Longue longue, très longue marche en mémoire de Lumumba, le dimanche 17 janvier 2010 dans la ville portuaire belge d'Ostende. Il y a 49 ans, Patrice Lumumba mourait assassiné.
Pour honorer la mémoire de l'homme d'État congolais, une centaine de congolais et d'amis du Congo ont répondu à l'appel du collectif mémoire coloniale: rendre hommage à Lumumba au bord de la mer du Nord à Ostende.
Premier rassemblement, la gare centrale de Bruxelles. Une dizaine de policiers étaient aussi là! Quelques-uns prendront même le train avec nous.
À la gare d'Ostende, jonction avec ceux qui n'avaient pu prendre le train ainsi qu'avec la fanfare kimbanguiste de Bruxelles qui rythmera la marche jusqu'au West Staketsel, lieu la cérémonie d'hommage.
En tête du cortège: drapeau congolais de 1960 et effigie de Lumumba. Sur le parcours, des curieux, d'autres nous interpellant parfois sur la signification de l'action.
Sur l'estacade, Animation de la fanfare, discours, minute de silence, hymne national et enfin jet de fleurs dans la mer.
La marche reprendra le long de la promenade Albert 1. Escale à une statue du Roi Baudouin puis arrêt à celle du Roi Léopold II. Explications sur la raison d'être du monument.
Pourquoi les organisateurs ont-ils choisi la ville d'Ostende?
Depuis Léopold II, Ostende a profité des richesses tirées du Congo belge pour son expansion. Et Guy de Boek un des orateurs d’ajouter:
« Pourquoi être venus à Ostende ?
Vous savez tous que Lumumba n'a de tombeau nulle part, puisque son corps, d'abord enterré sommairement, a été entièrement détruit.
Mais depuis lors, certains des agents chargés de cette macabre besogne ont parlé, raconté leurs souvenirs. L'un d'eux, Soete, a expliqué qu'il avait sur le moment conservé des dents de Lumumba puis que, plus tard, ne sachant qu'en faire, il les avait jetées à la mer Puisque les deniers restes de Lumumba ont été jetés à la Mer du Nord, celle-ci est donc désormais son tombeau, »
C'est ainsi que des fleurs ont été jetées dans la mer par les manifestants.
Durant les discours, Pavelic Jofre, un journaliste chilien me soufflera à l'oreille: « Ils ont tué l'homme, pas l'idée. »
Il me dira que dans son pays, plusieurs intellectuels avaient été formés à l'Université Lumumba de Moscou et avaient ainsi de l'admiration pour le héros Congolais.
Avant de se séparer et pour se débarrasser du froid, les manifestants partageront de la soupe chaude tout en écoutant différents témoignages.
Cheik FITA
Bruxelles, le 18 janvier 2010