En ce dernier dimanche du mois d’avril 2007, Bruxelles la capitale de Belgique a été prise d’assaut par des dizaines de milliers de guides et de scouts venus des quatre coins du royaume.
Gares, trains et métro bondés, tel a été le spectacle que ces joyeux jeunes ont donné durant toute la journée. En uniforme, chantant, marchant en groupes bien organisés et disciplinés.
Des concerts et des animations ont eu lieu à plusieurs endroits. Le point culminant sera le spectacle sur la paix donné au stade Baudouin 1er et interprété par près de trois cents guides et scouts.
Au-delà de la très bonne organisation, œuvre de la direction du mouvement scout de Belgique, il y a eu une grande mobilisation de la police, une couverture médiatique optimale, ainsi que des centaines de stewards et des bénévoles. Tout se déroulera sans incident. Après l’évènement, chaque guide ou scout rentrera en toute sécurité chez lui, les yeux pleins d’étoiles et d’étincelles pour des années.
Pour couronner le tout, les plus hautes autorités du pays témoigneront de leur attachement à l’encadrement de la jeunesse par leur présence à la manifestation : le Premier Ministre Guy Verhofstadt qui arrivera sur les lieux à 15h55, et le Prince Philippe qui prononcera le mot de circonstance, marqué par certains mots clés, et caractéristiques du scout : générosité, gratuité, fraternité, belles valeurs de la société, accueil, attention aux plus faibles. Le temps d’un week-end, toute la nation belge aura été ainsi mobilisée autour de sa jeunesse.
En tant qu’originaire d’un pays subsaharien, nous ne pouvions manquer d’essayer de voir combien de noirs étaient parmi les participants. Résultat ? : Autant chercher une aiguille dans une botte de foin! Les raisons ? Nombreuses. Mais l’une d’elles, mérite d’être épinglée : Comme tous les dimanches, la plupart des parents, congolais surtout, entraînent avec eux leur progéniture dans les multiples petites églises dites « du réveil. ». Églises aux contours flous, aux contenus souvent discutables et surtout ayant une gestion de temps des cultes, très aléatoire. Dans tous les cas, ignorant les besoins et la psychologie de l’enfant.
Comment s’étonner que plus tard, ces enfants devenus adultes puissent se retrouver en marge de leur nouvelle patrie, en matière d’emploi par exemple? Encore que dans le pays d’origine de leurs parents, enfant est tout, sauf une priorité ! Ne rime-t-il pas avec enfants-soldats appelés « kadogo » et « enfants de la rue appelés « shégués » ?
Heureusement que parmi les groupes musicaux ayant animés l’événement, il y a eu l’association « artisans de Paix » composée en majeure partie des originaires du Congo et qui se sont produits à deux endroits :
- Au parc Josaphat avec les jeunes rappeurs de José « Hors la loi » et ceux de« Basta, rotation»
- A la place de la monnaie avec l’artiste musicien Marcel Nzundu et son groupe. Ils y tiendront en haleine le public durant 90 minutes avec des chansons et des messages à thème et en français pour la plupart : Bel avenir, Aimons la paix, combien de temps, aimer toujours, Bolingo, Malaïka, Peuple, Avant la guerre, Nzala, Unissons-nous…
Le thème très actuel du réchauffement climatique aura aussi été abordé dans un extrait de conte africain, « le ver et le fruit. » Et pour cause : il y a vingt-deux ans à la même date et au même lieu il y avait de la neige, alors que ce dimanche, deux mois avant l’été, il faisait 23 à 30° ! Et dans vingt-cinq ans, quand les jeunes scouts d’aujourd’hui seront adultes, quelle sera la situation climatique si les décideurs d'aujourd'hui restent apathiques?
Il est 18h35 quand le mot d’au revoir est prononcé. Pour la sortie groupe par groupe, des instructions en français et en néerlandais sont communiqués aux jeunes participants à travers une méga sono composée d’une cinquantaine de gros baffles.
Cheik FITA
Bruxelles, le 30 avril 2007