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Les vedettes du jour, attendues ou ayant presté, c’était des groupes d’adultes ayant des activités destinées aux jeunes et surtout des jeunes rappeurs de la communauté black : Schilo, Phléomen, Christian Style, S’try, Bereta, Erudits du mic, Big Lion Dream, X Caporal, les Gathés, Alino KAZ, Hip hop family, Tony Stone, Masta Djeex, section 1-9, Dikwan, Blocs Brothers, Ashina, Alain Waku, Sam Banza … Une dizaine de jeunes mannequins improvisés, triés au hasard dans le public feront aussi l’événement en défilant sur le podium, en costume africain.
Pour les organisateurs, c’est un petit exploit de réunir sans incident majeur, autant de jeunes bruxellois de la communauté black et appartenant à des bandes souvent rivales : Schaerbeek, Simonis, Madou, Anderlecht, Ixelles…
L’asbl BA YAYA, rompue dans le travail de médiation en milieu des jeunes a été très attentive à l’évolution du climat qui régnait lors de la manifestation. C’est ainsi que vers 21h00, avec un appui discret de la police, des jeunes un peu surchauffés ont dû être exfiltrés de la salle de spectacle.
Un des objectifs poursuivis par la manifestation était aussi de sensibiliser ces jeunes à la pandémie du sida, d’où le lancement de l’opération « STOP SID’AFRICA 2007-2010 » dans le discours d’ouverture. Conséquence, plus de mille préservatifs dons du Siréas ont été ainsi distribués. Un bon tiers de ce jeune public ayant entre 14 et 17 ans s’est également servi. C’est dire à quel point il n’y a plus rien à cacher aux ados.
Campagne électorale oblige, une dizaine de candidats aux prochaines législatives belges étaient présents ou avaient largué leurs tracts : Anne-Marie Lizin et Carine Lalieux du PS, Walter Vandenbossche du CDenV, Marie-Cécile Ngamp, du cartel SPA/spirit, Gisèle Madaila, Solange Pitroipa, Charles H Dallemagne et Afaf Hemamou du MR, Bertin Mampaka et Mie-jeanne Nianga du CDH.
A 5€ l’entrée, les organisateurs ont dû se tirer les cheveux en faisant les comptes à la fin. Il n’y a pas mieux que les jeunes pour trouver des astuces afin d’entrer dans une salle de spectacles sans payer. Les préposés au contrôle à la porte étaient même devenus un peu nerveux face à cela.
Quand on pense que la salle a été louée à 1080 € (montant réduit de 30%), que la même somme devait être déposée comme caution, que l’impression des affiches et des tracts n’est pas gratuite… Et le transport des musiciens ainsi que celui du matériel? Le cachet des agents de sécurité ? Ce n’est pas avec les 840 € de recettes que les organisateurs auraient pu rentrer dans les frais. On comprend aisément que la sono n’ait pas été à la hauteur.
Les jeunes rappeurs habitués à arpenter la scène à grands pas avec des micros sans fil ne pouvaient que débrancher par mégarde les micros avec fil qui étaient mis à leur disposition. Conséquence, de fréquentes interruptions. Lors de ces petites pauses forcées, nous en profitions pour jauger le niveau d’engagement politique des jeunes : Ils ne connaissent par les candidats, encore moins les programmes des uns et des autres. Et jusqu’à ce jour, la plupart ne savent même pas pour qui ils voteront. Pire, c’était les ennuyer que de leur parler de la politique ! Ce n’est pas leur tasse de thé.
Pourtant, on sent une grande attente et beaucoup d’énergie chez les jeunes d’origine africaine. Au hasard d’une causerie avec le groupe Triple-g composé de jeunes nés à Goma, vivant en Flandre, nous apprendrons qu’ils parlent tous plusieurs langues, qu’ils ont arrêté les études. Pourquoi ? Question ! La musique apparaît alors pour eux comme la seule voie de salut. Est-ce suffisant comme ouverture aux jeunes pour l’avenir d’une nation multiculturelle comme la Belgique ?
N’y a-t-il pas nécessité et urgence de création de lieux culturels d’accueil pour les activités de tous ceux qui se sentent en marge de la société ? Ou à défaut, les différents lieux qui existent ne devraient-ils pas envisager une politique d’approche de tous ces jeunes afin d’intégrer leurs activités dans un programme d’ensemble ?
N’est-il pas nécessaire de trouver des modalités moins tortueuses d’octroi de subsides aux associations actives chez les jeunes de la communauté ?
La multitude de candidats députés et sénateurs qui n’apparaissent dans la communauté black que tous les cinq ans pour la « chasse » aux voix, appréhendent-ils suffisamment le désarroi de ces jeunes ? Sinon, le temps n’est-il pas venu de former ces jeunes à la vie citoyenne afin que lors des prochaines échéances électorales, des gars issus de leur milieu soient candidats pour défendre leurs intérêts ?
Bruxelles, le 20 mai 2007
Cheik FITA