Soirée enrichissante que celle qui a eu lieu aux facultés universitaires Saint Louis de Bruxelles le vendredi 20 février 2009, sur initiative de l’association Kilimandjaro de cette institution universitaire belge.
Sujet : Comment aider les populations congolaises à s’auto suffire localement ?
De plus en plus de gens sont scandalisés par le paradoxe congolais : un pays riche avec une population croupissant dans la misère la plus noire. Jusque quand devrait-on laisser ces innocents vivre le martyr ? Parallèlement aux différentes actions politiques, la société civile ne devrait-elle pas s’impliquer activement dans des actions susceptibles de venir en aide à la population ?
Après les mots de bienvenue et l’introduction par monsieur Lumembo Tamusa Kasongo membre du cercle Kilimandjaro, le professeur Arthur Yenga de l’Université Internationale de Bruxelles prend la direction de la manifestation. Trois communications seront données, suivies d’échanges :
- La situation politique au Congo : le point, l’avenir, par Cheik FITA.
- La situation des droits de l’homme en RD Congo aujourd’hui par Paul Nsapu, président de la ligue des électeurs, et secrétaire général de la FIDH, chargé de l’Afrique.
- Pourquoi une alliance citoyenne pour la RD Congo par Daniel OTTO.
SITUATION POLITIQUE EN RD CONGO.
Politiquement, la RD Congo est caractérisée aujourd’hui par la situation sécuritaire à l’Est, la misère dans laquelle croupit la population et le difficile démarrage des institutions issues des urnes.
Est-ce un hasard ?
Pourquoi, à mi-mandat, les choses ne semblent toujours pas bien démarrer ?
Pourtant, les élections étaient sensées donner la parole au peuple et générer des institutions ainsi que des animateurs, le plus représentatifs possible, pour des meilleurs conditions de vie.
En a-t-il été ainsi ?
Ci-dessous, à titre d’illustration, un extrait de notre article « évangile selon Colette Braeckman » publié en novembre 2006 :
« Au deuxième tour de
l’élection présidentielle, 16.615.479 de personnes se sont déplacées. Nonobstant les accusations de bourrages d’urnes, d’achats de conscience, de menaces et de tricherie,
Question 4. Le challenger ayant obtenu 6.819822 de voix, Cela représente-t-il 26,82% des électeurs enregistrés, oui ou non ?
Question 5. Cela représente-t-il 11,36% des 60.000.000 des congolais, oui ou non ?
Question 6 Le candidat déclaré vainqueur ayant obtenu 9.436.779 de voix, cela représente-t-il 31,12% du corps électoral enregistré oui ou non ?
Question 7. Cela représente-t-il 15,72% des 60.000.000 des congolais, oui ou non ?
Question 8. La reconstruction nécessitant le plus grand consensus possible, le pouvoir issu des urnes, peut-il se considérer comme représentatif, rassembleur, en qui le plus grand nombre de
congolais se reconnaîtront, oui ou non ? »
Lien : http://www.culturek.net/www/index_section_.php?recordID=1438&MM_section=Actualités
De mauvaises élections ont aujourd’hui des conséquences auxquelles bien de gens ne pensent pas.
*Sécurité à l’Est et inefficacité de l’armée.
Est-il étonnant de constater que le soldat, citoyen à part entière et mal payé en plus, refuse de combattre pour pérenniser un système dans lequel il ne se reconnaît pas ?
* Incapacité de mobiliser les moyens pour subvenir aux besoins de la population
Pour subvenir aux besoins de la population, le gouvernement doit mobiliser les fonds via les contribuables. Dans la mesure où une grande partie de cette population n’a pas confiance en des dirigeants dans lesquels il ne se reconnait pas, cela est-il aisé ?
En RD Congo, si les 60.000.000 de congolais avaient confiance au pouvoir en place, pourraient-ils refuser un mot d’ordre de contribution financière de 5 euros par mois pour le pays ? Cela donnerait combien par mois ? Et par an ?
Ici en Belgique par exemple, n’est-ce pas le contribuable qui pourvoit à la caisse de l’Etat ? N’est-ce pas parce qu’il est sûr que cet argent servira pour la communauté et sera utilisé à bon escient ? Et dans tous les cas, s’il y a détournement, la justice ne sera-t-elle pas là pour agir?
Et demain ?
Le citoyen a la possibilité de changer les choses. Pour cela, il faut une grande prise de conscience, une grande campagne d’information et de sensibilisation du citoyen. C’est là qu’apparaît le rôle de la société civile.
La société civile au sens pur, où chaque corporation, chaque corps de métier, chaque groupe d’intérêt se coalise. Et la synergie créée entre ces groupes peut influer sur la marche du pays et sur le pouvoir en place.
SITUATION DES DROITS DE L’HOMME EN RD CONGO.
Paul Nsapu, le deuxième intervenant, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour dépeindre la situation des droits de l’homme en RD Congo.
