Lors du dernier sommet de la francophonie de 2010 à Montreux en Suisse, il avait été décidé l’organisation du sommet suivant à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012.
L’organisation éventuelle de cet événement n’est pas un fleuve tranquille. Pour deux raisons : la date et les pressions.
14 octobre ?
Le 14 octobre devra être le grand jour. Des flonflons et surtout, la photo « de famille ». Tous les Présidents et chefs de gouvernements avec à la première rangée, le « Président » qui accueille, le Président français, le Président du futur pays d’accueil, et Abdou Diouf, le Secrétaire Général.
Durant des années, la date du 14 octobre a été en RD Congo ex-Zaïre, une journée « chômée et payée ». c’était la journée de la jeunesse. On célébrait l’anniversaire de naissance du Maréchal Mobutu, alors Président. Une date ancrée malgré eux, dans la tête de la plupart des Congolais qui ont plus de 25 ans, et dans celle des mobutistes pour d’autres raisons.
Le 14 octobre 2012, il y aura des élections communales en Belgique. Une date qui était déjà connue lors des précédentes élections communales du 8 octobre 2006.
Ainsi,
Pour un pouvoir qui se vante d’avoir chassé Mobutu, il ne pouvait pas y avoir plus joli rendez-vous. Beau pied de nez!
Si la RD Congo avait été un pays où le droit de manifester existe, le 14 octobre prochain, on aurait assisté dans les rues de Kinshasa, à un défilé des nostalgiques de la JMPR avec ses différentes brigades. On aurait aussi assisté à la célébration d’une messe d’anniversaire à la cathédrale Notre-Dame de Lingwala !
Le tout, à la barbe des invités de marque, et devant les caméras de différentes télévisions du monde, venues pour la circonstance.
Pour un pouvoir dont la Belgique a été le seul pays occidental à féliciter le Président sortant, cette date ne pouvait pas plus mal tomber. L’équivalent de « Ngoy Mulunda » n’existant pas par ici, pour éventuellement modifier les dates du scrutin !
La plupart des hommes politiques belges sont candidats aux communales.
Les derniers jours de campagne ainsi que le jour du scrutin sont décisifs pour eux. Politiquement, pour convaincre les derniers indécis, et médiatiquement pour sa propre image et celle de son parti.
Une défection déjà : celle d’Elio Di Rupo, Premier Ministre. Il ne sera pas à Kinshasa !
Comme lot de consolation, Kinshasa pourrait se contenter de Didier Reynders ministre des affaires étrangères, et concepteur de la théorie, de « l’ordre d’arrivée ne change pas, malgré la tricherie !
Quoique parachuté dans la commune d’Uccle, monsieur Reynders espère être élu grâce notamment à la présence de son colistier et tête de liste Armand De Decker, actuel bourgmestre.
Monsieur Didier Reynders pourrait donc être à Kinshasa.
Le plus gros et le plus dur pour l’éventuel sommet de Kinshasa est ailleurs : l’implication de la communauté congolaise en occident !
Les Congolais qui s’y battent pour la vérité des urnes ont promis d’accentuer la pression pour l’isolement diplomatique du « pouvoir » issu de la fraude et des élections chahutées de novembre 2011.
Des manifestations sont programmées ou pourraient l’être:
Devant les bureaux de l’OIF (organisation internationale de la francophonie) à Paris,
Devant le siège des gouvernements des pays francophones dans le monde,
Devant les ambassades des pays francophones, dans différentes capitales occidentales
Des lettres et mémos sont déjà adressés et continueront à l’être : À l’intention du nouveau Président français le socialiste François Hollande ainsi qu’à son ministre des affaires étrangères et celle de la francophonie.
Les différents médias ainsi que l’Internet seront très sollicités.
Belle équation en perspective.
Cheik Fita
Bruxelles, le 21 juin 2012