Dans les sillages du Président Tshisekedi : La « Fatshi-mania » à Bruxelles

septembre 2019, Palais 12 du HEYSEL. Félix Tshisekedi devant la communauté congolaise.Photo Cheik FITA

Bruxelles, le 22 janvier 2023

Par Cheik FITA

 « –  Bonjour Cheik, tu es où ?

  • Je suis chez moi.
  • Ah, tu n’es pas encore là ?
  • Où ?
  • Mais là où il se trouve !»

Quand je reçois un coup de fil de ce genre, je souris car je sais déjà de quoi il s’agit.

Cela dure depuis quatre ans déjà. Ce n’est jamais la même personne pourtant. Et dès que cela commence, ça n’arrête pas. Je recevrai plusieurs autres coups de fil du genre, souvent toute la journée.

Des fois j’avais déjà l’information, d’autres fois, non, et j’en profite pour demander certains des détails.

Mais généralement grâce à mes propres contacts, je peux obtenir la vraie information.  

De quoi s’agit-il ? De la présence en Belgique du Président congolais, Félix Tshisekedi.

Dans la communauté congolaise en Europe, l’arrivée en Belgique de Félix Tshisekedi est toujours un évènement et suscite toujours une mobilisation presque spontanée pour le rencontrer, que cela soit un voyage officiel ou pas.

Lors du premier voyage en Belgique puis en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, il fallait louer de grands espaces pour l’accueil. A Bruxelles, ce fut au Palais 12 du Heysel qui avait accueilli un grand monde estimé à 4.000 par nos confrères de la RTBF, la télévision publique belge.

( Lire notre article : Le grand oral de Tshisekedi à Bruxelles avant celui de l’ONU, fin en apothéose d’un séjour)

Cette fois, le voyage annoncé du Président Congolais était celui du sommet de Davos.

Je prends le temps de ranger mon matériel et je sors.

J’ai repris exceptionnellement les reportages vidéo pour cette année 2023, année électorale, parce que les congolais de Belgique et de la France seront aussi électeurs. Cela mérite d’être suivi. Si à Kinshasa il y a plusieurs chaînes de télévision et plusieurs radios, à Bruxelles, c’est plutôt les vidéos sur Youtube qui servent de média… Un petit monde à part.

Le vendredi 20, le Président était à l’ambassade.

Le samedi 21, le même rituel communicationnel recommence. Ceux qui m’appellent sont déjà à l’hôtel où loge le Président.

Quand j’arrive, il y a effectivement plusieurs petits groupes dans différents coins du grand bar de l’hôtel.

J’échange avec un groupe venu des Pays-Bas. J’avais aperçu un groupe venu de France, un autre venant de Francfort en Allemagne venait aussi d’arriver.

Certains voudraient que je les interviewe déjà. Poliment je réponds : « La primeur du tournage revient au Président de la République. C’est après que je recueille les impressions. »

Je commettrai l’erreur de conclure en ces termes : « Je n’ai pas envie d’être « low-batt » au moment où il faudra filmer le Président. Et un petit malin me rétorque instantanément :

  • Il y a des prises ici.

Je me déplace pour éviter la discussion. Il avait raison, mais le reporter c’était moi.

Depuis l’élection de l’ex-opposant Tshisekedi à la présidence, le centre d’impulsion de la politique congolaise s’était désormais déplacé vers Kinshasa, j’avais pratiquement rangé les caméras au profit de l’écrit, et plus particulièrement du mensuel « Congolais de Belgique Magazine », mieux adapté pour atteindre les décideurs congolais.

Après une heure d’attente, deux personnes de la suite présidentielle arrivent. Ils saluent presque tout le monde. Et l’un lâche cette phrase :

« Le Président n’est pas ici, il a des engagements ailleurs. »

Petites conciliabules, et dans un groupe quelqu’un lâche :

« Il est à l’ambassade ! ».

Généralement, l’ambassade est fermée le samedi. La plupart se ruent dans les voitures, direction : ambassade.

Je suis le mouvement. L’ambassade est fermée, volet baissé. Malgré cela, plusieurs voitures sont stationnées tout autour et une vingtaine de personnes sont là. Il fait zéro degré, de quoi décourager quelqu’un à rester dehors. Non, ce n’est pas le cas.

Soudain, le volet de l’entrée de l’ambassade s’ouvre. Mais c’était pour la sortie d’une dame. Et j’aperçois les agents de sécurité qui étaient là la veille. Puis un membre de la suite présidentielle arrive.

Je m’informe : Le Président de la République était là, il n’y était plus. Discrètement, je décide de partir. Un bon groupe de jusqu’au-boutiste était resté.  Si le Président avait été là, en moins d’une heure, au moins une centaine de personnes auraient débarqué !

Une véritable « Fatshi-mania ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Please reload

Veuillez patienter...