Trois prix de 10.000 euros chacun ont
été remis ce 20 octobre 2008 aux lauréats du concours Harubuntu 2008.
La grande salle Sap Lounge a refusé du monde pour un des trois moments-clés de l’événement : le dîner à 60 € offert à cette occasion.
Sans avoir pris la précaution de bien lire la carte de Bruxelles, en transport en commun ou en voiture, il n’était pas du tout évident de retrouver le lieu de la manifestation.
Présentateur vedette de la manifestation, durant près de quatre heures, le journaliste Amobe Mevegue de RFI a dirigé avec beaucoup doigté et parfois d’humours, le programme de la soirée : parole donnée aux parrains de l’évènement, à différentes personnalités invitées, à certains participants, ne se privant pas de descendre dans la salle, micro baladeur à la main…
Une kyrielle de stars africaines ont également été le point d’attraction : sportifs, artistes…
La diffusion en direct de la manifestation sur écran géant a créé une grande convivialité.
Les différents discours et interventions entendus allaient dans le même sens : l’Afrique a des potentialités, l’Afrique a des richesses humaines, l’Afrique doit décoller… Assez des clichés dépeignant l’africain comme un personnage de second rang ou des reportages d’une Afrique misérabiliste.
Une dizaine de caméras et presque autant de photographes ont rivalisé d’ardeur pour immortaliser l’événement.
Ceux qui n’avaient pu accéder au banquet étaient si nombreux qu’à mi-manifestation, il a fallu leur ouvrir la porte. Ils avaient néanmoins pu boire à volonté au bar avec des cacahuètes pour couper la boisson. Heureusement, une deuxième partie de la salle disposait d’une centaine de chaises faisant face à un podium de spectacle avec au fond un très géant écran.
C’est à partir de ce podium qu’aura lieu le deuxième moment fort de soirée : la remise des prix aux lauréats. Accompagnée de la belgo-congolaise Dorah Ilunga, un des parrains de la manifestation, Amobe présentera les différents lauréats. Projection d’un court reportage sur le lauréat ainsi que sa réalisation dans son pays, remise du prix par une personnalité: un trophée œuvre de l’artiste congolais maître Liyolo ainsi qu’un gros certificat, mot de remerciement du lauréat.
Voici les heureux élus de Harubuntu 2008.
- Prix « autorité locale » : Mamadou Diouf, Mamadou El Hadj kane et Alioune Guèye Diaré de Ngor au Sénégal.
- Prix « entreprenariat » : Joseph Danjie et Vincent Ndumbe du Cameroun
- Prix « société civile » : Deo Baribwegure de Tanzanie (originaire du Burundi)
- Prix spécial du jury : Mahamane Garba Touré du Mali.
- Coup de cœur du jury : madame Ndeye Rokhaya Diané du Sénégal
Enfin l’artiste congolais Lokwa Kanza clôturera la soirée par un concert de très haute facture : une dizaine de chansons.
Chapeau à l’équipe de « Echos Communication » qui a réussi à mettre en vedette de personnes qui auraient pu rester dans l’anonymat pour longtemps, réunissant aussi de personnes dont un bon nombre venu de tous les coins du monde , transport aérien et séjour pris en charge ou sponsorisés.
Après avoir assisté à une telle manifestation, certaines questions parfois délicates vous trottent à l’esprit :
a) En tant qu’africain,
- Est-il difficile que chaque pays africain organise une fois par an une soirée de remise de prix aux meilleurs de chaque domaine ?
- En pareil cas, n’est-il pas possible de remettre à chaque lauréat une somme de dix mille euros ?
- Même en primant vingt personnes par an, cela ne ferait que deux-cent mille euros. Plus les cent à deux cent mille euros d’organisation, cela pourrait-il ruiner les caisses de l’Etat ?
- Quand on pense aux émoluments plantureux et autres frais de missions incessantes que nos parlementaires, ministres, et autres Présidents s’octroient, il est à se poser des questions. Et les bons discours sur ce que devrait être l’Afrique paraissent subitement comme de la parlote pour se donner bonne conscience ou même de la poudre aux yeux.
b) En tant que Congolais :
On a aperçu des originaires du Congo à différents niveaux d’organisation de « Harubuntu 2008 »
- Jean Kabuta, Président d’Echos communication et président du jury
- Liyolo Limbe, créateur du trophée
- Dorah Ilunga et Bertin Mampaka, marraine et parrain
- Lokwa Kanza, ayant agrémenté la clôture
- Sans compter tous ceux qui se sont impliqués à des niveaux plus discrets.
Et parmi les nominés ? Pas un Congolais.
Et au pays ? Aucune manifestation culturelle pouvant rivaliser avec « Harubuntu », même à 1% !
Pour ne pas faciliter les choses, des lieux susceptibles d’accueillir l’organisation des grandes manifestations culturelles ont subi des sorts peu enviables. Du fait des politiques.
Devons-nous rappeler qu’avant la CNS, Conférence Nationale Souveraine, le palais du peuple de Kinshasa servait de site pour des manifestations culturelles grandioses, plus que « Harubuntu » ?
Devons-nous rappeler qu’à l’issue de la CNS, une résolution avait décidé que le Palais du Peuple soit érigé en Palais de la Culture ?
Et depuis ? Le HCR puis le HCR/PT en ont fait le siège du parlement ! l’AFDL a poursuivi cela, en aggravant la situation : le palais de la nation ancien parlement, est devenu la présidence. Le 1+4 a maintenu cela. En ce moment les institutions issues des urnes ont installé les deux chambres au Palais du peuple.
Il convient de signaler que Lubumbashi, la deuxième ville du pays a subi la même ineptie : Le « cinquantenaire », conçu comme salle des spectacles est devenu le siège du parlement provincial.
Est-il dès lors étonnant qu’une ONG belge parvienne à assurer la promotion des africains méritants, en dehors de l’Afrique ?
Quelle lecture les politiques africains auront-ils de cet événement qui vient d’avoir lieu à Bruxelles ?
Y aura-t-il sur le continent une prise de conscience pour une promotion des africains par les africains, sur le sol africain ?
Dans les pays africains où rien ne bougera, on risquerait de donner raison à Monsieur Sekou Touré, ancien Président de Guinée qui disait : « quand tous les dégouttés auront fui, il ne restera au pays que des dégouttants ! »
Cheik FITA
Bruxelles, le 21 octobre 2008