Après-midi très mouvementé devant l’Assemblée Nationale Française à Paris ce vendredi 13 février 2009, plus exactement à la place du Président Édouard Herriot. Près de trois cent Congolais, surtout des jeunes ont fait un long sit-in de 14 heures à 18 heures, à l’appel de la plate-forme « Union du Congo » dirigée par Gaspard-Hubert Lonsikoko.
Motif de ce rassemblement : réagir contre les propos pince-sans rire du Président français Nicolas Sarkozy à savoir : « Octroyer au Rwanda de Kagamé une portion de notre pays ! » Oui, « Le plan Sarkozy pour le Congo ! »
Ceux qui sont arrivés par le métro Invalides ont eu l’agréable surprise d’être accueillis par un jeune, tenant un panneau de la manif.
La manifestation ?
« C’est par là, tout droit. »
Pas moyen de se tromper. Après avoir suivi sur deux cents mètres l’avenue de l'Université qui passe devant l’Assemblée Nationale Française, on aperçoit déjà les manifestants, face à un grand nombre de gendarmes antiémeutes et dont un certain nombre de fourgonnettes sont stationnées dans les environs.
Mis à part les innombrables calicots et panneaux, on est frappé par le grand nombre de drapeaux congolais qui sont brandis : une vingtaine au moins.
Garée à côté, une camionnette contenant une sono avec un micro sans fil que les organisateurs emploient pour haranguer la foule.Près de la camionnette, un groupe électrogène pour l’alimentation en courant.
Le confrère Lilo Miango de « Ngambo na ngambo » qui nous présente aux organisateurs lance cette observation :
« Depuis quelques mois, les mésaventures de Nkundabatware et compagnie ont suscité une grande réaction dans la communauté congolaise vivant à l’étranger. Au moins 63 manifestations organisées à travers le monde. »
Oui, un réel relent patriotique est perceptible chez tous ceux qui sont là. Au hasard des conversations, quelques phrases significatives.
Un bon nombre de compatriotes aux cheveux blancs ou à la calvitie avancée sont aussi là, un peu pensifs mais attentifs à l’engagement patriotique des jeunes.
« Sarkozy devait se rendre au Congo fin janvier, il a reporté cela pour mars… Qu’il n’y aille même pas. »
« Oyo ekomi penza kosakana na biso. » En français : « Ca, c’est vraiment nous prendre pour des cons. »
Qui dit mieux ?
Conséquence, les slogans lancés sont véritablement la réponse du berger à la bergère :
« Tokokende te, tokolala awa. Baboma biso, Obama ayoka. »
Traduction : nous ne partirons pas d’ici. Qu’on nous tue et que le Président Obama l’apprenne. »
Ainsi ces jeunes électeurs français d’origine congolaise préfèrent le président américain à leur propre président !
« Kabila tovandi na ye, mbula na mbula… » La suite ?
« Non au plan Sarkozy. »
« Mbul’oyo, biso na Sarkozy Tembe.” Cette année, Sarkozy et nous, c’est la bagarre sans merci.
Il fait très froid, les doigts et les pieds gèlent presque. Et pour se réchauffer et chauffer l’ambiance, les jeunes gens animent véritablement, courant reculant, provoquant un peu les agents de l’ordre, et même les propres services de sécurité interne de l’organisation.
Vers dix-huit heures, tout le monde se disperse. Rendez-vous le samedi à 14 heures pour la même action, avec l’espoir que tous ceux qui étaient coincés par le boulot viennent davantage grossir les rangs des manifestants.
Si monsieur Sarkozy tient à se rendre au Congo fin mars, il ferait mieux de prendre d’abord langue avec ces jeunes congolais de France.
Sinon, autant pour lui, rester en France s'occuper des innombrables problèmes de l'héxagone et qui le menacent de la
noyade.
Qui trop embrasse...
Dans tous les cas, nous ne sommes plus à l’époque de Tintin au Congo.
Ci-dessous, le mémo diffusé par l’organisation à cette occasion.
Cheik FITA
Paris, le 13 février 2009
MÉMORANDUM RELATIF
À LA RELANCE ET AU RÉAMÉNAGEMENT
DE LA COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQME DES PAYS DES GRANDS
LACS (CEPGL) EN VUE DES SOLUTIONS AUX CRISES
DANS L’EST DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
I - Introduction
Ces douze dernières années, la région des Grands Lacs a été le théâtre de catastrophes humanitaires et bouleversements politiques sans précédent : quatre chefs d’État assassinés –deux au Burundi (Melchior Ndadaye et Cyprien Ntaryamira, un au Rwanda (Juvénal Habyarimana), un au Congo (Laurent-Désiré Kabila) –, un million de morts au Rwanda,500 000 au Burundi, plus de 6 000.000 au Congo1, tandis que les conflits ont profondément détruit la confiance entre trois pays dont les relations ont toujours été cordiales jusqu'en 19962. Ces années de guerre ont porté un coup fatal aux économies déjà précaires, plongeant ainsi la quasi-totalité des populations dans la pauvreté la plus extrême.
De 2006 à nos jours, on a assisté, entre autres, aux différentes guerres dans la région du Kivu menées par la rébellion, voire pseudo-arrestation, de Laurent Nkundabatware – avec le soutien du Rwanda –, à l’arrestation de ce dernier par les autorités rwandaises après son éviction de la direction du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) par Bosco Ntaganda et aux opérations conjointes entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) sur le territoire congolais en vue de neutraliser les éléments du Front Démocratique pour la
Libération du Rwanda (FDLR).
1) À cette liste macabre, il faut rajouter des milliers de personnes déplacés, des milliers de femmes
victimes de violences sexuelles, le recours aux enfants soldats, etc.
