BEA DIALLO « LA COMMUNAUTE BLACK DE BELGIQUE EST DEVENUE UN ELECTORAT »
Anne VAN GOEY : « IL FAUT ECOUTER LES JEUNES »
Il vient de se tenir à Bruxelles la première édition d’un festival dénommé Festival des jeunes « WELCOME TO AFRICA » piloté par des jeunes sous l’encadrement de l’asbl MEDES de Belgique. C’était le vendredi 24 et le samedi 25 août 2007.
Lors de la première journée au théâtre Molière de la Galerie Porte de Namur, les activités suivantes ont eu lieu :
- Une exposition d’œuvres plastiques de l’art africain
- Une conférence animée par madame Faïk Nzuji
- La présentation de la pièce théâtrale « Le syndrome de Canh » de Cheik FITA,
- Un one man show d’ Olivier Kayomo: Footballeur ou immigré
- Le récit d'un conte par Boyikasse : Mots de Pass/Mots Clefs.
La journée du samedi a été consacrée aux activités sportives ainsi qu’à des prestations de groupes de jeunes rappeurs, danseuses et danseurs d’origine africaine dont : The cage, les érudits du Mic, Gamb’s et Job, fenomenal Project, Za, Abou Medhi.
Des mamans africaines ont proposé au public différents mets de l’art culinaire du continent noir.
Quels étaient les objectifs poursuivis par ce festival ?
Voici la réponse d’Elise Mabaya du MEDES, organisatrice :
« - Sensibiliser les jeunes sur les méfaits de la violence et sur l’auto prise en charge
- Echanger les expériences entre les jeunes sur différents thèmes liés à leur vie
- Conscientiser l’esprit des jeunes oeuvrant dans les bandes urbaines
- Amener les jeunes à prendre connaissance de diverses cultures africaines
Offrir un cadre de loisirs aux jeunes. »
Autrement dit, il y a un grand malaise dans la communauté africaine de Belgique. Quelles en seraient les causes profondes ?
Voici la réponse des organisateurs du festival :
· l’absence de dialogue et/ou mauvaise dialogue avec les parents
· la rupture de la confiance entre parents et jeunes suite à des confidences dont les parents ont un usage répressif
· l’imposition des parents aux jeunes de leur vision du monde qui est totalement incompatible avec l’univers dans lequel vivent et évoluent les jeunes
· la manipulation des jeunes par les adultes dans des sales besognes à causes d’argent
· la rivalité non constructive entre les jeunes de différentes bandes
Présent à la manifestation, le député bruxellois Béa Diallo, échevin de la jeunesse d’Ixelles, un des parrains de la manifestation nous a livré son approche de l’événement.
Question :
Monsieur Béa Diallo, vous êtes échevin de la jeunesse de la commune d’Ixelles, quel sens donnez-vous à la manifestation d’aujourd’hui organisée par l’asbl MEDES ?
BEA DIALLO
Je trouve d’abord ces jeunes super-dynamiques vraiment. Ce qui est important, ce que les jeunes d’abord se prennent en main avant tout ; et ils décident d’organiser
Une journée comme ça ,on ne peut que les soutenir et les encourager.
Ce que je trouve dommage ce qu’il n’y a pas assez de papas. Parce que le sens était de dire qu’on va rassembler les papas et leurs enfants ensemble pour qu’ils puissent se retrouver et apprendre à mieux se connaître. C’est vraiment très important, parce que les jeunes prennent des initiatives et apprennent à se connaître, apprennent à se rencontrer dans d’autres circonstances, différentes des circonstances dans lesquelles ils se rencontrent habituellement où parfois c’est des contextes de violence etc.
Question :
Dans votre action journalière par rapport à vos attributions, quelles genres de contacts avez-vous avec la jeunesse d’Ixelles plus particulièrement la jeunesse qui est en décrochage scolaire.
BEA DIALLO
Moi quand je suis arrivé à Ixelles, on m’a confié l’échevinat de la jeunesse, et je me suis rendu compte qu’en matière politique qu’ils ont mis en place au niveau des jeunes, il y a une très bonne politique pour les jeunes de deux à douze ans et tout le reste on a un peu abandonné alors que les vrais problèmes commencent à partir de l’adolescence et donc j’ai essayé de mettre en place une véritable politique à l’intention de tous les adolescents. Nous sommes maintenant en train d’élaborer le budget pour qu’on puisse nous donner les moyens d’accompagner cette politique particulièrement ciblée sur les jeunes qui sont beaucoup à Matonge, donc les jeunes d’origine africaine qui ne sont pas nécessairement des ixellois. Parce que ce sont des jeunes qui viennent d’un peu partout. Comme notre quartier c’est Matonge, on est en train de mettre en place une véritable politique et j’ai envie de lier cette politique non seulement impliquer la jeunesse mais autour de ça une synergie avec le sport et avec les matières culturelles
Question :
Les jeunes black on les reconnaît plus par la musique. Est-ce que vous avez pensé à diversifier un peu les activités culturelles pour que leur formation soit un peu plus complète ?
