Par Cheik FITA
Bruxelles, le 24 août 2020

Qu’est-ce qui fait courir au Congo le belgo-congolais Bob Kabamba ?
Depuis quelques jours, il circule dans les réseaux sociaux une note avec l’en-tête de l’Université de Liège et ayant comme thème : « Pour un Forum du Consensus sur la Réforme électorale efficiente en République démocratique du Congo ».
Ce forum sera « Sous la direction du Professeur Bob Kabamba, qui aura pour tâche d’ « Organiser, superviser les travaux préparatoires, travaux du Forum du Consensus, rédaction des différents rapports. »
Et dans la note, il est dit que « lors de l’enquête préliminaire les responsables des partis et groupements suivants ont indiqué leur volonté de contribuer au cadre de concertation et aux travaux : -
« : - FCC - MWILANYA Néhémie, Coordonnateur
- UDPS – KABUND Jean-Marc, Président a.i
- UNC – BOJI Aimé, Secrétaire général a.i
- Ecide – FAYULU Martin, Président national
- Nouvel Elan - MUZITO Adolphe, Président national
- Ensemble pour la République – KATUMBI Moïse, Président national
- MLC – BEMBA Jean-Pierre, Président national ».
Dès que cette note a été rendue publique, les réactions ont commencé à fuser.
Le premier à dégainer était Mr Yezu Kitenge, le Haut Représentant du Chef de l’Etat, et dans un twitt du 22 août 2020 il avait dit ceci :
« L’anacyclique de Kabamba=abracadabra. Vice-consul par antiphrase, expert dans la lèche. Le «nègre de maison» est comme une baleine. La gueule ouverte, elle ne voit pas devant elle. Le premier chantier au Congo n’est pas le DIALOGUE c’est l’ÉTAT. Bobo, vous le voyez pire que tout. »
Puis est venu la plate-forme AFDCA-A du sénateur Modeste Bahati Lukwebo qui avait dit :
« "Le regroupement politique AFDC-A dénonce avec la dernière énergie toute initiative obscure, particulièrement celle du CAPAC du professeur Bob Kabamba, fruit d'un laboratoire d'un camp politique bien identifié ayant pour but d'assouvir ses desseins politiques et perpétuer le contrôle exclusif de la CENI et orienter la loi électorale selon ses calculs politiques",
En date du 23 août, la NSCC, la Nouvelle Société civile de la RD Congo dira ceci dans un communiqué :
« … Pour toutes ces raisons la NSCC prévient déjà à l’opinion publique : - Qu’elle ne se sent pas concernée par les discussions et résultats d’un forum exclusif qui tente de réduire la société au simple rôle des figurants observateurs sans voix délibérative … »
Récupérée par les réseaux sociaux, le communiqué de Bob Kabamba sera bouffé à toutes les sauces.
Sur la page face book du grand quotidien congolais « Le phare » on peut lire ceci sous la signature de S.T. Kamatanda Mulongeshi :
« 1. Il s’agit d’une ingérence inacceptable de la part d’une institution universitaire étrangère dans les affaires d’un État indépendant! Qu’est-ce qui lie cette institution à la RDC?
2. C’est une insulte aux Professeurs de nos universités, experts en la matière;
3. C’est une insulte à nos politiciens, ce sieur Bob Kabamba considère, en proposant son forum, que nos hommes politiques ne sont pas capables par eux-mêmes, de résoudre les problèmes d’organisation des élections, (si problèmes il y a!);
4.Quel Prof. d’une université d’un pays d’Afrique pourrait oser intervenir dans l’organisation des élections dans un pays occidental, fut-il aussi petit que la Belgique, la Suisse ou la Hollande? Les USA iront bientôt aux élections, quel Africain pourrait oser suggérer un moindre changement sur le mode de leur organisation? Soit on le prendrait pour un malade mental soit pour un petit comédien de mauvais goût! »
Voici quelques extraits d’un article intitulé « Genève-Bis au Centre Inter-diocésain » paru dans le journal « Le Phare » de Kinshasa paru le lundi 24 août 2020, sous la plume de KIMP.
« Tollé général chez les intellectuels congolais
« Piloté par un certain Bob Kabamba, un lobby belge vient de se signaler comme promoteur d’un nième dialogue entre Congolais, devant avoir comme cadre le Centre Interdiocésain, à Kinshasa, en vue de régler une prétendue crise politique qui menacerait l’organisation du prochain processus électoral en République Démocratique du Congo.
