Bruxelles, samedi 23 octobre 2010 à partir de 14h30 à la porte de Namur, 6°, vent, pluie.
Malgré ce climat exécrable, un peu plus de cinq cents personnes ont répondu à l’appel de l’équipe de soutien à a famille d’Armand Tungulu pour manifester et contre la mort de celui-ci dans des circonstances non encore élucidées, et contre le recel de son corps jusqu’aujourd’hui, trois semaines après l’annonce de son décès.
Fait remarquable, parmi les manifestants un grand nombre venu de différents pays européens: Grande Bretagne, de France, du Luxembourg, Allemagne, Hollande…
Plus que lors de la manifestation d’il y a deux semaines, le déploiement policier était très impressionnant.
Pour éviter que les manifestants prennent n’importe quelle trajectoire, un cordon policier compact coupait la chaussée d’Ixelles : pas question de prendre la petite ceinture.
La manifestation commence par un tour vers la chaussée de Wavre jusqu’à l’entrée de la galerie. Animation, slogans, chants.
Très grande tension. La plupart des manifestants sont montés. Le déploiement policier est considéré par certains comme une provocation.
Jusqu’à l’arrivée aux abords de l’Ambassade des USA, la police surveille de près le mouvement des manifestants. Et toute tentative de débordement est rapidement maîtrisée. Par moment avec du gaz lacrymogène.
Les organisateurs avaient prévu de déposer deux mémo, l’un à l’ambassade des USA à l'intention du Président Barak Obama, l’autre à l’union Européenne.
Près de l’ambassade des USA, les manifestants sont encerclés. Seule la veuve et ses enfants, accompagnées des deux organisateurs franchissent la ceinture policière.
Un diplomate américain attend la délégation pour réceptionner la correspondance.
Les organisateurs voudraient avoir la suite du courrier précédent. L’ambassadeur des USA avait promis de dépêcher quelqu’un auprès de la famille pour le suivi.
Les organisateurs rentrent vers les manifestants et rendent compte.
La marche se poursuit alors vers le rond-point Schuman, siège de l’Union européenne.
Mais la dynamique de la manifestation est telle qu’il est difficile de respecter la trajectoire convenue avec la police.
A l’Union européenne, un mémo à l’intention de la Haut représentant des Affaires étrangères, madame Catherine Ashton ,est remis à un membre de son cabinet par Alhongo Paulin Mukendi de Londres et Henry Muke.
La police aurait bien aimé que la dispersion ait lieu là. Mais les manifestants rentreront groupés jusqu’à la porte de Namur en début de nuit pratiquement.
Suite à quelques débordements dont des vitres brisées, une dizaine de personnes seront interpellées. Trois passeront la nuit au cachot. Deux noms seulement nous ont été communiqués par les organisateurs : Anthony Elibo et Tabu.
Jusque minuit, les organisateurs ainsi que les délégués venus d’autres pays d’Europe se trouvaient au centre interculturel Nord=Sud pour un débriefing.
Que retenir de cette manifestation ?
Au vu des messages sur différents calicots affichés durant la marche, au vu des slogans, autres qualificatifs et chants anti-Kabila , pour les Congolais d’Europe, Joseph Kabila, c’est désormais du passé.
La mort d’Armand Tungulu et surtout le recel de son corps ont à ce point révolté les congolais vivant en Europe que lors des prochains scrutins, une forte campagne anti-Kabila sera orchestrée à partir de l’extérieur.
Chacun du demi-million de congolais vivant en Europe et aux USA entretenant au moins vingt personnes au pays, un typhon électoral ayant sa source en occident n’est pas à exclure.
Et si d’aventure la révolte des congolais contaminait la population au Congo plus tôt….
Cheik FITA
Bruxelles, le 23 octobre 2010