
Bruxelles, le 22 décembre 2021
Par Cheik FITA
La vie humaine est sacrée et nul n’a le droit de mettre fin à la vie d’autrui. Les images de la torture d’Olivier Mpunga dans les installations de la police congolaise à Kinshasa et tortures ayant sûrement entrainé le décès du jeune homme sont révoltantes.
Le hasard a fait que cette scène qui a eu lieu dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 décembre 2021 soit filmée et qu’elle ait eu lieu à Kinshasa. Qu’en est-il de la situation dans les milliers d’autres cachots de la République ?
Ce genre de comportement des policiers est-il récent ou pas ?
Comment enrayer de la société congolaise ce phénomène ?
« Quand on veut éradiquer un mal, il faut aller à sa racine ».
D’entrée de jeu, il est important d’éviter la généralisation abusive : affirmer par exemple que « Les policiers congolais sont tous des criminels ». La racine de ce mal est le sentiment d’impunité qu’affichent certains policiers, se croyant tout permis et se considérant parfois comme étant au dessus de la loi et supérieurs aux civils. Tout le monde connaît le fameux dicton des soldats et des policiers du temps de Mobutu : « Civil aza ntaba ».
A côté de ce sentiment d’impunité dans le chef des policiers, il y a une autre raison : le salaire modique que les policiers perçoivent.
Il y a des solutions pour sortir de ce bourbier :
La première solution, elle est en train de s’appliquer : C’est la sanction. Le procès public et télévisé des présumés coupables en cours aboutira à une sanction. Cela aura un impact sur les moutons noirs de la police.
La deuxième solution c’est l’amélioration des conditions de vie des policiers en leur octroyant une solde capable de couvrir leurs besoins.
Dernière solution, plus lente mais incontournable : celle de sensibiliser et d’éduquer. Ce comportement des policiers est vieux de plusieurs décennies : quand l’état congolais commençait à s’effondrer au début des années 80 sous Mobutu.
Cela est repris à la page 96 de mon livre « Coronavirus, redevenir Homme » publiée en 2020. En juin 1992, du haut de la tribune de la CNS, Conférence Nationale Souveraine, lors de ma communication sectorielle j’avais dit ceci :
« . Il importe de mettre l’Homme au centre de toutes nos préoccupations. Si la CNS (Conférence Nationale Souveraine) en laquelle le peuple a placé tout son espoir doit mettre en place de nouvelles structures pour la gestion de la chose publique, elle devra, en même temps, définir le profil non seulement des dirigeants, mais aussi du Zaïrois.
Car tous ces hommes de la Troisième République, dirigeants et dirigés, viendront en vrac de la Deuxième République, sans purification préalable. Plusieurs théories sont déjà émises pour faire de la Troisième République presqu’un paradis. Mais tient-on compte, en élaborant ces théories, de l’animateur principal qu’est l’Homme zaïrois lui-même, tel qu’il apparaît aujourd’hui, tel que nous le lèguent les trente deux ans d’indépendance, avec ses tares que sont la loi du moindre effort, la corruption, le pillage, le détournement, le tribalisme, le manque de sens du bien commun et du respect pour soi-même et pour autrui ? »
Trente ans après, y a-t-il eu :
- « Définition du profil non seulement des dirigeants, mais aussi du Zaïrois?
- « Purification préalable de l’Homme congolais » ?
Non.
Preuve ?
Dans la nuit de vendredi 30 mars 2018, le jour où il était élu Président de son parti et désigné candidat à la présidentielle, Félix Tshisekedi l’actuel Président congolais avait affirmé ceci :
« Sur le plan social et culturel :
- Inscrire l’éducation et la formation continue parmi les priorités,
- Mettre en place une politique de santé pour tous.
- Changer les mentalités en restaurant les valeurs, afin d’éradiquer les antivaleurs installées depuis plus de cinquante ans par les différents dirigeants passés à savoir : « l’enrichissement sans cause, la prédation, l’escroquerie, la concussion, la culture de la corruption, l’impunité, le culte de la personnalité, le trafic d’influence… »
Le régime Tshisekedi est en devoir de démarrer un vrai chantier pour « Changer les mentalités en restaurant les valeurs, afin d’éradiquer les antivaleurs installées depuis plus de cinquante ans ».
Il faut un nouvel Homme dans la police, dans l’armée, dans la cité. Pas par des discours, mais par des actions culturelles pointues bien conçues et financées par l’état.