L’activisme de Bob Kabamba et de ses « fantômes » vise à faire croire, à la communauté internationale, que les élections présidentielles de décembre 2018 n’auraient rien réglé en République Démocratique du Congo. Pourtant, il existe un vainqueur incontesté de l’élection présidentielle, investi le 24 janvier 2019 après une passation pacifique et civilisée des pouvoirs entre lui et son prédécesseur, Joseph Kabila. Par ailleurs, en dépit des douleurs d’enfantement de la coalition au pouvoir, formée par le FCC (Front Commun pour le Congo) et le CACH (Cap pour le Changement), la République Démocratique du Congo se trouve dans la bonne voie comme Etat de droit, puissance politique, diplomatique, économique, sociale, culturelle et industrielle en gestation au cœur de l’Afrique.
Le thème général devrait porter sur : «Forum du consensus sur la réforme électorale efficiente en RDC» . Le coup d’envoi de ce forum, un projet en mal de démarrage, aurait dû être donné ce lundi 24 août, avec les interventions de Jean-Marc Chataigner, ambassadeur de l’UE, Bob Kabamba, Bemba, Boji, Fayulu, Kabund, Katumbi, Muzito et Mwilanya. Selon l’agenda ficelé par des parrains invisibles qui se cachent derrière Bob Kabamba, la demi-douzaine de Congolais, tirés des « chapeaux » de FCC, CACH et Lamuka, devraient baliser la voie à l’intention des participants (Classe politique et Société civile) en prévision des élections présidentielle, législatives, nationales et provinciales ainsi que les locales, mais avec comme préalable le toilettage des textes portant organisation et fonctionnement de la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante) et ainsi que de la loi électorale.
Ce forum rappelle, à nombre de compatriotes, celui de novembre 2018 à Genève, en Suisse, avec le piège tendu à Félix Antoine Tshisekedi et l’UDPS, pour les amener à s’effacer de la course à la présidentielle au profit d’un candidat sans « base ».
Menés par les bouts du nez par leurs souffleurs belges depuis 1960, nombre d’acteurs politiques congolais peinent à imaginer des solutions congolaises aux crises politiques congolaises. De la Table Ronde de Bruxelles à Sun City, en passant par les « Conférences » de Tananarive et de Lovanium (1961-1962) et la Conférence Nationale Souveraine (1991-1992), les leaders politiques congolais ont toujours été empêchés de se prendre politiquement en charge. Des formules présentées comme « magiques » telles que le gouvernement des « Commissaires généraux » en 1960, le gouvernement des « Secrétaires généraux en 1993 », le « Régime 1+4 » entre 2003 et 2006, une invention de l’ancien ministre belge des Affaires Etrangères, Louis Michel, formalisée par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, au lieu d’apporter la démocratie et le développement au peuple congolais, ont au contraire favorise l’émergence des régimes dictatoriaux et de prédation des ressources nationales.
Et de conclure :
« Naïfs hier mais politiquement éveillés aujourd’hui, de nombreux compatriotes ont compris l’enjeu caché du forum du Centre Inter-diocésain, à savoir la planification d’un énième recul démocratique et économique de leur pays. D’où des réactions en chaîne hostiles à l’initiative de Bob Kabamba. »
Quelles relations Bob Kabamba entretient-il avec la communauté congolaise de Belgique ?
Bob Kabamba fut découvert dans les milieux congolais de Belgique en 2003, quand il fut tête de liste N°2 pour le Sénat sur la liste du parti ECOLO. A l’époque ce parti avait encore le vent en poupe.
Malgré cette bonne place, Bob Kabamba ne fut pas élu sénateur.
Et en 2004, sous le régime 1+4, quand le Congo s’acheminait vers les élections générales prévues initialement en 2005, Bob Kabamba apparut dans le sillage du très controversé en milieu congolais, Louis Michel alors Ministre MR des Affaires Etrangères. A l’époque était né le mouvement de pression Bana Congo. Bob Kabamba était régulièrement traqué par ce mouvement qui le soupçonnait d’accointances avec Joseph Kabila alors Président.
Bob Kabamba tenta même de créer une structure de Congolais de Belgique qui foira et n’eut pas de lendemain.
Quand la constitution congolaise de 2006 est appelée « constitution de Liège », dans l’entendement des Congolais, la principale interface pour cette appellation c’est Bob Kabamba.
Jusqu’avant les élections de décembre 2018, Bob Kabamba était étiqueté proche des Kabilistes.
Le voir revenir sur le devant de la scène alors que le nouveau Président n’a jamais été dans le même camp politique que celui fréquenté par Bob Kabamba ne pouvait qu’irriter l’opinion. Un peu à l’instar d’un certain Ronsard Malonda que le clan Kabila veut imposer à la tête de la CENI, la Commission Électorale Nationale Indépendante de la RD Congo.
Face à cette volée de bois verts, et à voir l'unanimité qu'il a créée contre lui, Bob Kabamba devrait réfléchir par deux fois avant d’aller plus loin dans son projet.