photo Cheik FITA
Il y a huit mois, la politique politicienne l'a fait partir de l'exécutif par la petite porte, le CD&V Yves Leterme revient par la grande, fort de son poids électoral, sans pour autant avoir mis le turbo afin d’engranger le maximum de voix.
Il devient le nouveau ministre belge des Affaires étrangères et du Commerce extérieur.
Quel intérêt cela présente-il pour la RD Congo et pour la communauté congolaise de Belgique ?
Les élections belges de juin dernier auront beau avoir été régionales et européennes, leurs effets se ressentent à tous les niveaux. Même le gouvernement fédéral vient de bouger, et dans la foulée, le dossier Congo devrait aussi être réexaminé sous un nouvel éclairage.
Dossier Congo dans la diplomatie belge
Yves Leterme devra éviter certains effets pervers de la politique de ses prédécesseurs , surtout ceux découlant de la politique de Louis Michel.
Le nouveau locataire du n° 15 rue des petits Carmes devra être attentif aux points suivants : les échéances électorales, le cinquantenaire de l’indépendance du Congo et les contrats chinois.
Deux échéances électorales sont en vue au Congo :
- 2010 (?)
Elections locales
Pour les élections locales qui auraient dû avoir lieu en 2006 bien avant les
législatives, la présidentielle et les provinciales (Voir accords de Sun city). Il s’agira de ne pas cautionner la tenue d’élections sans un recensement de la population, sans carte d’identités.
Ici en occident on a le recensement de tout : population, animaux domestiques, arbres… Trois ans après, le ministère congolais de l’intérieur n’a pas d’excuses pour cette carence.
- L’interlocuteur en matières électorales ce n’est plus la CEI, mais bien la CENI.
- 2011: élections générales. Si le pouvoir actuel de Kinshasa travaille bien et se présente devant les électeurs bilan positif à l’appui, il peut convaincre les électeurs et rempiler. Au cas contraire, l’alternance ne devrait offusquer personne, quand le souverain primaire s’exprimera. Malheureusement, il y a une maladie chez nos politiciens : Le pouvoir pour le pouvoir ainsi que pour son propre profit. Des signes qui ne trompent pas doivent être pris au sérieux : musèlement de la presse, quasi-monopolisation des médias publics au profit du pouvoir en place, restriction de la liberté de manifestation des partis de l’opposition, mise au pas de la société civile…
Les contrats chinois.
« Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts »
Qu’est-ce qui a poussé Kinshasa à recourir à la Chine ? Y avait-il des dessous de table ? Comment la Belgique peut-elle être économiquement plus présente en RD Congo ?
La vision paternaliste est-elle complètement révolue ?
L’expertise belge d’origine congolaise est-elle suffisamment mise à contribution ?
Mais surtout quelle est le dividende de la population congolaise avec les chinois ou avec une coopération belgo-congolaise plus prononcée ?
Le cinquantenaire de l’Indépendance pour 2010.
Evénement à forte dose émotionnelle, la tentation de récupération politique sera grande et dans le camp du pouvoir, et dans celui des forces du progrès. Autant le premier voudra « étatiser» cela pour d’éventuelles retombées électorales en 2011, autant, et c’est de bonne guerre, l’opposition ne manquera pas de brandir tous les rendez-vous manqués depuis cinquante ans, tous les gâchis, et transformer à la rigueur ce cap en point de rupture. Au ministère belge des affaires étrangères de ne pas être pris en tenaille, mais de jouer à l’équilibriste. Ce ne sera pas aisé.
Pour la communauté congolaise de Belgique : une meilleure visibilité
En Belgique, la communauté congolaise ne peut plus être ignorée. Il y a eu six élus subsahariens à Bruxelles, dont quatre d’origine congolaise. Le poids politique d’Yves Leterme ajouté à cette représentativité, devraient permettre à son parti au niveau fédéral comme au niveau régional d’influer positivement sur la vie des Congolais de Belgique et des Belges d’origine congolaise.
Le quartier Matonge de Bruxelles point de répère de la communauté subsaharienne en général, et des Congolais en particulier doit être relooké. Est-ce exagéré de penser à un centre culturel belgo-congolais à Bruxelles dans de brèves échéances? Pourquoi pas pour le cinquantenaire de l’indépendance de la RD Congo ? Pourquoi pas dans le quartier Matonge de Bruxelles ? Pourquoi pas avec des fonds venant et du gouvernement congolais et du gouvernement belge ?
Autant la capitale Kinshasa est qu’on le veuille ou non, le miroir de la RD Congo, autant aujourd’hui les aspirations profondes de la communauté congolaise de Belgique sont un indicateur non-négligeable de ce que les Congolais voudraient que leur pays soit, que les relations entre leur pays et la Belgique soient. Yves Leterme a les cartes entre ses mains.
Cheik FITA
Bruxelles, le 17 juillet 2009
Yves Leterme respectant patiemment le feu rouge, au coin de la Chaussée de Wavre et rue de la paix au quartier Matonge de Bruxelles
Feu vert! Yves Leterme passe
Ci dessous, notre interview d'Yves Leterme après sa visite à Matonge