Professeur NGAL, Cheik FITA, Faïk NZUJI
HUIT MULONGO
Dominique Gillerot & MUMBERE
YOKA et MUEPU MUAMBA
KAMA KAMANDA
SALLE DE LA BELLONE
CIBALABALA, NGAL, FITA
FAIK NZUJI et Jean BOFANE
Pius NGANDU et Antoine TSHITUNGU
MUKALA KADIMA-NZUJI, Cheik FITA et Pius NGANDU NKASHAMA
Une centaine d’artistes congolais séjournent actuellement en Belgique dans le cadre de « YAMBI » un « programme d’échanges, de découvertes, de rencontres » entre la Wallonie-Bruxelles et le Congo. Parmi ces invités, des écrivains : dramaturges, conteurs, romanciers, poètes …
Au moment où le Congo notre pays est plus que jamais l’objet de toutes les convoitises tout en figurant et parmi les pays les plus pauvres du monde et parmi les pays les plus corrompus, la rencontre à Bruxelles entre une vingtaine d’écrivains congolais ne peut-elle pas inciter à s’interroger une minute sur la place de l’écrivain congolais dans sa société, aujourd’hui ?
Le Congo offre au monde un visage lamentable dans pratiquement tous les secteurs. Est-ce normal avec nos richesses naturelles? Qui sont les premiers responsables, n’est-ce pas nous-mêmes les congolais ?
La misère qui gronde dans nos campagnes et nos villes peut-elle prendre fin ? Peut-elle prendre fin sans un profond changement, n’ayons pas peur de mots, sans une révolution ?
Si un changement qualitatif profond devrait s’opérer au profit de notre peuple, qui devraient en être le moteur, n’est-ce pas nous-mêmes les congolais toujours ?
Dans l’histoire des révolutions, les écrivains et les artistes n’ont-ils pas souvent été à l’avant-garde du combat ?
Oui, car avec quoi galvanise-t-on les troupes ? N’est-ce pas avec quelques slogans ? C’est-à-dire quelques mots ?
Et qui dit mot ne pense-t-il pas à écrit ? Et qui maîtrise mieux la magie des mots à part l’écrivain ? Et qui maîtrise mieux le rendu du mot à part l’artiste ?
Disons un mot du mot.
Le jour où il y a référendum dans un pays, le citoyen n’a droit qu’à deux mots : Oui, ou non.
Lors du deuxième tour des élections, le citoyen n’a le choix qu’entre deux noms, deux mots : Songolo ou… Pakala !
Lors des manifestations, des revendications ouvrières par exemple, les panneaux ne comportent qu’un court slogan. C’est-à-dire, quelques mots.
Oui, les conséquences du choix d’un mot au lieu d’un autre, sont énormes. Pour plusieurs années, pour plusieurs décennies.
C’est à des moments pareils qu’on prend conscience à quel point un mot ne vaut pas un autre.
Oui, le mot, chaque mot a un pouvoir.
Oui, le mot est lâché : pouvoir !
N’ayons pas peur des mots, parlons un peu de ce mot : pouvoir !
Pouvoir ne veut-il pas dire ceci :
- capacité
- possibilité de faire quelque chose, d’accomplir une action, de produire un effet.
Tous les autres sens du mot pouvoir, sont venus bien après.
Chacune des congolaises, chacun des congolais destinataires de nos écrits aimerait bien faire entendre sa voix, crier sa misère.
Mais ensemble, les écrivains congolais ne sont-ils pas la voix de ces millions de sans-voix qui souffrent et qui ne demandent pas mieux que de vivre humainement, dignement ?
Mises ensemble, les œuvres des écrivains congolais ne sont-elles pas le reflet suffisant des aspirations profondes des millions d’anonymes, leurs lecteurs potentiels ?
Mis ensemble, ces écrits ne peuvent-ils pas avoir un impact positif sur la marche du pays ?
Ensemble, les écrivains congolais ne sont-ils pas des leaders d’opinion incontournables ?
Or, en ce moment, à Bruxelles, notre ancienne métropole et capitale de l’Europe, il y a non pas un, mais plusieurs écrivains, plusieurs magiciens de mots.
Chacun de nous n’a pas écrit un mot, mais des mots, des millions de mots.
Si un seul mot peut autant changer les choses, qu’en serait-il des millions de mots ? Des millions de mots magiques ?
Les écrivains congolais que nous sommes, sommes-nous en mesure d’inventer ces mots magiques capables de galvaniser notre peuple pour qu’enfin le Congo ne soit plus la risée du monde ?
Comme pour arranger les choses, plusieurs comédiennes et comédiens, plusieurs chanteurs, plusieurs danseuses et danseurs, plusieurs batteurs de tam-tam et de musiciens sont aussi là, sur la place de Bruxelles, ne demandant pas mieux que de faire exploser leur talent à travers des mots magiques…
A leur retour au pays, les écrivains congolais feront-ils mieux que les politiciens de la « table ronde » de Bruxelles en 1960 ?
Cheik FITA
Bruxelles, le 13 octobre 2007