

Le MD, "Mouvement des Démocrates" parti que dirige madame Justine Mpoyo Kasa-Vubu a organisé une table ronde euro-africaine le mercredi 20 mai 2009 au Brussels Club Istituto di Skriptura à Bruxelles.
Thème : Nouvelles perspectives d’une bonne gouvernance pour un développement durable au Congo et en Afrique dans le cadre d’une dynamique Euro-Africaine.
Parmi les orateurs, plusieurs personnalités de différents horizons : le maître des lieux, le Comte Leonardo Alaeddin Clerici ,l’ingénieur géologue Jacques Bal, la sénatrice belge du CD&V Sabine de Bethune, le député CDH Georges Dallemagne, Marie-Louise Ngandu, présidente Europe de l’UREC, Jean Bofane écrivain, Professeur Mufuta Kabemba, Omer Nkamba, ancien gouverneur du Kasai Oriental.
Dans le dépliant distribué on pouvait lire cette longue réflexion :
« La République Démocratique du Congo joue un rôle crucial dans l’équilibre de l’Afrique Centrale. A long terme, un Congo ayant recouvré force, stabilité et ayant renoué avec le développement économique et la croissance sera sans conteste l’une des clefs pour l’émergence d’une économie africaine forte.
Toutefois, le potentiel que représente le Congo pour la Renaissance africaine a été sérieusement affecté par la guerre, les drames humanitaires et l’exploitation illégale des ressources naturelles. L’urgence de la situation recommande assurément une action forte et immédiate pour restaurer la paix et la confiance.
Le développement durable figure en tête de liste des grandes priorités de l’agenda africain et nous allons voir dans quelle mesure ce développement peut effectivement s’inscrire dans le cadre d’une dynamique euro-africaine, à travers les questions suivantes : Quels sont les piliers pour un développement africain ? Quelle stratégie de développement et d’échanges mettre en œuvre et comment nos partenaires peuvent contribuer à renforcer les valeurs nécessaires ? Quelle politique étrangère pour accompagner ce développement mutuel ?
Par ailleurs, le contexte mondial actuel nous impose une action rapide et énergique, pour surmonter les défis les plus immédiats avec une réflexion à long terme. Il s'agit de poser les jalons du développement africain dans un environnement multipolaire. Nos orateurs nous feront part de leur vision et de leur expertise sur ces sujets. »
De différentes communications ainsi que des discussions entre participants, un certain nombre d’idées fortes se sont dégagées :
- La situation actuelle de la RD Congo interpelle plus d’un et il est grand temps que la descente aux enfers s’arrête.
- Il y a certes eu un processus électoral. Mais aujourd’hui, après l’euphorie et le battage médiatique, les limites de ce processus commencent à apparaitre au grand jour avec leurs effets pervers. Et il est important de corriger le tir pour ne pas être complice de l'enracinement d’un régime totalitaire.
- Des préalables doivent être remplis dont la mise en place d’institutions réellement démocratiques, et la lutte contre l’impunité. Les bourreaux prenant les rennes du pouvoir, les victimes abandonnées.
- L’injustice criante qui apparaît sous la forme de deux poids deux mesures : on arrête les paisibles citoyens, et des gens comme Nkundabatware auteurs de toutes sortes d’exactions ne sont toujours pas jugés. Comment dans ces conditions construire une société égalitaire ?
- De notre diplomatie, il y a des interrogations. Existe-t-elle vraiment ? A-t-elle assez de latitude, pour défendre et préserver notre souveraineté ? Pour se donner un contenu solide dans le jeu international actuel ? Ne sommes-nous pas piégés comme ce fut le cas lors de la révolution industrielle qui a conduit à la ruée vers les matières premières via la colonisation ? la révolution technologique actuelle n’est-elle pas un remake de cette situation ? Un autre piège où nous nous trouvons, en tant pays réservoir de matières premières, convoitise de tous les prédateurs, quitte à créer des « rebellions », à soutenir l’invasion par des pays voisins logiquement moins nantis ?
- Nécessité d’associer la dimension symbolique de notre culture, d’y retrouver la valeur intrinsèque de toute démarche pour la construction d’une identité nationale, nécessité pour l’homme congolais de faire une sorte de retour dans sa propre identité afin de puiser les arguments nécessaires pour se défendre face aux différentes agressions.
- Dans leur accompagnement, les partenaires étrangers doivent être attentifs aux aspirations profondes du peuple. Des signaux pouvant nous faire croire qu’il n’y a pas cécité ou absence d’expertise réelle se font attendre. L’enthousiasme seul ne suffit pas au risque de tomber dans la naïveté.
- Y a-t-il de la part de nos partenaires bonne foi ou mauvaise foi dans l’approche de nos problèmes ? Dans l’émission des thèses ? Y a-t-il volonté d’imposition d’une vision ? De mise de coté des autres dimensions ? Est-ce une politique voulue ? Nos interlocuteurs ne parlent-ils pas en réalité au nom des lobbys ? Comment peut-on envisager des projets pour le Congo en laissant les Congolais en dehors de toute conception ?
- Nous pouvons changer les choses, nous avons un vivier immense, nous avons un « peuple béni », qui respire une grande capacité de régénération littéraire, artistique, économique.. donc, dans tous les autres domaines, même politique.
- Associer une approche tout à fait complémentaire du monde européen, la nécessité de comprendre que l’Afrique berceau de toute civilisation, ne doit pas être vue comme une entité de délaissés, c’est un vivier à mettre en exergue. Le bassin méditerranéen doit se voir des deux rives, Afrique et Europe. D’où la nécessité de se mettre ensemble, pour construire un monde meilleur, d’où l’utilité de collaborer et de travailler ensemble, de transcender tout clivage pour se retrouver dans un cadre continu…
- Le monde est un, nous pouvons unir nos efforts pour aller de l’avant.
- Accent devrait davantage être mis sur les différentes attitudes du Rwanda face au Congo : incursions, pseudo-collaboration avec la RD Congo, et derrière tout cela ?
Les leçons ?
Il y a une volonté de faire quelque chose de la part des partenaires européens, notamment de la part de la Belgique.
Mais le plus important pour l’africain, pour le Congolais, c’est de travailler son ego.
Comment ?
Dresser une feuille de route, fixer les tâches, élaborer des stratégies, s’unir, éviter l’attentisme, concevoir des partenariats, mettre en place des parrainages..
Commencée en matinée, la table ronde a pris fin peu après dix-neuf heures trente.
Les organisateurs ont promis l’édition d’une brochure contenant les différentes réflexions.
Grâce à de telles initiatives, nous
pouvons espérer le décollage d’une nouvelle Afrique.
Cheik FITA
Bruxelles, le 21 mai 2009