Ben Ali dégage. Ben Ali a dégagé.
Mubarak dégage, Mubarak a dégagé !
Un mot presque magique qui balaie les dictatures.
Ainsi, après Ben Ali de Tunisie, c’est au tour de Mubarak d’Égypte de prendre la tangente face au ras-le-bol de la population et à la pression de la rue. Après 18 jours de révolte, Moubarak abandonne la présidence.
Quelles leçons en tirer ?
C’est certain, l’effet domino de ce phénomène va se poursuivre. Et en cette année 2011, on peut déjà affirmer que bien de dirigeants de nos pays pauvres risquent d’être balayés, comme cela le fut des pays de l’Europe de l’Est durant les années 90 avec la Pérestroïka, comme cela le fut des pouvoirs coloniaux durant les années 60.
Durant les années 90, en RD Congo, la dynamique d’alors débouchât sur les conférences nationales, certains pays subsahariens devinrent ainsi des démocraties. Mais en RD Congo, la CNS, conférence nationale souveraine, fut combattue. Le séisme de l’époque profitât à l’AFDL, un mouvement qui tirât du feu les marrons déposés par d’autres.
En cette année 2011, près de quinze ans après mai 1997, le Congolais peut-il affirmer avoir une vie meilleure ? Les aspirations profondes du peuple ont-elles été entendues, prises en compte et satisfaites ?
Les dirigeants actuels de la RD Congo peuvent-ils affirmer piloter un système différent de ceux qui se font balayer au nord du continent ?
Mondialisation et nouvelles techniques de l’information aidant, sera-t-il facile d’étouffer les aspirations profondes du peuple ? Comme cela l’a été tenté sans succès par Ben Ali en Tunisie, et aujourd’hui Moubarak en Égypte ?
Les dirigeants actuels en RD Congo sauront-ils lire les signes de temps et se comporter en conséquence ?
Si non, l’effet « dégage ! » aidant, une simple bavure ne pourrait-elle pas facilement galvaniser la population, comme ce fut le 4 janvier 1959, quand le pouvoir colonial d’alors rapidement pris de vitesse et dépassé par les événements lâchât prise… Jusqu’à l’indépendance !
Indépendance désespéramment recherchée jusqu’aujourd’hui.
Cheik FITA
Bruxelles, le 11 février 2011