Dans une méthode interactive, il amené l’auditoire à prendre conscience des insuffisances, pire des déficiences des droits de l’homme en RD Congo.
Le pouvoir se présente sous forme d’un triangle dont la base est le peuple.
A l’époque de la dictature de Mobutu, le triangle était renversé, c’est la base qui subissait. Avec le processus démocratique, la base a commencé a récupérer progressivement son pouvoir et plusieurs piliers des droits de l’homme se sont mis en place. Et quand différentes manifestations étaient organisées, le pouvoir faisait des concessions, le peuple récupérait alors de plus en plus son pouvoir.
En 1997 avec l’entrée de l’AFDL et la prise du pouvoir par les armes, tout cela a été balayé. Les élections auraient pu nous permettre d’avancer. Mais hélas, est-ce le cas aujourd’hui?
Des élections ? Cela a été boutiqué par des acteurs étrangers parmi lesquels en bonne position le ministre des affaires étrangères belge de l’époque, monsieur Louis Michel. « Tout a été faussé. »
Peut-on affirmer aujourd’hui que :
- le Congo est souverain ?
- l’on a un pouvoir du peuple pour le peuple par le peuple ?
- le respect des droits de l’homme est exemplaire ?
- la liberté syndicale est au top ?
- la liberté d’expression est garantie ?
- la liberté d’association est garantie et réelle ?
- la liberté des réunions est garantie et réelle , elle aussi?
- les élections qu’on a eues ont été libres, transparentes, au sens noble du terme, sans exclusive ?
- la loi de la majorité est respectée ?
- la minorité est respectée et protégée ?
- la constitution est respectée ?
- la justice est indépendante et « juste » ?
- la diaspora a été impliquée ?
En conclusion, pour le défenseur des droits de l’homme qu’est Paul Nsapu, il ne fait l’ombre d’un doute, « le tableau des droits de l’homme en RD Congo est sombre, très noir. »
Face à tout cela, quelle solution ?
AIDER LES POPULATIONS EN RD CONGO.
Daniel Otto le troisième intervenant apporte une piste.
Il y a dix ans, le dossier « Congo » l’a interpellé. « Comment un pays aussi riche, pouvait-il avoir une population si pauvre ? » La fréquentation des Congolais, des belges d’origine congolaise et des belges ayant vécu au Congo l’a décidé à s’impliquer dans une action susceptible de contribuer au bien-être de la population.
Il existe bien des projets officiels d’aide au développement mais concrètement sur terrain, cela est-il si visible que cela ? A croire que tous les grands partis belges sont les mêmes. Mais le belge anonyme, le contribuable sait-il que son argent pourrait mieux servir les populations du Sud ?
Combien de contribuables belges aujourd’hui peuvent se dire satisfaits de l’action des hommes politiques en faveur du développement ?
Il y a néanmoins une bonne poignée de bons citoyens belges. Eux et la diaspora congolaise devraient travailler en synergie avec la société civile au Congo pour des projets susceptibles de profiter rapidement et directement à la population, localement.
Le politique ne devrait pas jouir d’un blanc-seing, le contribuable doit lui indiquer souvent ce qui doit être fait.
Quel avenir offre-t-on pour les jeunes Congolais?
N’ont-ils pas droit à un monde meilleur ?
C’est pour cela que l’idée de la mise sur pied d’une alliance citoyenne pour la RD Congo est née.
Et parmi les projets les plus urgents, il y a la création des fermes-écoles doublées de maisons de jeunes et de la culture ainsi que de centres de santé. Et dans ce genre de projets, beaucoup de belges de bonne volonté peuvent s’impliquer.
Il est nécessaire de ne pas confondre les mécanismes de l’Etat et de ses hommes avec l’opinion du belge anonyme.
Lors des échanges avec le public, bien de suggestions ont été faites :
S.A.R. la princesse Edwige Vincent de Bourbon dans un langage tranchant dit : « Les droits de l’Homme sont un outil précieux pour défendre ses droits. On devrait faire entrer cela dans la tête des jeunes, et nous devrions tous nous donner la main. La planète a suffisamment de ressources pour que tout le monde vive heureux. »
Pour Jean-Marie Dehayne, « ce qui manque, c’est une coordination de la communauté congolaise, une organisation mieux écoutée… Et dans les actions de jumelage, travailler avec la base via les chefs coutumiers. »
Pour monsieur Ntinu Firmin : « L’urgence, c’est de travailler l’homme Congolais, lui inculquer une échelle de valeur convenable. »
Madame Bitshilwalwa abondera dans le même sens, rejetant toute idée de fatalisme.
A l’issue de la manifestation les membres du cercle Kilimandjaro ont offert un verre au public, et les échanges ont ainsi continué durant plusieurs minutes encore.
Cheik FITA
Bruxelles, le 21 février 2009










