouveau pouvoir , il serait: « CCE, Société civile et non applaudisseurs»
Durant la journée du 23 février les membres de la CCE se sont réunis à huis clos en assemblée générale.