Ce vendredi 25 janvier 2008 entre 18 heures 30 et 20 heures a eu lieu une messe en mémoire de toutes les victimes:
- de la guerre à l’Est,
- de la lutte pour l’indépendance de notre pays face au colon belge,
- de la lutte pour le départ de la dictature de Mobutu
- Et bien sûr aussi de toutes les victimes de la nouvelle dictature naissante caractérisée par la présence dans les institutions du pays, d’étrangers, de personnes d’origine douteuse et d’aventuriers de tout acabit.
Avec bien entendu une pensée pieuse pour les amis du Congo dont feu Rudy BOGAERT, ancien rédacteur en chef du journal belge « père Ubu »
Ils étaient cinq pour officier cette messe : trois prêtres congolais Jean-Pierre Mbelu de Nivelles, l’abbé Gilbert Yamba et l’abbé Alphonse Kaninda d’Anderlecht, Andrew, un prêtre missionnaire ghanéen et Benoît Hauzeur, prêtre belge.
Dès le mot d’accueil, l’officiant du jour, l’abbé Jean-Pierre Mbelu a donné le ton. Tout en précisant le cadre de cette messe, il n’a pas manqué de se référer aux tristes réalités dans lesquelles vivent aujourd’hui nos compatriotes au pays :
- viols des enfants, des femmes
- humiliation des populations actuellement sous le joug de bandes armées
- tueries, massacres et extermination des populations entières
- Misère totale et le sentiment d’être étranger sur leur propre terre, alors que des étrangers rapaces viennent s’y enrichir et s’y engraisser sans vergogne.
Mais à ce tableau sombre, l’abbé Mbelu a ajouté une autre donne, la complicité de nos propres frères : cupides, corrompus, égoïstes et traîtres à la nation qui, pour leurs petits intérêts vendent leur pays.
Autant dans l’épître du jour tiré des écrits de saint Jean que dans l’évangile de saint Luc, l’abbé Mbelu trouvera les liens nécessaires pour non seulement appuyer ses constats, mais surtout montrer les pistes de sortie : le respect des dix commandements de Dieu dont l’amour de son prochain. Oui, il y a de l’espoir pour le Congo, pourvu que nous extrayions de nos cœurs la haine contre notre frère, que nous purifiions nos cœurs. Que notre Dieu ne soit plus le « billet vert », que nous obtenions le pardon de Dieu.
Dans un pays où plus de 80% de la population se dit chrétien, dans un pays où sur une rue, tous les cent mètres, il y a une de ces petites « églises » appelés à juste titre « binzambi-nzambi », on ne peut pas comprendre que tous ces « chrétiens » prétendent aimer Dieu alors qu’ils haïssent leurs compatriotes. De nous poser la question : « Et tous ces dirigeants qui s’octroient des salaires allant de 4000 dollars pour le député à 200.000 dollars pour le Président ? » Et à côté d’eux des fonctionnaires mal payés ou impayés, clochardisés ! Est-ce l’amour du prochain ?
Pour la parole divine, ce sont tous des menteurs car, « On ne peut pas prétendre aimer Dieu et haïr son frère. »
La solution ? Pour l’officiant du jour, il doit y avoir une véritable rupture dans notre vie. Il doit y avoir des grands changements dans notre pays, le plus vite possible, même durant cette année 2008. C’est possible.
Pour cela ?
Nous devons nous appuyer sur des valeurs sûres : l’amour et l’unité dans la diversité. Oui, nos quatre-cent cinquante ethnies sont une richesse.
Nous devons nous débarrasser de la peur, nous unir, éviter la division, le retournement perpétuel de la veste, la trahison.
Personne ne viendra construire notre pays à notre place. « Même pas les Chinois ! » A moins que nous ayons décidé de rester des éternels jouisseurs : Attachés au 4x4, aux belles cravates, aux honneurs …Aux femmes... Les fameux « BMW » quoi !
Le temps est venu pour que chacun de nous devienne combattant de la liberté. Oui, nous ne sommes pas encore libres.
Durant et à la fin du culte parole a été donné à un certain nombre de compatriotes soit pour des vœux, soit pour des messages. Et la série sera clôturée par Madame N’Landu, candidate aux précédentes élections présidentielles congolaises, et durant longtemps détenue dans les geôles du pouvoir.
Avant de se disperser la centaine de congolais et amis du Congo qui avait répondu à l’appel a visité au fonds de l’église, une exposition des témoignages des atrocités que subit notre population jusque maintenant.
L’action et le message de ce jour auront-ils une suite ? Oui, à certaines conditions.
Il se sent un certain froid à Bruxelles dans les milieux congolais. Non pas parce que nous sommes effectivement en hiver, mais dans la lutte des congolais contre la dérive totalitaire qui s’installe au pays. L’heure n’est-elle pas venue pour que tous ceux qui ont été très actifs ces dernières années, fassent leurs autocritiques ? Chaque congolais, chaque groupe, chaque association : méthodes, approches, analyses, objectifs, stratégies. Et surtout une grande dose d’humilité : ne pas se considérer comme incontournable. Car, la libération du Congo est comparable à la viande d’un éléphant : elle ne peut être contenue dans la seule casserole d’une femme. Fusse-t-elle la femme du chasseur qui a donné l’estocade.
De cette façon, le flambeau que viennent de rallumer les prêtres congolais de Belgique pourra non seulement éclairer notre marche dans cette longue nuit de lutte, mais surtout faire fuir tous les prédateurs et autres charognards tapis dans l’ombre, qui ne jurent que sur le démembrement de notre pays pour assouvir leurs appétits gloutons.
Cheik FITA
Bruxelles, le 26 janvier 2008