« Ce qui n’est pas utile, on s’en débarrasse. »
Ce dicton pourrait s’appliquer aux universités du Congo. Pourquoi ?
Dans tous les pays du monde, et surtout les pays développés, l’université est une pièce incontournable pour le progrès économique, social et culturel. Les grandes recherches, les grandes innovations sont le fruit des universités et des universitaires. Les grandes entreprises ne se développent et n’accroissent leurs parts des marchés que grâce aux universitaires. Il est impensable de voir un chantier d’où l’universitaire est totalement exclu.
Prenons le cas de la construction d’une route. Il y a un certain nombre d’étapes pour cela.
Étapes de la construction d’une route
La construction d’une route est très complexe. Les travaux commencent bien avant l’arrivée de l’équipement lourd sur le chantier de construction.
1. Planification et consultation publique (de six à 12 mois ou plus)
2. Étude de l’environnement, levés et conception préliminaire (d’un an à trois ans)
3. Tracé et achat de terrain (deux ans)
4. Nivellement (d’un an à deux ans)
5. Ouvrages
6. Asphaltage, signalisation et éclairage
Une fois l’asphalte posé, le garde fou et le câblage électrique pour les lumières et les panneaux installés, la chaussée est marquée. La route peut maintenant être ouverte à la circulation.
Pour plus de détails, prière se référer au site du Gouvernement du Nouveau-Brunswick(Canada) : http://www.gnb.ca/0113/build-roads/hwy-construction-t2-f.asp
Qu’est-ce à dire?
Une route ou tout autre grand chantier naît d’abord dans l’esprit d’un ingénieur, d’une équipe d’ingénieurs.
- A toutes les étapes, il y a une présence impérieuse d’universitaires de différents domaines
- Où trouve-t-on ces universitaires ? Sur le marché local de l’emploi
- Depuis son indépendance, combien de diplômés de différents domaines notre pays a-t-il déjà sorti?
- Ces diplômés universitaires, sont-ils en mesure de concevoir un projet de route, d’autoroute, d’hôpital ? Sont-ils en mesure de conduire les travaux de réalisation de différents chantiers de bout en bout ?
- Si aujourd’hui le pays lançait un concours de conception de différents chantiers qui devraient voir le jour à travers le pays, les universitaires congolais seront-ils en mesure de proposer des projets fiables et adaptés et à notre culture, et à notre environnement, à nos besoins ?
Or, il se raconte que de multiples chantiers verront bientôt jour à travers le pays. Les universitaires congolais ont-ils été associés ?
Si oui, à quel niveau ?
Si non, pourquoi ?
Pour le développement intégré et intégral de notre pays, faut-il :
a) Importer tout, des pays qui nous font l’aumône à savoir, expertise, matériel, financement ?
b) Ou ne prendre que le financement à mettre à la disposition de nos experts, avec ponctuellement l’expertise que nous n’avons pas ?
Au cas où ceux qui viennent avec leur fric nous imposeraient leurs ingénieurs, quelle serait alors l’utilité pour le Congo de sortir des ingénieurs qui resteraient au chômage, regardant des ingénieurs d’autres pays faire leur travail chez nous, pour nous, parce que… Le fric n’est pas à nous ?
Quelle serait alors l’utilité pour le pays d’organiser des universités pour former des diplômés sans espoir de débouchés ?
En toute logique, ne serait-il pas alors sage de fermer les universités, et de laisser les jeunes se débrouiller comme cambistes ou autre occupation de dépannage, pourvu qu’on ne crève pas de faim ?
Cheik FITA
Bruxelles, le 13 janvier 2008
PHOTOS: site du Nouveau Brunswick