Ce mardi 22 avril 2008 de 18 heures à 20 heures a eu lieu au Palais d’Egmont de Bruxelles une conférence sur la paix dans la région des Grands Lacs. Invités, les présidents des sénats et parlements du Rwanda, du Burundi et de la RD Congo. Organisateur : l’Institut Royal (belge) des Relations Internationales.
N’entre pas au Palais d’Egmont qui veut et pour certaines raisons : Primo, recevoir à temps l’information sur des manifestations y organisées et ayant trait au Congo n’est pas toujours évident. Secundo, Il faut réserver sa participation par e-mail ou par fax et recevoir éventuellement des organisateurs une confirmation par e-mail. Tertio, il arrive que l’entrée soit payante. C’était 13€ cette fois. Quarto, les manifestations à Bruxelles où participent des dirigeants congolais sont toujours entourées de très grandes mesures de sécurité.
Voici le texte d’invitation tel qu’il a été diffusé par les organisateurs :
Institut Royal des Relations Internationales
a l’honneur de vous inviter à la conférence qui se tiendra le mardi 22 avril de 18h à 20h au Palais d’Egmont, Place du Petit Sablon, 1000 Bruxelles
Leurs Excellences,
Gervais Rufyikiri, Président du Sénat du Burundi
Pie Ntavyohanyuma, Président de l’Assemblée Nationale du Burundi
Léon Kengo wa Dondo, Président du Sénat de la République Démocratique du Congo
Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée Nationale de la République Démocratique du Congo
Vincent Biruta, Président du Sénat du Rwanda
Alfred Mukezamfura, Président de la Chambre des Députés du Rwanda
ont été invités, dans le cadre de leur visite officielle en Belgique, à prendre la parole sur le thème :
La coopération interparlementaire
dans la Région des Grands Lacs
Défis et enjeux pour la paix et le développement
Cette conférence sera présidée par le Vicomte Etienne Davignon, Président d’EGMONT.
La conférence sera suivie d’une réception.
Les langues de travail seront le français et le néerlandais (traduction simultanée)
Talon Réponse
Il est indispensable de s’inscrire avant le jeudi 17 avril 2008 par fax (02/2234116), par e-mail (conferences@egmontinstitute.be) ou par courrier (Rue de Namur 69, B-1000
Bruxelles). L’accès à la conférence sera réservé strictement aux personnes munies de la confirmation écrite de leur inscription. Par courtoisie à l’égard des orateurs les portes
seront fermées à 18h00 précises. Nous vous rappelons que le stationnement n’est pas autorisé dans la cour du Palais d’Egmont
Nom:
Organisation:
Titre:
( ) Assistera à la conférence du 22 avril 2007 à 18.00 sur « La coopération interparlementaire dans la Région des Grands Lacs »
Membre (85 €/an, étudiant: 15€/an): entrée libre. Non membre : 13 €, étudiant : 7 € à verser à l’avance sur le compte : CCP 000-0000020-20
13.04.08 Table Ronde diaspora du 22 avril 2008
Dès 18h00, la grande salle de conférence est littéralement prise d’assaut. Quatre des six orateurs invités sont présents. Les présidents des sénats burundais et rwandais ne sont pas là.
Les trois pays des grands lacs ont en commun un bien triste passé : les tueries, l’extermination à grande échelle, les rebellions, les guerres. Et sommet de la bêtise humaine et de la barbarie, cinq millions de morts causés par les deux plus petits pays du groupe, en RD Congo le plus vaste état de l’Afrique noire. Alors que la perestroïka faisait sa marche, et que les ex-pays du bloc soviétique en ont tiré profit, les responsables politiques de nos trois pays eux, n’ont pu réaliser comme prouesse que le badigeonnage de leurs mains avec le sang des millions des leurs.
Le président de l’assemblée nationale burundaise est le premier orateur.
