Bruxelles a été ce lundi 2 mars 2009 légèrement secouée par deux marches, l’une des camionneurs européens et qui s’est terminée devant l’Union européenne, l’autre des postiers qui s’est terminée à la place Fontainas sur le boulevard Lemonnier.
Au moment où dans notre pays le Congo l’expression de la population est pratiquement muselée et pire, ceux qui sont sensés représenter le peuple sont mis au pas par l’exécutif, il nous semble important d’observer attentivement comment se vit quotidiennement la démocratie de ce côté, et en tirer des leçons.
LES CAMIONNEURS AU ROND-POINT SCHUMAN
Pour les camionneurs ont-ils manifesté ? La réponse se trouve dans le tract distribué par les manifestants, et où l’on pouvait lire ceci :
« … En octobre 2008, une directive révisée sur le temps de travail du personnel mobile dans le transport routier était proposée par la commission européenne. Elle est actuellement débattue au sein du Parlement européen…. Cette législation pourrait engendrer des effets profondément néfastes, à la fois pour la profession de conducteur et pour le public, pace qu’elle consiste à augmenter la charge de travail des conducteurs professionnels indépendants, qui pourraient être appelés à travailler 86 heures par semaine, toutes les semaines, de tous les mois, de toutes les années ! Une semaine de travail de 86 heures est quasiment inédite en Europe, où le temps de travail moyen hebdomadaire est de 48 heures.
Avec peu, voire pas de temps de repos entre les trajets, les conducteurs mettent en péril leur sécurité ainsi que celle des autres, compte tenu de leur état d’épuisement… »
Devant le parlement européen, plusieurs discours ont été prononcés.
Le parlementaire européen Jean-Louis Cottigny, vice-président de la commission emploi et affaires sociales du parlement européen, et élu du Nord-Pas-de-Calais en France est monté à la tribune en guise de soutien aux manifestants à qui il a dit : « Nous nous battons pour vous au parlement. Mais votre manifestation est un grand soutien pour nous » En passant, le député socialiste a égratigné ses collègues parlementaires qui dans leurs campagnes disent une chose à la population, et lors des votes au parlement donnent leurs voix pour le contraire.
Aux dernières nouvelles, les députés européens de la commission emploi et affaires sociales ont rejeté la proposition de la Commission européenne, en attendant le même vote en assemblée plénière. Une victoire pour les camionneurs.
Le parlementaire européen Jean-Louis Cottigny
GREVE GENERALE A LA POSTE
Les employés de la poste eux, ont commencé leur marche à 12h30 à partir de la gare du Nord, direction place Fontainas où les dirigeants syndicaux se sont adressés aux 2000 participants à la marche :
Les postiers en ont :
- contre le management de l’entreprise qui ne poursuit que la rentabilité et le profit au détriment de l’ouvrier et du caractère humain du facteur, par exemple. Remplacement des facteurs par des livreurs sous-payés, fusion des bureaux, surcharge avec l’introduction du géoroute…
- contre le gouvernement fédéral qui ne fait rien contre le démantèlement programmé de la poste, entreprise publique, au contraire du gouvernement danois par exemple
- contre l’Union Européenne et ses directives : libéralisation et privatisation…
« Y en a marre, » lancera André Blaise, secrétaire général du CSC.
Conclusion de cette journée ?
L’Europe libérale ou l’Europe sociale ? Telle semble être la situation dans laquelle se trouve le citoyen européen aujourd’hui.
Et nous africains, et particulièrement, nous Congolais ?
Pendant que les libéraux trônent à l’Union Européenne, le côté humain et social de plusieurs secteurs trinque.
Quelle pourrait être la politique des libéraux européens vis-à-vis de nos pays d’Afrique noire où les droits les plus élémentaires sont bafoués, où les partis qui se disent libéraux sont en réalité des nids de truands, et d’individus cupides ne craignant ni Dieu, ni la loi, ni la population ?
Ne devrons-nous pas regarder par deux fois tout ce qui nous est proposé par les libéraux européens ? Rédaction de la constitution, mode électoral, plans d’investissements, codes forestiers, projets de privatisation des secteurs comme les mines, les chemins de fer, l’énergie électrique, les télécommunications, la poste… ?
Cheik FITA
Bruxelles, le 3 mars 2009

André Blaise, secrétaire général du CSC




