Depuis plusieurs semaines, une polémique s’est installée tant sur Internet que dans plusieurs émissions musicales de Kinshasa : le concert éventuel de l’artiste musicien congolais JB Mpiana au Zénith de Paris.
Quelques jours avant l’événement, quelle lecture faire de l’événement ?
Durant des années, les stars de la musique congolaise ont fait la pluie et le beau temps de différents salles de spectacles tant en Amérique qu’en Europe.
Pour la plupart de ces musiciens, l’occident était un véritable eldorado.
Nostalgie oblige, les Congolais vivant à l’étranger, et devenus de plus en plus nombreux, avaient comme lien avec la mère patrie, la musique.
Quoi de plus normal que de se rappeler aux bons souvenirs du pays dans un concert avec les stars congolaises, lors d’un concert ?
Seulement, à l’issue de la présidentielle de 2006, les Congolais vivant à l’étranger eurent l’impression d’avoir été trahis.
Comment ? La plupart des musiciens avaient composé des chansons pour la campagne de monsieur « Kabila ».
Or, dans l’entre-temps, un éveil patriotique grandissait progressivement dans la communauté congolaise de l’étranger. Et une opinion s’était installée : tout, sauf « Kabila » à la tête du pays.
Oui, de moins en moins des Congolais de l’étranger se reconnaissent dans l’image hideuse que présente le pays : corruption, misère de la population, mauvaise gouvernance, tricheries aux élections, mainmise des étrangers, imposture, jusqu’au sommet de l’état…
Quant à eux, les musiciens congolais rataient le coche dans ce revirement progressif : eux qui sont par essence des éveilleurs de conscience, non seulement ils s’étaient mis sous la botte des gens du pouvoir, mais ils véhiculaient à travers leur art, des mœurs de plus en plus dépravés.
Le voyage d’un groupe musical congolais en Europe est même souvent accompagné du phénomène « Ngulu » considéré en occident comme trafic d’êtres humains. On se souviendra des quelques mois de prison de Papa Wemba par exemple.
Une autre infraction pourrait accompagner l’éventuel voyage de JB et ses musiciens : le blanchiment d’argent.
Oui, l’organisation de l’événement devrait justifier l’origine de tout l’argent injecté dans la machine : des préparatifs artistiques en passant par les titres de voyage, les frais de séjour, les différentes assurances, les cachets, les gros bras pour sécuriser l’événement… Un bon demi million d’euros, au bas mot. Avec quelle origine ?
On affirme que le pouvoir aurait mis en jeu de grosses sommes d’argent. Tout argent sans origine claire, c’est de l’argent sale.
Le pouvoir kabiliste soutient-il en coulisse l’événement ? Aucun élément n’indique le contraire.
Néanmoins, c’est un secret de polichinelle, les kabilistes espèrent secrètement la réussite de ce concert. Ce serait pour eux un verrou en moins contre l’embargo de fait qui frappe les musiciens congolais… Et eux les politiciens !
Et du côté des combattants ?
Le phénomène « Combattants » est un état d’esprit : il fédère un certain nombre de frustrations dont la plus grande, pour toutes les raisons que l’on connaît, est de voir trôner à la tête du pays monsieur « Kabila »
Contre le hold-up électoral de monsieur « Kabila » ,il y eut des marches qui mobilisèrent des milliers de personnes, il y eut une grande mobilisation le 11 juin 2011 contre le concert au stade de France où devraient se produire certains artistes congolais sous embargo.
Logiquement, il y aura des milliers de personnes d’origine congolaise dans les rues de Paris autour du Zénith. La mobilisation semble ne pas faiblir.
Les médias français commencent à s’intéresser au phénomène combattant. Ce week-end, France 24 a fait passer un élément de cinq minutes dont l'intervention du combattant Jeannot Kabuya de Belgique. Les autres médias seront sûrement là le 21 décembre, une occasion inespérée pour les combattants de faire passer leur message politique à savoir: -Derrière JB Mpiana, il se cache en réalité monsieur « Kabila »-
Ainsi, la plupart des Congolais qui se déplaceront pour Paris le feront parce que pour eux : via JB, c’est « Kabila » qui tente de défier les combattants.
Bruxelles, le 16 décembre 2013
Cheik FITA