2) La CEPGL se fonde sur des principes proches des expériences de l’Union européenne et du
Benelux :
– le principe de libre-circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services et un
droit d’établissement au sein des trois pays ;
– l’ouverture des frontières entre pays membres et une politique douanière commune vis-à-vis
de l’extérieur ;
– le développement des infrastructures, des communications, des banques... ;
– la convergence et l’harmonisation des politiques économiques, sociales et agricoles.
1 C’est dans ce contexte de stabilisation de la région que plusieurs acteurs – dont la France, la Belgique3, l’Union Africaine et les Nations Unies – cherchent des solutions appropriées.
Quant à Union du Congo (UDC)4, elle est opposée aux propositions consistant à intégrer économiquement la région du Kivu au Rwanda. En revanche, Union du Congo préconise une réactivation de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) comme complément vital au processus de paix et au développement économique. Ainsi est-il important de discuter des modalités d’une éventuelle réaménagement de ladite Communauté par le truchement d’une Commission d’Évaluation, de Relance et de Réaménagement desmécanismes et instruments existants de la CEPGL pour faire des propositions opérationnelles.
Pour cela, il faudra définir un agenda et un calendrier précis.
Paramètres à prendre en compte
Avant de faire des propositions, il est nécessaire de se pencher sur les obstacles et les opportunités relatives à la relance de la CEPGL, sans pour autant omettre ses atouts. Il est aussi important de cerner les intentions réelles de différents partenaires non seulement directement concernés, mais aussi indirectement impliqués.
Rappelons que la République Démocratique du Congo partage déjà un même espace avec le Rwanda au sein des organismes relatifs à l’Afrique centrale et dans le cadre de l’Afrique des Grands Lacs, c’est-à-dire de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs : d’où l’existence de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL). Ces organisations existent de par la volonté des pays européens, dont la France. Il faudra donc nous s’en servir comme base pour une nouvelle organisation. Il est bon de savoir que, dans le cadre de la CEPGL, la République Démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi ont créé des sociétés mixtes – notamment l’Énergie des Grands Lacs (EGL), l’Institut de Recherche Agronomique et Zootechnique (IRAZ), la Société Internationale pour l’Électricité des Grands Lacs (SINELAC) et, enfin, la Banque de Développement des États des Grands Lacs (BDEGL).
Bien plus, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs a approuvé 10 projets prioritaires à impacts visibles sur les populations frontalières. Il s’agit des projets suivants :
- Création d’un Mécanisme régional d’Appui aux Institutions de micro-finance, Bassins transfrontaliers de Développement ;
- Projet régional sur la sécurité alimentaire dans la région des Grands Lacs ;
- Relance de la Communauté économique des pays des Grands Lacs qui a déjà reçu un montant de 50 millions de dollars pour redémarrer ;
3) De surcroît, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies du 27 janvier 2006,
(5359e session) concernant la situation des Grands Lacs d’Afrique centrale, l’ancien ministre belge
des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a insisté sur l’effet stabilisateur de la coopération
économique régionale. Il a souligné que la CEPGL pourrait devenir un facteur d’intégration entre les
populations de la RDC, du Rwanda et du Burundi. Enfin, s’est référé à la région, la Commission
européenne a insisté sur la corrélation entre la paix, la stabilité et le développement économique.
4 Plate-forme d'associations congolaises et associées oeuvrant pour la solidarité internationale, le
développement économique et culturel ainsi que la paix en République Démocratique du Congo.
2
- Mécanisme régionale de certification des ressources naturelles pour mettre un terme à l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises ;
- Exploitation du Gaz méthane du Lac Kivu, Programme d’amélioration des projets d’infrastructures et facilités des transports…
En guise de conclusion
Ayons donc à l'esprit le fait qu’il faille analyser les situations pour chaque cas pour apporter des solutions, stabiliser la République Démocratique du Congo et réconcilier les pays concernés, rationaliser la gestion afin de tendre vers un regroupement plus consolidé. L’état des regroupements régionaux ne valant que celui de ses composantes, seuls les États gérés de façon cohérente peuvent mettre en place une organisation régionale viable profitable aux différentes coopérations. Bien entendu, la stabilité politique des États membres reste le seul gage de la relance et de la réussite de la CEPGL.
On ne peut donc faire l’économie, s’agissant de la relance et du réaménagement de la CEPGL,d’une étude approfondie sur l’intégration de l’Union Africaine, les instruments de l’intégration régionale ainsi que sur les motivations de la relance et du réaménagement de ladite Communauté. De la même façon, les stratégiques économiques ne doivent pas être privilégiées au détriment d’enjeux politiques, car les États viabilisés sur les plans politique, social et économique résisteront mieux dans un regroupement dont les contours ne sont pas encore évidents. Plus explicitement, au-delà de l’aspect économique, il est important de prendre en compte les impératifs sécuritaires et politiques actuels. En effet, tant que l’enjeu principal de cette relance et de ce réaménagement ne sera pas le bien-être du plus vulnérable, cette nouvelle tentative d’intégration sera vouée à l’échec.
Une chose est certaine, les voisins de la République Démocratique du Congo n'ont pas besoin de ses richesses mais de son développement économique dans la mesure où celui-ci servira in fine de vivier non seulement aux pays voisins de la région des Grands Lacs mais aussi à toute l'Afrique centrale.
Fait à Paris, le 13 février 2009
---
Union du Congolaise
5, rue de la Saïda
75015 Paris
Tél. : 0033 612 066 872
Site : http:unionducongo.blogspot.com – E-mail : unionducongo@gmail.com
3
