
Quand on parle de l’ONU, on pense généralement à New York, là où se trouve le siège de cette grande organisation internationale. Pourtant l’ONU a des bureaux éparpillés à travers le monde. Et pour nous ressortissants des pays et sous-développés, peu regardants sur les droits de l’homme et en perpétuels conflits souvent d’un autre âge, l’essentiel de nos problèmes sont abordés par l’ONU non pas à New York, mais à partir de Genève. C’est ainsi que lors d’un séjour dans la capitale helvétique, nous nous sommes donné la peine d’aller à la découverte de cette grande institution. Il est souhaitable que tout africain qui passe par Genève, fasse un crochet par le Palais des nations, siège de l’ONUG.

Palais des Nations, 8-14. Avenue de la Paix, Genève
Il est quatorze trente quand une jeune dame des services de relations publiques de l’ONU Genève se dirige vers la salle d’attente et demande : « Visite en français ? » Nous nous levons et nous dirigeons vers notre guide. Durant une heure de temps, nous parcourrons les couloirs de l’immense immeuble de l’ONU, entrant dans différentes salles ou nous arrêtant devant les innombrables œuvres d’art qui tapissent les murs. Suspendus aux explications de notre guide, nous découvrirons progressivement l’histoire de l’ONU, depuis ses origines.
Ci-dessous, l’essentiel des propos de notre guide du jour. Les mesures de sécurité étant très strictes, il nous est recommandé de toujours rester en groupe.
L’ONU a été fondée le 26 juin1945 à Francisco, le jour de la signature de la charte des Nations Unies par cinquante Nations. Cette charte est le texte fondateur de l’organisation. Elle définit les droits et obligations des états membres ainsi que les différents organes et procédures de l’organisation. La date de naissance officielle des Nations-Unies est le 24 octobre 1945, date de la ratification de la charte par les états membres. Et depuis ce jour, chaque année, le 24 octobre on célèbre la journée mondiale des Nations-Unies. Le siège de l’organisation est à New York aux Etats-Unis. Mais mis à par New York, il existe trois offices dans le monde. Un à Genève, un autre à Vienne en Autriche, et un troisième à Nairobi au Kenya. Et ces trois offices plus le siège de New York travaillent tous ensemble pour la paix et la sécurité internationale. Genève est le deuxième centre de conférence au monde, après New York. Genève accueille une moyenne de 9.000 réunions par an. Réunions qui attirent près de 25.000 délégués qui viennent des quatre coins du monde.
Ces réunions concernent cinq domaines :
- le développement économique et social
- les affaires humanitaires
- la science et la technologie
- le désarmement
- les droits de l’homme

Quelques mots sur les droits de l’Homme.
Il y a eu en mars 2006, la création du Conseil des droits de l’homme. Il a tenu sa toute première réunion le 19 juin 2006.Le Conseil des droits de l’homme lutte contre les violations des droits de l’homme partout dans le monde et dépend directement de l’assemblée générale. Il a succédé à la commission des droits de l’homme qui a existé pendant une soixante d’années, mais n’était qu’un organe subsidiaire de l’organisation.
En terme d’affaires humanitaires, on parlera essentiellement des réfugiés. On ne peut malheureusement pas échapper à ces images des camps de réfugiés avec des tentes blanches. L’organe qui se charge de ces personnes c’est le Haut commissariat aux réfugiés, HCR. Le HCR depuis sa création a pris en charge soixante millions de réfugiés dans le monde. Le terme de réfugié répond à une définition bien précise.
« Personnes qui ont dû fuir leur pays, parce qu’elles sont persécutées en raison de leur race, de leur sexe, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance ethnique ou de leur comportement social. Fuir signifiant passage de frontière. »
Dans ce cas le HCR les accueille dans le pays hôte et leur fournit un toit et le minimum vital. L’objectif ultime étant d’essayer de leur permettre de reprendre une vie normale.
L’actualité internationale a donné le jour à une autre catégorie de personnes. Il y a de plus en plus de guerres civiles. Par conséquent il y a de plus en plus de personnes qui fuient certes leur région d’origine, mais pas pour aller dans un autre pays, sinon pour aller dans une autre région du même pays. Ces personnes, on les appelle en français les personnes déplacées internes. Et elles sont également prises en charge par le Haut commissariat aux réfugiés.
Quelques mots sur le palais des Nations.


Le Palais des Nations compte trente cinq salles de conférences au total. Elles sont toutes différentes. Différentes tailles, différentes capacités également. Mais le fonctionnement interne est approximativement similaire.