Sans honte ni gêne, il dépeint la situation actuelle de son pays : petit, pauvre, 169 sur 177 dans le classement des pays sur le développement humain. Un médecin pour cent mille habitants, grande mortalité enfantine et maternelle…Revenu annuel par habitant : 92 $. Quand on sait ce que vaut le dollar aujourd’hui !
En deux mots : pays pauvre.
Comme ressource pour éradiquer ce chapelet de misère : le café et le thé. Seul, le Burundi est incapable de s’en sortir. Belle introduction pour lancer un message en direction de la « communauté internationale » et en direction de la Belgique bien sûr.
Quinze minutes après c’est au tour de monsieur Kengo de prendre la parole. Le vicomte Etienne Davignon qui préside la séance introduit « l’homme de la rigueur » et ancien premier commissaire d’Etat de Mobutu avec quelques propos flatteurs teintés d’une pointe d’humour. Le sénateur congolais rappelle ce qui a caractérisé les années 90 dans la région des grands lacs : des conflits. Courageux, il fait allusion aux plus de quatre millions de morts congolais victimes des régimes des pays voisins. Il tire la sonnette d’alarme sur la circulation des armes dans la région. « La pauvreté amène les guerres, la dépravation des mœurs, les enfants de la rue…Les enfants soldats. »
Et d’enfoncer le clou : la démocratie et la bonne gouvernance sont des gages pour la paix.
Monsieur Kamhere, élu de Bukavu et président de la chambre basse congolaise rappelle un certain nombre de réalisations initiées par la CEPGL : L’exploitation en commun des richesses des grands lacs. Mais hélas, pour lui, la CEPGL était en réalité un syndicat de dictateurs qui se soutenaient mutuellement. L’hécatombe connue ces quinze dernières années dans la région s’est accompagné du départ du pouvoir de ces dirigeants. Étant politiquement le fruit de multiples négociations entre belligérants, monsieur Kamhere n’a pas tari d’éloges sur les vertus du dialogue. Grâce à cela, il y a la fin des hostilités, il y a eu le dialogue inter congolais puis le gouvernement organisateur des élections et enfin les élections elles-mêmes. Mais une inquiétude : le respect des engagements. Oui, son Kivu natal n’est toujours pas pacifié à 100%.
Le président de l’assemblée nationale rwandaise clôture la série. « Tout a été dit. » Il brosse rapidement le portrait de son pays. Un petit pays, très peuplé, qui a des ambitions ! Le génocide a tout détruit : des vies humaines d’une part, des infrastructures de l’autre. Mais le Rwanda d’aujourd’hui étonne plus d’un. Il était tombé ? Il s’est relevé. Pour cela, Le Rwanda investit dans l’agriculture pour son économie, mais aussi dans le capital humain. Il voudrait que sa population maîtrise l’outil « connaissance.» Il voudrait que le rwandais soit capable de survivre et au Rwanda, et dans la région ! Grâce à la politique des micro-finances, un véritable boum économique est en marche. Les femmes et les personnes avec handicap ne sont pas laissées au bord de la rue.
Le Rwanda est dans la CEPGL ? Il s’est également tourné vers les pays de l’Est de l’Afrique et vers la Comesa. Il veut être le pont entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est.
Vient l’heure du débat. À peine quelques deux ou trois petites questions… Presque entre amis. Pratiquement protocolaire.
Il est 19h22 quand la séance est levée.
Lors du cocktail, Justin Kandanda de CongoKulture et moi, nous nous faufilons à travers les invités pour poser quelques questions messieurs Kamhere et Kengo, ceux qui ont encore trois ans pour légiférer sur notre sort. Ce n’était pas facile de les tirer de côté, compte tenu du grand nombre de courtisans qui avaient chacun son petit numéro.
Pour des raisons techniques, la mise en ligne de ces deux interviews est différée de 24 heures.
Cheik FITA
Bruxelles, le 23 avril 2008