Par Cheik FITA
Bruxelles, le 26 août 2020

« L’Histoire coloniale Belge et les voix des Tutsis du Congo pour que notre mémoire soit défensivement pacifiée » , tel est le titre de la conférence de presse organisée le mardi 25 août 2020 au Press Club Brussels Europe par une plate-forme des Tutsi du Congo.
Plusieurs orateurs avaient été programmés mais trois seulement ont pu parler avec les sous-thèmes suivants :
- - Découpage des frontières, transfert de populations et leurs conséquences : Dr Gaston Nganguzi Rwasamanzi par vidéo-conférence depuis Kinshasa,
- Colonisation et l’origine des conflits ayant entraîné la haine et les massacres des Tutsis congolais : Omar Basile Diatezwa.
- Politiques de résolution des conflits ou consolidation de la paix ; figure d’exemple à l’échelle européenne et mondiale de l’exemple belge : Dr Helen M. Hintjens.
Pour les orateurs :
- Comme cela l’a été si bien dit dans le communiqué annonçant la conférence : « Les Tutsis paient un lourd tribut dans cette crise d’exclusion et de discriminations en tous genres. Les Tutsis du Congo, une population transfrontalière comme les populations des huit autres frontières de la RD Congo, sont les seuls qui sont accusés de tous les maux par leur seule existence. Les mythes, les généralisations, les stéréotypes répandus dans l’opinion par les colons ont fait des Tutsis des boucs émissaires, des cibles parfaites, entraînant des conflits dans l’Est de la RD Congo depuis des décennies. »
Quelques constats peuvent être faits à la suite de cette conférence :
- Dans les communications, il y avait une grande confusion dans l’emploi des expressions suivantes : Rwandais , « rwandophones, Tutsi, Tutsi du Congo, Banyamulenge. Etaler cela dans le temps c’est-à-dire entre l’époque léopoldienne et aujourd’hui, on s’y perd.
- A titre illustratif : le terme Banyamulenge. De quand date-t-il ? De 1970 !
- Dans son exposé, Basile Diatezwa a néanmoins classifié les Tutsis vivants au Congo selon les périodes où ils y seront arrivés et les raisons y afférentes: transplantés, immigrés, réfugiés... Et si l’on creusait cela, le problème de nationalité congolaise ou non serait plus facilement décanté.
- Sensée être une conférence de presse, l’échange avec la presse aura pris malheureusement moins de dix pour-cents du temps.
- Aucun des orateurs n’était un historien. Les exposés étaient ainsi teintés parfois d’émotions, de considérations politiques…
- D’où, notre suggestion aux initiateurs de l’événement, d’organiser dans l’avenir un face à face entre historiens de deux bords, ce qui éviterait l’impression d’un seul son cloche.
Comme point positif à retenir de cette rencontre, c’est le souci sorti de la bouche des jeunes surtout, de trouver enfin une solution, et la paix.
L’écrivain belgo-congolais Pie Tshibanda avait pour cela sa petite idée là-dessus et l’a fait savoir en ces termes :
« Je voudrai dire quelque chose à mes frères Tutsi qui sont dans la salle : Nous devons aller de l’avant. Pour réussir s’il vous plaît les Tutsi, arrêtez de vous laisser infantiliser. Dans tout ce que nous avons entendu, on vous présente comme des victimes, moi ce que j’attends de vous et que la fois prochaines, quand les rwandais vont nous attaquer, et que nous on dit c’est les Rwandais qui nous attaquent, quand les Rwandais répondent, c’est pas nous, ce sont les Banyamulenge, on aimerait que ce jour là les Banyamulenge se lèvent et disent, « ce n’est pas nous, c’est vous les Rwandais. » Si vous vous laissez instrumentalisés, on ne va pas avancer.