À l’intérieur, il y a d’abord le podium présidentiel. Il fait face à toutes les autres tables. C’est là que va s’asseoir le président de la réunion.
Dans la salle il y a les délégations qui vont s’asseoir par ordre alphabétique. L’ordre alphabétique n’étant pas très équitable, l’ordre alphabétique appliqué strictement verrait tout le temps l’Argentine tout devant et le Zimbabwe tout derrière. C’est précisément pour cela qu’on a instauré un ordre de rotation, de façon à ce que tous les pays aient la chance de s’asseoir devant, derrière, sur le côté. Et pour ne surtout pas froisser les susceptibilités.
Dans chaque salle il y a également un rang réservé aux observateurs. Si les délégués représentent leurs pays, les observateurs eux vont représenter la société civile dans son ensemble. Ils vont représenter des organisations non-gouvernementales, d’autres associations ou d’autres institutions internationales. Les observateurs sont dans la salle avec les délégués. Ils peuvent écouter les débats. Ils peuvent même participer s’ils le souhaitent. Mais la grande différence c’est que les observateurs ne peuvent pas voter.
Alors que les délégués non seulement ils peuvent, mais c’est un tout petit peu leur raison d’être.
Dans toute salle de conférence, il y a également une galerie réservée à la presse. C’est une galerie sans micro simplement avec des sièges et des écouteurs pour que les 250 journalistes accrédités en permanence à Genève puissent suivre les débats et ensuite faire leurs rapports.
Des interprètes
Grâce à eux on peut écouter tout ce qui se passe dans six langues différentes qui sont les six langues officielles des Nations-unies : Le français, l’anglais, l’espagnol, le chinois, l’arabe, le russe.
Différentes villes et organes
Le système des Nations-unies fonctionne autour de six organes principaux :
1. L’assemblée générale, à New York.
Elle fonctionne comme un parlement à niveau national. C’est dans l’assemblée générale que tous les états membres se réunissent, discutent, débattent et prennent des décisions.
Il y a 192 états membres. Tous les pays officiellement reconnus comme pays sont membres des Nations-Unies. Et ces 192 membres dans l’assemblée générale sont sur un strict pied d’égalité. Ils ont tous le même poids au moment de voter. Ainsi, quand on dit que l’ONU a pris telle ou telle décision, en fait ce sont les états membres qui la prennent. L’ONU en tant que telle n’a pas de moyen de prendre des décisions. Ce n’est que l’instrument des 192 états membres indépendants et souverains.
2. Le conseil de sécurité à New York.
Il est l’organe qui intervient lorsqu’on constate une menace à la paix ou à la sécurité internationale. Il peut également à ce titre prendre des sanctions qu’elles soient d’ordre économique… Le recours ultime étant le recours à la force.
Le conseil de sécurité se compose de quinze membres. Dix élus pour un mandat de deux ans et cela se renouvelle suivant une rotation géographique. Les cinq autres sont les fameux cinq membres permanents du conseil de sécurité : la France, le Royaume Uni, les Etats-Unis, la Chine et la Fédération de Russie. Ces cinq pays ont le fameux droit de veto. Ce droit permet à un des cinq de bloquer une décision, même si les quatorze autres sont d’accord. C’est donc un privilège non négligeable. Ce droit de veto n’a lieu d’être qu’au sein du conseil de sécurité. Partout ailleurs, ces cinq pays sont sur le même plan que tous les autres.
Conjointement, le conseil de sécurité et l’assemblée générale choisissent et élisent la personne qui doit être à la tête du secrétariat. Il s’agit du secrétaire général. Ban Ki-moon de Corée du Sud a remplacé le ghanéen Kofi Annan, depuis le premier janvier 2007.
Le mandat du secrétaire général est de cinq ans renouvelable. Le secrétaire général est le plus haut fonctionnaire de l’organisation. Il n’a pas de véritable pouvoir de décision. Un des anciens secrétaires généraux a une fois dit que « le rôle du secrétaire général est plus celui d’un secrétaire que d’un général. »
3. Le conseil de tutelle à New York.
C’est le seul organe de tout le système qui ait achevé la mission pour laquelle il a été créé. En d’autres termes, il ne travaille plus. Cette mission était de faire en sorte que les colonies et les territoires sous-tutelle deviennent indépendants et que ça se fasse le mieux possible.