BEA DIALLO
Mais justement c’est ce je dis : on nous stigmatise toujours soit dans le sport, soit dans la musique. Je crois qu’il est important de diversifier tout ça et que pourquoi pas jouer du théâtre etc. on essayera vraiment d’élargir tout ça et d’avoir un sens plus grand que ça aussi et qu’il est important de mettre aussi en place des écoles du devoir. Parce qu’il est important d’avoir une certaine éducation intellectuelle aussi liée parce que souvent on mise tout sur le sport on mise tout sur la danse, mais malheureusement comme on dit souvent « il y a beaucoup d’appelés et très peu d’élus » Pour gagner sa vie sportivement, c’est pas évident. Je pense qu’il est important d’avoir aussi un bagage intellectuel derrière. Donc c’est important de former nos jeunes.
Question
Un dernier message pour tous ces jeunes qui fréquentent Matonge sans savoir ce qu’ils veulent là-bas ?
BEA DIALLO
Je leur dirai justement.. parce que j’étais en contact avec quelques jeunes qui m’ont demandé si je ne pouvais rien faire pour eux : « Moi ce que je vous demande c’est de venir me voir. Moi Je suis échevin pendant six ans, je suis échevin de la jeunesse. Je suis comme vous, un jeune black , j’ai été aussi un jeune qui a été à la recherche de son identité. Aujourd’hui vous avez la chance d’avoir quelqu’un qui est comme vous, venez me voir et on va mettre des projets en place ensemble, et voir ce dont vous, vous avez réellement besoin. Moi je défendrai le projet pour qu’on vous donne les moyens afin que vous puissiez les réaliser. »
Le message serait de leur dire de ne pas se décourager
De ne pas dire que de toutes les façons tout le monde s’en fout d’eux et que ça sert à rien ce qu’ils font etc., etc. Ils doivent se donner plus d’importance et dire qu’ils existent quoi. surtout que la communauté aujourd’hui prend de plus en plus d’importance en Belgique , qu’on a des choses à dire, qu’on nous considère, parce qu’il y a un électorat , le gens commencent à respecter. Ils doivent savoir qu’ils ont leurs droits .
Un des grands partenaires de ce festival était le cabinet de madame Brigitte Grouwels (CD&V), Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale chargée de l’égalité des chances, de la Fonction publique et du Port de Bruxelles
Voici l’approche du cabinet, donnée par madame Anne Van Goey , chef de la cellule égalité des chances :
Question :
Quel est votre regard par rapport au festival des jeunes WELCOME TO AFRICA ?
Comment l’avez-vous trouvé ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Que vous suggérez-vous ?
Anne Van Goey :
Représentant le cabinet de la secrétaire d’Etat madame Brigitte Grouwels, j’ai participé au festival le vendredi quand on a discuté dans le fond sur les relations de parents et des jeunes et je trouve que c’est très intéressant d’avoir lu, d’avoir reçu les recommandations des jeunes eux mêmes, ils ont distribué un document , je suppose que vous avez ce document aussi.
Les causes et les recommandations qu’ils évoquent seront pris en considération par la secrétaire d’’Etat madame Brigitte Grouwels. Malheureusement elle ne pouvait pas assister au festival. Elle va rencontrer les participants des activités de MEDES bientôt. La semaine prochaine , il y a une activité de MEDES qui a été subventionnée par la région capitale aussi, comme le festival des jeunes. Et cela parce qu’elle accorde beaucoup d’importance au soutien des jeunes à Bruxelles en général, et aux jeunes d’origine africaine en particulier, pour le cas présent.
Question
La communauté black est souvent stigmatisée par la musique seulement et la danse. À supposer qu’il y ait un projet où l’on voudrait employer l’outil théâtre. Par exemple que des jeunes jouent une pièce de théâtre , pour pouvoir tenter de monter sur les planches et changer de mode de vie, est-ce qu’il est possible qu’on espère que votre cabinet soutienne un tel projet initié par les jeunes ou bien pour les jeunes ?
Anne Van Goey
Oui bien sur évidemment, je crois que c’est même la nature du festival des jeunes de la semaine passée, le vendredi aussi bien que le samedi. ça ne doit pas être un projet strictement académique, universitaire, au contraire. Je dirai, qu’il faut des initiatives qui sont proches du vécu des jeunes. On va les entendre… Donc c’est un outil comme vous le mentionnez vous-même. Aussi ce serait bien de promouvoir réellement l’exercice, en écoutant leur voix et ce qu’ils ont à dire que ce soit par le moyen du théâtre ou dans un cadre plus formel comme le document qu’ils ont dressé avec patience et après beaucoup de réflexion. Peu importe l’outil, je crois que pour la secrétaire d’état , le plus important c’est vraiment de les écouter quoi.
LIENS UTILES : http://www.brigittegrouwels.com
. Cheik FITA
Bruxelles, le 31 août 2007