Didier Reynders répondant aux questions des parlementaires. Photo Cheikfitanews
À peine revenu de la RD Congo, monsieur Didier Reynders, ministre belge des affaires
étrangères a répondu à des questions des parlementaires sur son voyage sous les tropiques.
C’était le jeudi 29 mars 2012 au cours d’une plénière dont l’ordre du jour contenait
plusieurs points : des questions orales, des projets et proposition de lois.
Peter Luykx de la N-VA le premier, demandera au ministre des affaires étrangères
le sens des 3 millions de dollars promis pour les élections locales congolaises, sachant que le précédent ministre des affaires étrangères avait déjà déclaré que le soutien belge aux élections
locales congolaises était conditionné par la transparence des législatives et de la présidentielle 2011. Or de l’avis de tous, ces élections auront été un fiasco.
Deuxième question, de la députée Eva Brems d’ecolo. Tout en relevant des signes
positifs à savoir la refonte de la CENI ainsi que la promesse d’enquêtes sur les violences avant, pendant et après les élections, le problème de légitimité restait entier. Quid du
processus ? Quid du respect des droits de l’homme ? Quid de l’impunité notamment pour John Numbi et quid de l’arrestation de Bosco Taganda visiblement sous protection de monsieur
Kabila ?
Dirk Van Der Maelen viendra enfoncer le clou :
Le déroulement des élections a été inacceptable.
Les agissements des troupes armées ont été condamnables.
L’impunité manifeste en ce qui est des droits de l’homme.
L’insécurité dans les deux Kivu.
La corruption généralisée et d’asséner cette phrase : « avant les élections
égale après les élections »
Dernier à parler, le député Laurent Louis qui n’ira pas par le dos de la
cuillère.
« Qui avez-vous rencontré monsieur le ministre ? » Pour Laurent Louis,
n’avoir pas été en mesure de rencontrer le Président Tshisekedi était un véritable camouflet, et pour le ministre et pour la Belgique.
Dans sa réponse, monsieur Reynders assurera qu’il était parti avec le soutien du
cabinet restreint du gouvernement, et celui de ses 26 homologues de l’Union Européenne, pleinement informés.
Il avait eu des contacts avec les membres de la « majorité », les deux
bureaux du sénat et de la chambre basse, deux membres élus de l’UDPS ajoutant triomphalement : « Au moins 38 des 42 élus de l’UDPS étaient disposés à siéger dans la nouvelle
assemblée ! »
Il avait aussi eu des contacts avec la société civile, les ONG de droit de
l’homme.
Dans ses convictions, il était impérieux qu’il y ait un véritable dialogue
politique.
Mais du Président Tshisekedi, Didier Reynders ne dira mot. À croire que le
dialogue politique dont il parlait se ferait sans le sphinx de Limete.
Méconnaissance de l’histoire politique du Congo et mauvaise foi manifeste.
En fin de séance, le député Laurent Louis obtiendra la parole afin d’introduire en
débat d’urgence une proposition de résolution visant à reconnaître le génocide perpétré dans l'Etat indépendant du Congo par le roi Léopold II et ses représentants entre 1885 et 1908, à condamner
le régime du travail forcé mis en place durant cette période par le roi des Belges et à reconnaître les crimes commis par la Belgique durant la colonisation.
Dans l’échange avant le vote, certains arguments seront avancés :
Le devoir de mémoire s’impose, mais nul n’a le droit de s’arroger le monopole de
cela.
En ce moment, le peuple congolais a des urgences pour lesquelles il aimerait voir des
solutions. Notamment ce chaos électoral dont certains ne parlent pas suffisamment.
Le président du parlement fera voter l’opportunité de l’urgence ou non.
L’assemblée se prononcera négativement.
Un incident à signaler, vers la fin de l’intervention du député Laurent Louis, des
réactions seront entendues au balcon où un grand nombre de congolais étaient. Quelques-uns seront évacués sans ménagement et une dame se retrouvera même à l’hôpital durant quelques heures.
L’agent de sécurité du parlement qui nous conduisait vers la sortie à travers les
dédales des couloirs nous dira à ce propos: « Le parlement est en zone neutre et on ne peut pas y manifester… Quand une séance est publique, ceux qui sont au balcon ne doivent jamais
réagir. Sinon… »
Cheik Fita
Bruxelles, le 30 mars 2012
Le député Laurent Louis en pourparlers avec André Flahaut, Président du
parlement. Photo Cheikfitanews.
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