4. La cour internationale de justice à La Haye au Pays-Bas
C’est l’organe judiciaire principal de l’organisation. Elle se compose de quinze juges qui viennent de quinze pays différents et qui sont élus pour neuf ans. Cette cour n’a d’autorité que sur les pays, pas les individus. La plupart du temps elle règle les différents frontaliers ou territoriaux entre les pays. C’est donc à ne pas confondre avec les tribunaux spéciaux par exemple pour le Rwanda ou l’ex-Yougoslavie qui sont eux des tribunaux ad hoc créés par le conseil de sécurité.
5. Le conseil économique et social
Se réunit une fois par an de façon alternée à New York et Genève.
C’est de ce conseil que dépendent la plupart des autres organes du système. Il y a deux branches bien distinctes :
. Les quatorze institutions spécialisées.

Elles ont un statut à part dans tout le système. Cinq d’entre elles ont leur siège à Genève, dont par exemple l’organisation mondiale de la santé.
Ces institutions spécialisées ont été pour la plupart créées avant l’ONU. C’est petit à petit qu’elles se sont greffées au système. Et à ce titre, elles ont leurs propres budgets, leurs propres personnels, leurs propres fonctionnements, leurs propres bâtiments. Et elles font un rapport au conseil économique et social. Et c’est ça qui les rattache au système.
De l’autre coté, ce sont les fonds et programmes des Nations-Unies. On y voit par exemple l’UNICEF qui est le fonds pour l’enfance, le Haut Commissariat aux Réfugiés, la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement, la CNUCED.
La CNUCED sert de forum pour les pays en développement de façon à ce qu’ils puissent faire entendre leur voix. Le commerce et le développement étant des domaines de spécialité de Genève.
6. La Commission Economique pour l’Europe qui fait partie des cinq commissions économiques régionales. Elle n’a rien à voir avec l’Union européenne. C’est une commission qui a comme but d’harmoniser tout ce qui touche de loin ou de près à l’économie au sein de cette région Europe. En sachant que la région Europe à ce niveau comprend également les Etats-Unis, le Canada et Israël.
Le travail de cette commission touche réellement notre vie quotidienne. Comment ? Son travail intervient dans plusieurs domaines de la vie quotidienne, le prix du concombre, l’obligation de mettre la ceinture de sécurité quand on est en voiture, la réglementation sur le transport international routier visible par les étiquettes oranges « TIR » collées sur certains camions. Ceci étant une mesure qui permet à un camion par exemple d’être chargé en Russie, d’arriver au Portugal sans devoir s’arrêter à tous les postes frontières. Ce qui est un gain de temps et d’argent inestimable.
Collection d’œuvres artistiques
Les différents couloirs, les différentes salles de l’ONU à Genève sont ornées ou tapissées par de multiples œuvres artistiques. Cette grande collection a été accumulée au fil des années. Ce sont des cadeaux offerts par différents pays aux Nations-Unies. Une façon pour eux de témoigner de leur reconnaissance.
Par exemple une tapisserie dénommée « le temple du ciel », offerte par la Chine et réalisée à l’aide de fils de soie de cent-cinquante-sept couleurs. Cette tapisserie présente une illusion d’optique. Quand on passe devant cette tapisserie, on aperçoit un couloir blanc qui mène à des escaliers. On l’a devant soi. Mais quand on avance, on a l’impression que le couloir bouge avec vous.
SUPERFICIE
Tout le domaine du Palais des Nations correspond à la superficie de cinquante terrains de football réunis. Et autrefois, tout cela appartenait à une seule et même famille : les Revilliod de Rive. Cette famille avait décidé de donner ce domaine à la ville de Genève en 1890. ensuite la ville de Genève l’a donné à la SDN, Société Des Nations, en 1920. Et ensuite la Société Des Nations l’a donné aux Nations-Unies en 1945.
Et pour cet héritage-transfert, il y avait deux conditions.
La première, que le dernier descendant de cette famille puisse reste toujours sur ses terres. Il y a ainsi visible dans le parc, un sarcophage blanc : celui de Gustave Revilliod de la Rive. C’est le dernier descendant de cette famille. Il ne s’était pas marié, il n’avait pas eu d’enfants. La première condition était ainsi remplie.
La deuxième condition, ce sont les paons. Cette famille aimait les paons. Et elle avait tenu à ce que cette tradition soit tenue. Ainsi, il y a actuellement douze paons qui circulent librement au sein du palais des nations. Mais ils sont des cadeaux. Six offerts par l’Inde, six autres par le Japon.
Salles des conférences
Deux dates sont à retenir 1936 et 1973. pourquoi ?
Salle des pas perdus

C’est le cœur du Palais des Nations. Cette salle a été construite entre 1929 et 1936. cette salle a été décorée par du marbre venant de différents pays. Marbre noir et vert d’Italie, rose de Finlande, vert des colonnes de Suède…
De part et d’autre de la salle, il y a deux étoiles noires et blanches. Le marbre noir a été offert par la Belgique, et les deux grands tableaux sur le mur ont été offerts par la France.
À gauche, la guerre, à droite, la paix. Derrière le mur, il y a la plus grande salle du Palais qui s’appelle la salle des assemblées et qui a une capacité de deux mille personnes.
Dehors, dans la cour d’honneur se trouve la sphère armillaire. Elle a été offerte par la fondation Woodrow Wilson des Etats-Unis en hommage à tout ce que le Président américain Wilson a fait pour la société Des Nations. Elle est en bronze et représente les différentes constellations de l’univers. C’est le symbole de l’office des Nations-Unies à Genève et par extension c’est aussi devenu un des symboles de la ville.
Il y a aussi un cadeau de l’Union soviétique qui représente une plate-forme de lancement de fusées. Elle a été offerte par l’URSS en hommage à la conquête de l’espace par l’homme. Cette œuvre est recouverte par une couche de titane qui est un des matériaux qu’on utilise pour construire des fusées.
Quelques œuvres dans le couloir
Sur un mur il y a une sculpture intitulée « la création de l’homme », cadeau du Royaume Uni, œuvre du sculpteur Eric Gilles
Plus loin, trône un vase bleu, cadeau du Japon « la planète bleue de la vie » œuvre dans laquelle l’artiste tient à souligner l’importance de l’eau sur notre planète.
Sont est également visibles :
Un tapis sur le sol cadeau de l’Iran,
Une main translucide, cadeau de l’Allemagne et qui veut dire « stop à la prolifération nucléaire »
Une tapisserie offerte par la France et étant une allégorie de la paix.
Un tableau cadeau de l’Italie avec la mention « pax » (paix en latin)
La Salle du Conseil,


Avec ses 600 places, cette salle est réservée aux conférences un peu plus politiques et plus délicates. C’est la seule qui a le droit de ne pas respecter l’ordre alphabétique des membres, de s’adapter aux tensions diplomatiques et autres petits calculs du protocole. C’est dans cette salle qu’avait eu lieu en 1988, les négociations entre l’Iran et l’Irak. C’est également la salle où se réunit la conférence du désarmement.
La conférence du désarmement a été créée en 1979 et compte 65 membres. Elle fonctionne sur le mode du consensus.
Ses missions sont de réduire voir supprimer la course à l’armement en ce qui concerne les armes nucléaires, les essais nucléaires, les armes chimiques, les armes biologiques, les armes de destruction massive.
Le Secrétaire Général de la conférence du désarmement est le directeur général de l’office des Nations Unies à Genève. Il s’appelle Mr. Sergei Ordzhonikidze, il est le représentant du Secrétaire général de l’ONU.
Les grands tableaux décorant la salle représentent :
- Le progrès technique
- Le progrès social : dépeint une scène de libération des esclaves
- Le progrès de la science et de la médecine
- L’espoir : le souhait de l’artiste pour que les générations futures vivent dans un monde sans guerre, sans canon
- Cinq géants, qui contrôlent ensemble une arme. Ces cinq géants représentent les cinq continents. Et la symbolique ? Si un seul devait contrôler l’arme, un conflit éclaterait. Et cette œuvre a été réalisée en 1936 du temps de la SDN !
De part et d’autre de cette peinture, on voit les vainqueurs et les vaincus. Les vaincus sont penchés sur eux-mêmes en signe d’abattement et de soumission. Et l’un d’entre eux a le poing levé vers le ciel en signe de vengeance. Le message du peintre ? Il n’y a jamais de perdant dans une guerre, parce que les perdants vont toujours vouloir se venger, vont toujours faire une guerre dans laquelle il y aura des perdants qui voudront à leur tour se venger… Et c’est un cercle vicieux.
De l’autre côté il y a les gagnants qui arborent fièrement leur drapeau, mais… qui portent également un énorme cercueil, cercueil qui symbolise tous les morts ! Le message ? Il n’y a jamais de gagnants non plus ! Parce qu’il y a toujours trop de pertes en vies humaines.
La dernière peinture est celle du plafond. On y retrouve les cinq géants. Cette fois, ils se tiennent les mains. Et par ce geste le peintre a voulu montrer qu’on avait besoin de davantage de coopération et de solidarité entre les différents peuples.
Quelques années après l’inauguration de cette salle, la deuxième guerre mondiale éclatait !
Cheik FITA
Genève, novembre 2007